Bodacious Space Pirates
5.5
Bodacious Space Pirates

Anime (mangas) Tokyo MX (2012)

Môretsu Pirates n’est pas un anime : c’est un paradoxe ! Un paradoxe car il mélange énormément d’aspects de l’animation japonaise moderne que je réprouve, et que je condamne régulièrement sur ce site ; comme les personnages mis en avant au détriment de l’intrigue, le manque d’action et d’aventure, le fanservice, les adaptations de light novels, et la tendance à choisir des lycéennes en jupette comme principales protagonistes, juste parce que c’est plus mignon qu’un chevalier lourdement armé. Quand, en plus, cette animation détourne les codes et l’identité visuel d’un classique parmi les classiques – Uchû Kaizoku Captain Harlock, pour ne pas le nommer – je devrais enrager, tout casser dans la pièce, m’imaginer frapper les exécutifs de chez Satelight de manière létale. Sauf que là, non. Il faut dire que Môretsu Pirates, c’est quand même sacrément sympa.

La série raconte l’histoire de Marika, une lycéenne amenée à reprendre le commandement d’un vaisseau pirate, ce qui est déjà saugrenu même si bien justifié par le scénario. Marika elle-même symbolise parfaitement Môretsu Pirates : elle est courageuse, volontaire, aventureuse, douée dans de nombreux domaines, mais elle est aussi la première à souhaiter éviter tout ce qui pourrait mettre en danger son appareil et son équipage ; et l’auteur l’aide bien en désamorçant toute situation qui pourrait amener le moindre péril. D’ailleurs, nous constatons bien vite que ces pirates-là ne ressemblent ni à ceux des Caraïbes, ni à Captain Harlock (ni à 10 Somaliens en short armés d’AK47) ; ils sont rarement dans l’illégalité, et officient même comme saltimbanques en simulant des attaques sur des croisières de luxe. Pourtant, et toujours dans la catégorie paradoxe, Marika semble la plus disposée à perpétuer l’esprit d’une piraterie plus constestataire et moins normalisée.

Ainsi, même si le propos semble impliquer son lot d’action, il y en a finalement très peu. Ce qui ne signifie pas qu’il ne se passe rien dans cet anime. C’est juste qu’il ne s’y passe pas forcément ce que nous pourrions en attendre, et que les arcs ont tendance à se régler sans qu’il soit nécessaire de recourir à la force.
Comme souvent dans ce genre de titres, les atouts sont à chercher ailleurs, à commencer par les personnages. Et là, c’est la Cour des Miracles. Nous pouvons les répartir en deux catégories : ceux du lycée, et ceux du vaisseau, avec Marika (et quelques autres protagonistes) pour faire le lien entre les deux univers apparemment incompatibles. Il n’est pas difficile d’imaginer les pirates comme des individus à la fois charismatiques et drôles, mais il n’en va peut-être pas de même pour les lycéennes ; sauf qu’en l’occurrence, le club de Marika réunit les personnalités les plus problématiques de l’établissement, et c’est finalement leur apparente banalité qui fait leur force, car elles sont capables des actes les plus surprenants.

Môretsu Pirates est une série humoristique, mais c’est aussi une série qui fait du bien, et c’est finalement la seule explication logique que j’ai trouvé à mon attachement. Dans le milieu du cinéma, il n’est pas rare de parler de feel-good movies pour des titres souvent mineurs, mais fondamentalement positifs et qui donnent la patate ; de là à parler de feel-good anime pour Môretsu Pirates, il n’y a qu’un pas. Un pas que je vais franchir.
Même s’il s’agit d’un produit de son époque et que son auteur semble prendre plaisir à casser les attentes du public, il n’en demeure pas moins que ce titre fait plaisir : c’est drôle, c’est dynamique, les personnages sont absolument tous réussis, c’est un régal. Parfois, nous entrons dans des délires complètement saugrenus – comme celui où l’équipage « régulier » est en quarantaine et doit être remplacé – mais c’est traité avec une bonne humeur telle que cela passe tout seul.

Il fallait vraiment que Môretsu Pirates déborde de qualités pour que j’accepte sa trahison à l’encontre de Captain Harlock et son refus de traiter son scénario avec la moindre once de sérieux, dans un esprit typique de ce que je peux reprocher à l’animation japonaise contemporaine.
Au final, j’ai pris un pied monstrueux avec cette série divertissante qui ne se prend surtout jamais la tête, j’en suis ressorti avec un sourire radieux. Recommandé aux dépressifs et aux autres.
Ninesisters
7
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le 25 sept. 2014

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Ninesisters

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