Parfois le manque d'audience a du bon : une saison et une seule pour Braindead, une série politico-comico-fantastique en parfait équilibre entre satyre sérieuse des jeux de pouvoir gangrenant nos sociétés modernes et conte de science-fiction barré qui ne recule devant rien pour jouer avec les abdominaux de l’audience. Un destin discuté par les fans, bénéfique à mon sens, en ces temps funestes où la gourmandise typique des producteurs a tendance à faire durer les choses.
A l’image du petit résumé musical de début d’épisode, Braindead est mû par une créativité rafraîchissante et une force de proposition qui font du bien. Tout n’y est certes pas réussi, une baisse de régime notamment, se fait sentir arrivé aux trois quarts d’une saison qui emballée en 8-10 épisodes, aurait été encore plus dynamique. Mais elle parvient sans mal à s’extirper de la masse sans cesse grandissante des show télévisés génériques, qui se contentent de copier leurs voisins, par sa furieuse volonté d’être originale tout en gardant en ligne de mire une légèreté qui lui permet de tout dire, ou presque.
La grande force du show est la mine fougueuse à l’origine de son script. D’un pitch simplissime, mais non moins tordant, se tissent tout un tas de fils narratifs illustrant les enjeux de nos vies modernes. Difficulté à communiquer, clivage entre peuple et décideurs, peur de l’engagement, soif de reconnaissance d’une nouvelle génération qui tente de s’émanciper de ses parents ou tout simplement la recherche pour chacun d’un sens à sa vie, autant de sujets épineux susceptibles, ou d’ennuyer, ou de virer au requiem moralisateur, mais il n’en est rien.
Il n’en est rien parce que le drame, à peine esquissé, s’estompe pour laisser place à un burlesque subtil qui repose en grande partie sur les prestations des différents comédiens. Choix payant : tout le monde trouve sa place, les échanges de regard fonctionnent, les accolades complices également. Les bases sont saines, les acteurs en confiance, les dialogues peuvent alors se faire les porteurs d’une cerise délicieuse. Que ce soit pendant la lecture quasi biblique d’une proposition budgétaire par un névrosé toqué du casque ou bien lors des multiples affrontements politiques que se livrent des filous prestigieux portant un costume trois pièces, ils sonnent justes.
Quand, à ces composantes solides, s’ajoute une mise en scène précise, une photographie flatteuse et des effets visuels qui savent rester à leur place (visuellement simples, en retrait), que dire à part que la saison a été un vrai régal à suivre.
Je crois bien d’ailleurs que c’est la première série pour laquelle je ne zappe pas le résumé d’introduction —qui m’a rappelé en un sens le générique variable de Weeds—. La petite touche originale qui vous fait sourire en même pas 10 secondes d’épisode; de quoi vous rendre indulgent envers les petits défauts (la storyline entre Gareth et Laurel qui finit par faire du surplace par exemple) d’une série décidément pas comme les autres, que l’on est content d’avoir suivie et étrangement pas triste de quitter : l’histoire se termine et sans appeler de suite, l’œuvre d’un cerveau complet, à n‘en pas douter !