https://leschlamedias.wordpress.com/2016/09/19/braindead-saison-1-une-meteorite-televisuelle/
En 2016, le paysage télévisuel n’aura cessé d’être plus audacieux, inventif et original. On vous ventait les mérites de la série Preacher qui, en ce milieu d’année, brisait les codes pour surprendre le téléspectateur. Aujourd’hui, c’est Braindead qui nous intéresse, le nouvel O.V.N.I de CBS.
En pleine campagne présidentielle étasunienne, une météorite s’écrase sur terre. Laurel Healey (Mary Elizabeth Winstead- Scott Pilgrim, 10 Colverield Lane), documentariste, peine à obtenir les financements pour sa dernière oeuvre. À la veille d’une paralysie gouvernementale, Luke Healey (Danny Pino), son frère, sénateur démocrate, l’embauche dans son bureau le temps qu’elle obtienne les subventions nécessaires. Elle découvre alors que des insectes extraterrestres grignotent le cerveau des employés de la Maison-Blanche, sénateurs compris.
Jusque là, il est difficile de créer un scénario plus absurde, qui pourtant reste cohérent du début à la fin. L’intrigue vogue sur un surdramatisme second degré qui ne se prend pas vraiment au sérieux et qui permet d’ouvrir au maximum le champ des possibilités quant au déroulement de l’histoire puisque tout et n’importe quoi est en mesure de se produire sans pour autant que cela relève d’une pauvreté scénaristique. Aussi, malgré le manque de sérieux et l’humour permanent, les créateurs (Michelle et Robert King) réussissent à disperser de manière sporadique des éléments de réflexion : la machine politique des États-Unis, la torture mise en parallèle au terrorisme, la guerre en Syrie, la politique conservatrice républicaine, le sexisme, le racisme, presque tous les sujets contemporains sont abordés le long des 13 épisodes.
Là où la série frappe fort une nouvelle fois, c’est dans l’approche inconventionnelle des récapitulatifs de ses épisodes précédents. Alors qu’habituellement, le résumé est plutôt monotone et comprend simplement des images déjà vues, ici, c’est Jonathan Coulton qui nous chante le rappel des faits. En plus d’un simple récap’ en musique, l’interprète auteur-compositeur n’hésite pas à nous partager ses états d’âmes et à user d’humour, rendant la chose moins froide et beaucoup plus humaine qu’à l’accoutumée.
Braindead nous présente une héroïne, femme forte. Il est déjà agréable, de prime abord, d’avoir une femme en personnage principal d’une série. En plus de cela, Laurel Healey a des réactions qui ne sont pas celles généralement attendues par la vision traditionnelle et conservatrice des femmes : elle fait ce qu’elle veut. Elle, et les autres personnages féminins de la série n’hésitent pas un seul instant à s’extirper du carcan patriarcal. Aussi, on peut constater une agréable diversité en ce que Laurel est accompagnée de deux personnages racisés, Gustav Triplett (Johnny Ray Gill) et Rochelle Daudier (Nikki M. James), ce qui évite le scénario habituel de l’écran trop « blanc ». On pourrait cependant trouver un point noir dans la romance naissante entre Laurel et Gareth (Aaron Tveit – Les Misérables, Graceland), passage inévitable de toute oeuvre audiovisuelle américaine. Pourtant, ici, elle ne pose absolument aucun problème dans la mesure où elle est bien construite et ne sort pas de derrière n’importe quel fagot, mais aussi qu’au regard de l’opposition des deux camps politiques dans lesquels se trouvent respectivement les protagonistes, on assiste à une sorte de reproduction moderne et politisée de Roméo et Juliette.
Enfin, bien que chaque acteur remplisse sa part du contrat, on se souviendra tout particulièrement de la performance de Tony Shalhoub (Monk), dans le rôle de Red Wheatus, opposant républicain direct de Luke Healey, infecté par les insectes de l’espace et qui peut-être mériterait une nomination aux Emmy Awards l’année prochaine pour meilleur acteur dans un second rôle.
Braindead est donc une réussite sur tous les tableaux, tant sur les sujets abordés, les messages qu’elle diffuse, que sur l’intérêt qu’on peut porter à son histoire. Malheureusement, au regard de la fin de saison, il est peu probable que cela donne lieu à une saison 2. Pour autant, rien n’a encore été décidé et on croise les doigts pour voir un jour une suite et continuer de suivre les frasques de Laurel Healey.