https://leschlamedias.wordpress.com/2016/03/10/the-man-in-the-high-castle-saison-1/


Alors qu’Amazon diffusait le 15 janvier 2015 l’épisode pilote de The Man in the High Castle, adaptation télévisée du roman éponyme de Philip K. Dick paru en 1962, il aura fallu attendre octobre dernier pour pouvoir regarder la suite de la première saison de la série.


L’adaptation est toujours un exercice ardu dans la mesure où un public d’adeptes de l’œuvre originale n’attend que le faux-pas pour sauter à la gorge du show-runner/scénariste. Deux options s’ouvrent alors à celui qui désire adapter : transposer l’édifice dans son intégralité sans en oublier le moindre détail, ou bien s’éloigner du travail original pour livrer une interprétation plus personnelle, une nouvelle vision sur la chose. Sur grand écran, la première méthode a souvent été peu concluante avec généralement des fans scandant en cohorte « le livre est mieux que le film ! ». Un format de deux heures paraît en effet un peu juste pour transcrire un livre dont les détails en font toute sa substance. Avec un format télévisuel réunissant presque dix heures d’images et qui donnerait probablement lieu à d’autre saisons, l’ampleur de la tache paraissait dès lors envisageable. Le problème du Maître du Haut Château, c’est qu’il s’agit d’un livre où les dialogues sont très absents et où les personnages intériorisent toutes leurs émotions et leurs pensées. Tout se passe dans leur tête. L’adaptation devient de plus en plus dangereuse. Malgré tout, cela ne les arrête pas et nous recevons donc dix épisodes sur nos écrans.


Après le premier épisode, le verdict tombe : quelle cata ! J’ai pour habitude de me situer parmi ceux qui ne sont pas extrêmement exigeant en matière d’adaptations. Qu’importe que l’intégralité de l’œuvre soit retranscrite, pourvu qu’on y trouve l’essentiel mais surtout qu’on y retrouve l’esprit (bien que je resterai à jamais attristé, depuis mes 9 ans, que l’anniversaire de Nick Quasi-Sans-Tête n’apparaisse jamais dans le film Harry Potter et la Chambre des secrets). Dans la série, tous les événements du livre ne sont pas respectés à la lettre, cela ne me pose pas de problème, certes. L’enjeu de certains personnages, et leur rôle, est radicalement différent, passe encore. Ce qui pose réellement problème, c’est le non-respect absolu et presque désinvolte de la tendance générale de l’esprit du livre de K. Dick.


La société uchronique Kdickienne de l’ouvrage décrit un monde dans lequel l’Allemagne nazie et l’Empire du Japon on triomphé de la Seconde Guerre Mondiale, se partageant les territoires des Alliés, notamment les États-Unis, pays sur lequel se centre l’intrigue, à San Francisco, capitale des États pacifiques japonais. Bien qu’il ne s’agisse pas du monde idéal, la société ne paraît pas pour autant marquée par la terreur et l’horreur, si ce n’est quelques références à des massacres en Afrique, bien loin du déroulement de la trame. Chacun accepte l’État dans lequel il vit sans chercher à le renverser, le remet en question parfois mais seulement dans ses arrières pensées. L’intérêt réside dans les évolutions sociétales dues à l’inversion du cours de l’histoire, la société américaine littéralement japanisée. L’histoire prend un nouveau tournant avec la mort du Chancelier actuel du Reich (qui n’est pas Hitler, bien trop vieux et malade pour diriger quoi que ce soit), et la paix mondiale se retrouve alors en péril.


Dans la série, que nenni. La trame tourne autour d’une pseudo-révolution instiguée par ceux vivant en zone libre et cherchant à délivrer leurs compatriotes se trouvant sur le joug de ces tortionnaires de nazis et de japonais. Là ou K. Dick avait réussi à créer une uchronie/dystopie différente dans la mesure où ses protagoniste ne recherchent pas à se soulever contre leur quotidien agonisant, les show-runner mettent les deux pieds dans le plat pour nous servir un gratin dont on a déjà vu trop de fois la recette : la prise de conscience des méchants gouverneurs, la tentative de révolution ; et ce, pour laisser grassement de côté l’intérêt que l’on aurait pu porter au rapport entre les colons japonais et les colonisés américains.


Une fois qu’on a dépassé cela et que l’on a cessé d’être scandalisés de l’outrage qui est fait au roman, au bout de trois ou quatre épisode, on finit par oublier que l’on regarde une adaptation, tant l’histoire diverge. On peut alors s’intéresser au contenu même. En soit, ce n’est pas si atroce que ça, tout est plutôt bien articulé même si l’on retrouve toujours cette empreinte lourde et pesante qui est celle d’outre-atlantique. Cette marque américaine qui fait que deux personnages tombent fou amoureux après deux verres et une balade en forêt et qu’à chaque fois que ça toque à la porte c’est la panique. Là où l’on pourra louer les créateurs, c’est qu’à mon sens, ils réussissent à donner une forme d’humanité à l’un des antagonistes principaux (nommé dans la plus frappante des originalités John Smith), en faisant finalement un protagoniste à part entière. Aussi, on applaudira l’idée d’avoir transposé le livre dans un livre (le poids de la sauterelle dans le roman) en un film dans un film dans la série.


En résumé, « le livre est mieux que le film ! ». Bonne soirée.

Clepot
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le 21 avr. 2016

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Clément Capot

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