The Man in the High Castle est pour l'instant assez fascinante, même si très différente du roman. Là où Dick nous fait vivre la vie simple de gens sans que rien de bien extraordinaire ne leur arrivent, montre leur lente acculturation et assimilation à une culture étrangère, et affirme de manière terrifiante qu'un monde où l'axe aurait gagné la guerre, ne serait pas foncièrement différent du notre pour les gens lambda qui y vivent; la série, elle, se concentre sur la résistance et les différentes intrigues politiques qui se déroulent dans cette guerre froide parallèle entre le Reich et le Japon, prenant assez rapidement son indépendance vis à vis du roman . Même si la série s'avère plus orientée sur l'intrigue et le mystère entourant les films(plutôt qu'un livre dans le roman) que cherche à se procurer le fameux Man in the High Castle ainsi qu'une manière de voir les choses plus tranchée, sans doute plus héroïque, et donc un peu moins subtile que l'uchronie de Dick lui ayant valu le prix Hugo, elle garde un point de vue assez proche du roman sur ce monde à la fois très différent, et pourtant si proche du notre par bien des aspects; que ce soit les luttes d'influences pour le pouvoir à l'échelle individuelle, comme collective; les intrigues politiques tournant autour de cette guerre froide entre les gagnants de la seconde guerre mondiale; et bien évidemment, par la volonté de la part de Frank Spotnitz de montrer d'une autre manière que le roman de Dick à quel point la vie des gens du commun n'est pas si différente de notre univers, dans ce monde que nous voyons comme un cauchemar. Ce sont ces similitudes qui poussent à la réflexion et à la remise en question de nos certitudes.
La série tire surtout son épingle du jeu à travers une galerie de personnages intéressants incarnés à l'écran par des acteurs tous plus talentueux que les autres. Il faut ici souligner les prestations sans faille de trois acteurs: Rufus Sewel dans le rôle du SS Obergruppenfurher John Smith, Joel De La Fuente dans le rôle de l'inspecteur Kido, le chef des Kempetai, et Cary-Hiroyuki Tagawa dans le rôle de Nobusuke Tagomi, le ministre du commerce japonais. Les autres acteurs ne sont pas en reste, mais sont en partie éclipsés par la performance de ces trois acteurs.
Il faut également souligner le soin apporté à ce qui s'apparente à une véritable "reconstitution" alternative du début des années 60 que ce soit au niveau des décors, des affiches vues du coin de l'œil en arrière plan d'une scène, du style vestimentaire,... Bref, du tout bon boulot.
La série parvient également à préserver ce rythme lent, qui ne se dévoile qu'en prenant son temps, semblant toujours garder une part de mystère, propre au roman de Phillip K Dick. Elle est donc en soi un autre univers parallèle à celui du roman, inspirée plus qu'adaptée de celui-ci, perdu au milieu des multitudes de réalités qui caractérisent les écrits de Dick.
Je suis assez impatient de voir la seconde saison en espérant que la série continuera à créer cette tension larvée qui transpire de chaque épisode.