...de loin, du moins.
Je me souviens qu'on comparait Breaking Bad à l'époque de sa diffusion avec Game of Thrones, à la fois pour leur succès et pour leur scénario de qualité.
Le premier point est indéniable. Pour le reste, ces deux séries n'ont rien à voir, et les comparer ne rime à rien.
Pour être franche, j'ai mis un temps fou à accrocher à l’œuvre de Vince Gilligan. Ce n'est pas faute d'avoir proposé un premier épisode absolument parfait...mais la suite immédiate m'avait laissée dubitative. Faire disparaître deux corps dans une baignoire puis repartir de plus belle...Il y avait là une surenchère de faits qui frisait l'irréel.
Mais la série se rattrape, petit à petit. Parce que Breaking Bad est terriblement ancrée dans le réel. Je suis fascinée par le travail qui a été fait sur les détails. Cette multitude de petites choses anodines et indispensables, Walter qui coupe une feuille de magazine pour caler une table branlante dans la salle d'attente de l'hôpital, Mary qui n'aime rien tant que la couleur pourpre, de ses vêtements à son rideau de douche, l'affreux rouge à lèvres irisé de Skyler et sa joie coupable de sentir le carrelage chauffer sous ses pieds... Je n'avais jamais vu une série disséquer le quotidien avec une telle minutie, tandis que sa trame principale est improbable, explosive.
Ancrée dans la fin des années 2000 et le début des années 2010 jusque dans les motifs des t-shirts de Jessie, elle s'apprécie encore mieux maintenant, avec ce rien de ringardise dans les tenues et les intérieurs qui colle à merveille aux personnages dont la dignité est sans cesse écorchée mais jamais bafouée.
S'il ne fallait garder qu'un seul argument, ce serait évidemment le casting et la prouesse des acteurs, mais d'autres en parlent mieux que moi.
D'aucuns pourront déplorer la lenteur, l'apathie qui se dégage de ces paysages du Nouveau-Mexique...ce n'était pas ma tasse de thé, au départ. Les séries sur la drogue non plus. Mais le génie de cette série transcende tout le reste. Ce qui m'ennuyait au début suscite aujourd'hui mon admiration. Lui reprocher un défaut de style, un manque de ceci ou un trop de cela, c'est vouloir la grimer en quelque chose qui ne lui ressemble pas, or, elle est parfaite dans son ensemble. Rien à jeter.
Même le rouge à lèvres de Skyler.