Breaking Bad.
Je m'obstine vainement à essayer de m'atteler à mon principe de "ne mettre qu'un seul 10 par univers" (loi que j'ai déjà brisé quelque fois), mais force est de constater que je ne peux que mettre 10 à Breaking Bad. Ma loi serait elle stupide, vaine ? J'ai l'impression de découvrir qu'il y a de plus en plus de raisons de pouvoir attribuer la note maximale à une œuvre.
Dans le cas qui se présente aujourd'hui face à moi, je me trouve forcé d'avouer que pour quelque chose d'aussi précis, de pensé que Breaking Bad, il n'y a que la note parfaite du 10 qui vaille : rien n'y est déréglé, tout y compte. Breaking Bad est une série parfaite. Ce n'est pas dire qu'elle accrochera forcément tout le monde, mais ce qu'elle fait, elle le fait impeccablement. Comme Walter qui cuisine sa drogue, tout est calculé au millimètre.
Et c'est justement de cette manière, je crois, que l'on peut considérer Breaking Bad comme une série parfaitement déductive. Précision : la déduction est le raisonnement par lequel on aboutit à une conclusion à partir de prémisses. Le paradoxe est dans le fait que la déduction est parfaitement cadrée : il n'y a jamais de nouvelles informations qui entrent en jeu après les premières suppositions et ainsi, tout ce que l'on apprend de la conclusion était déjà contenu dans les prémisses.
Tout ce que l'on apprend dans la conclusion était déjà contenu dans les prémisses. Comme dans Breaking Bad. Tout ce que l'on pourra voir, toutes les péripéties de Walter et Jesse sont, en quelque sorte, contenues dans le premier épisode. On peut déjà décerner Hank, personnage arrogant, agressif, impitoyable ; la famille baignant dans un manichéisme bien-pensant ; la relation maitre-élève difficile et ambigüe entre les deux cuistots ; et surtout on y décerne Walter H. White. Walter White : homme passif, réprimé, écrasé, un gentil looser. Il est annoncé dès ce moment que Breaking Bad est une histoire de révolte, d'éveil, de montée en puissance. La prise en main de son destin d'une personne qui ne faisait que se faire malmener. Pas surprenant que Heisenberg finisse à la tête d'un empire de drogue, je ne dirais pas que c'était annoncé , je dirais que c'était carrément déterminé. Subvenir aux besoins de sa famille ? Oui j'imagine que c'est important, j'imagine que c'est entré en jeu dans sa décision, mais à mon avis, la raison la plus importante est bien plus personnelle, bien plus obscure.
Je vous le dis, tout dans Breaking Bad est cadré au millimètre, tout est contenu dans les prémisses. En ce sens et à mon humble avis, si l'on prend les choses plus largement, c'est vers la fin de la deuxième saison que toutes les bases sont posées. À partir de là, j'ai eu l'impression que la série ne faisait qu'enfoncer des portes déjà ouvertes, expliciter ce qui avait déjà été annoncé. Mais quel déroulement délectable. C'est justement là que se joue tout le génie de la série. Pour reprendre les mots de IGN : " This show has never been about the destination, but about the journey and what happens in the fallout." Breaking Bad a le brio de nous dire sa fin dès le début et de captiver avec une force inouïe. Ce n'est pas la fin qui compte, c'est comment on y arrive. Ceci est poussé à son paroxysme dans la cinquième saison. Je dois tout de même préciser qu'en déclarant que la fin de la série peut être connue dès le début, je fais surtout référence aux grandes lignes : il n'y a pas de quoi s'inquiéter, les événements qui défilent arrivent toujours à surprendre et à nous serrer les tripes. Les regards sont fixes et inébranlables, chaque événement est une pierre de plus sur le chemin de la perdition que les spectateurs se régalent de voir. Breaking Bad y arrive par son style si particulier : un hyperréalisme doublé de certaines teintes Rock N' Roll et de certaines teintes rappelant le Western. Une série qui traite aussi bien du quotidien que d'événements incroyables, le tout avec classe. Une série où le traitement des personnages suit un cours défini, le tout avec psychologie et horreur. Une série où tout est annoncé et cadré au millimètre dès le premier épisode, le tout avec sérieux et panache. Break bad, drop dead, live long.
Que dire de plus ?
Je me méfiais de Breaking Bad, j'essayais de me distancier des passions que ça déchaînait. Je me tenais à l'écart de l'engouement suscité et je n'étais pas vraiment pressé ou intéressé de me lancer dans son visionnage. Finalement, la fortune m'a joué un joli tour : c'est comme si ce qui devait arriver arriva. Je ne dirais pas que Breaking Bad est si bon que l'on ne peut que l'adorer, mais dans mon cas je n'ai pu échapper à sa puissance. "You got me".
C'est comme si j'étais déterminé à l'aimer.
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