C'est seulement cette année, que je me décide à me remettre à cette série que j'avais abandonné il y a bien longtemps, début saison 4. Et ben je vous raconte pas les insomnies qu'elle m'a fait subir. Je viens de boucler la saison 5, je peux maintenant en parler.
Je ne suis pas sorti indemne de ce marathon bouclé en 1 semaine. Jamais une série (j'ai même envie de dire, fiction en général) ne m'avait autant collé à mon siège.
Un des objectifs de la série, à mon sens, est d'amener le spectateur à se poser des questions sur sa propre personne. Tout, absolument tout ce que les scénaristes et réalisateurs vous montrent, (à l'exception de l'épisode final) est là uniquement pour que vous puissiez donner des excuses aux personnages à l'écran. Mais le plus balèze n'est pas là. Le pire, c'est qu'on en arrive à justifier des actes au nom d'une idéologie qu'on ne défend même pas, voir qu'on méprise. On en arrive à trouver "badass" un personnage qui, qu'on se le dise, n'a jamais maîtrisé la situation, et qui tient sa popularité par la chance, la mise en scène, et l'improvisation.
J'ai parlé d'idéologie à mépriser, je m'explique. En début de série, on a affaire à Walter White, gentil professeur de lycée, un homme très calme, peu bruyant, comme dirait son beau-frère, un homme qui ne reconnaîtrait pas un criminel même s'il l'avait sous le nez. Les péripéties que vous connaissez s'en suivent, et voilà que Walter White laisse sa place à Heisenberg. Et au vu de ce que j'ai pu lire sur certains forums et autres critiques de l'internet, je vais remettre les pendules à l'heure. Heisenberg est un connard de redneck, cupide, égoïste et imbu de lui même, point. Oh ça oui il est d'une intelligence folle, mais il n'a que ça pour lui.
C'est pour cette ensemble de raisons que la série mérite amplement ses awards, non seulement j'ai rarement autant eu d'empathie pour des personnages, mais en plus de cela, il s'agit pour la plupart de personnages qui ne mérite pas cette empathie.
Et c'est à cause de cette empathie, que certaines scènes sont à la limite du traumatisant. Jamais, dans ma vie de spectateur je n'ai eu aussi peur. Je ne parle pas là de la peur horrifique que l'on connait tous. Non, moi je vous parle d'être terrifié par ce qu'il pourrait suivre, être paralysé, vulnérable, avoir peur pour la vie d'un autre.
Breaking Bad est une série calme, lente et reposé (ce qui me rappel beaucoup Fargo dans le principe). Conséquences, la moindre petite dose d'adrénaline nous donne des palpitations. Un simple cri devient un sursaut, une simple coulé de sang devient un frisson. Tout est réfléchi pour qu'on puisse se calquer sur le monde réel, et ainsi, être le premier choqué d'un événement à la sauce "faits divers" comme on peut en voir tout les jours dans le journal.
J'ai parlé de peur un peu plus haut. -> Saison 4 - Episode 11 : Il s'agit d'une amorce pour la clôture de saison assuré par les deux derniers épisodes "Échec" et "Mat". Cette fin d'épisode m'aura marqué croyez moi. Bien sur il y en a d'autres, mais c'est seulement à cet épisode ci que j'ai commencé à réfléchir à cette critique, car je tombais tout simplement dénue de voir à quel point je me suis senti impliqué à armes égales dans l'exacte même situation de Walter et Skyler. Menacé et désarmé.
Peur et remords, les principaux sentiments que dégage la série.
On prendra le temps bien sur de féliciter le cadre et la réalisation. Il s'agit là de la continuité de mes compliments précédents, car sans ces deux points le ressenti serait différent.
La force de la série se retrouve dans ses imagerie, ses codes et ses plans large. On nous expose un monde, normal. Un système, normal. Des policiers, des délits, des criminels, des rues, des villes, des comportements, des environnements,... normaux. Dans Breaking Bad, tout a un fonctionnement, tout fonctionnement a des règles, toute règle à son origine. Le spectateur est cloîtré, enfermé, bloqué, dans un cadre, un cadre ou toute "sortie de route" serait accompagné de frisson, d'excitation, de peur et de joie.
Voilà pourquoi Walter H. White est si "badass", car un simple haussement de ton, une simple éponge sur une batterie de voiture de sport, un simple "Say my name...", est une libération. N'importe qui ayant, au minimum, apprécié la série, s'est forcément dis au moins une fois, "C'est ça qui faut que je dise (ou fasse) la prochaine fois qu'on me râpe les noisettes...". La série nous expose à quel point il est simple de s'insurger contre une situation qui nous dérange, qu'il est simple de commettre un délit, qu'il est simple de commettre un crime. Breaking Bad nous montre à quel point l'acte, quel qu'il soit, est simple. Ce même acte peut rapporter gros, comme vous amputer de tout ce que vous avez.
Une série, riche en références et en talents, implique des interprétations multiple. On pourrait parler de la politique de la série, ou du moins, sa manière de parler politique, mais je laisse cela à des personnes plus compétentes que moi à ce sujet. Il y a également beaucoup à dire sur la photographie ou encore le choix des musiques pour certains épisodes, voir même faire l'éloge du thème musical. En bref, je pourrais en parler des heures et des heures. Faites vous vôtre interprétation et n'hésitez à me la partager.