Il y a treize ans, Kyan Khojandi nous offrait BREF une série qui allait devenir un phénomène, marquant durablement le paysage audiovisuel. Elle proposait un format court au rythme effréné et des gimmicks comiques qui auront été repris un peu partout aussi bien à la télévision que sur les réseaux sociaux.
Alors, quand l’annonce d’une saison 2 est sortie de nulle part, ma première réaction a été : « Pourquoi toucher à une œuvre culte ? ». Comme souvent, la réponse semblait évidente : l’argent…
Mais c’était sans compter sur le talent de Kyan Khojandi, qui a trouvé le moyen de proposer autre chose, tout en conservant l’âme de la série.
D’abord, cette nouvelle saison prend un pari risqué : elle change radicalement de format, passant d’épisodes de deux minutes à un format plus classique de 30 à 40 minutes. Et pourtant, BREF n’a rien perdu de ce qui faisait son charme. Son comique percutant, son montage frénétique et son enchaînement d’idées délirantes sont toujours là. Chaque épisode regorge d’inventivité visuelle et mélange les genres avec une virtuosité folle, tout en servant constamment le récit.
Mais ce nouveau format permet surtout à la série d’explorer davantage son propos et de raconter une véritable histoire. On sentait déjà cette volonté dans la dernière partie de la première saison, où une forme de continuité narrative s’installait. Ici, elle est pleinement assumée. Et si BREF continue de faire rire avec des situations absurdes et un ton déjanté, elle se révèle aussi d’une profondeur bouleversante.
C’est là que la série atteint des sommets. Derrière son humour corrosif, elle nous touche en plein cœur avec des moments d’émotion d’une rare intensité. Elle flirte même avec la perfection lorsqu’elle distille des symboles et des métaphores d’un onirisme particulièrement maitrisé.
Si tout cela fonctionne si bien, c’est grâce à ses personnages. Toujours aussi caricaturaux en apparence, ils sont pourtant écrits avec finesse, révélant leurs failles et leurs doutes. Le protagoniste principal, en particulier, se transforme en véritable anti-héros, et cette saison prend des allures de thérapie pour lui. C’est ce qui rend BREF aussi universelle : elle nous tend un miroir, nous replonge dans nos propres souvenirs. Elle réussit ainsi à nous questionner sur nous même, et nous donne envie de nous remettre en question.
Au final, cette saison a été une montagne russe d’émotions, me faisant passer du rire aux larmes en un instant. Rares sont les séries capables d’un tel grand écart entre comédie et profondeur, et encore plus rares celles qui le font avec autant de maîtrise.
Bref, j’étais persuadé qu’il ne fallait laisser la série là où elle s’était arrêtée il y a treize ans, mais Kyan Khojandi réussit son diamant brut en un véritable bijou télévisuel.
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