Jamais regardé ou entendu parler de bref dans le passé. Je lisais les critiques dithyrambiques, et je dois avouer que je suis assez dubitatif. J'espère que mon retour apportera un peu de nuance au tout, sans prétendre à plus que ça.
Une mise en scène, parfois originale et bien trouvée : une belle métaphore visuelle avec le lit qui s'allonge tant il est dur de s'en extirper après une rupture difficile, l'introduction commerciale du jouet "boyoyot", etc.
Sauf que voilà, pas grand-chose d'autre de positif que des paillettes et un rapport à soi bien cadré dans cette histoire.
Le montage TikTok épileptique est épuisant après quelques épisodes : il n'y a visiblement, ironiquement, pas assez de place pour un peu de vide dans cet espace de trop plein. On est écrasé par la vitesse et la densité de la série, sans pour autant sombrer dans l'illisibilité : serait-ce donc un gage de qualité ?
Non, un symptôme : Le narrateur ne nous laisse pas le temps de penser, de peser ce qui se grave sur notre rétine. Pas besoin, en tant qu'arbitre démiurgique de la morale il souligne et tranche, pour nous, – avec le manichéisme d'un enfant de 10 ans – ce qui est bien ou mauvais, bon ou mal.
On se retrouve alors assis pour un tour de Grand huit où l'on a plus qu'à ressentir – des sensations, plutôt que des émotions – une montagne russe pour le deuil, une pour la rupture, une pour la condition du travailleur, etc.
Tout ceci se parachève dans l'aspect "clipesque" qui habille, par moments, la série. La séquence finale de l'épisode final, en accuse tous les symptômes à son paroxysme. Ca veut tirer sur la corde sensible, ça chuchote, murmure, susurre – subtilement – "là c'est le moment où t'es triste, là tu dois être content, etc." Tant qu'on y est, pas besoin "d'edit" sur youtube, si tu le mets dans ton métrage directement (salut Arcane). Et si jamais ça devient trop intense pour nous, ils nous accordent avec grâce, un gag, une chute en fin de scène pour désamorcer le drame, la tension ou le peu d'émotions s'y faisant une place (salut Marvel).
Je me demande finalement si un grand pan du succès, ne vient pas d'une forme d'auto-érotisation que l'on éprouve en se retrouvant dans la série ? On retrouve des p'tits morceaux de soi, de notre vécu un peu partout ; dans le personnage principal ou ceux l'entourant. Or, "soi" c'est ce qu'il y a de plus intime, se reconnaître dans son intimité est, il me semble, un vecteur extrême, qui invite à s'investir d'autant plus dans la série. Est tout de même présent quelque chose de vrai dans le rapport à soi, parfois aux autres.
Dans le rapport au monde, par contre... après un recrutement dans un p'tit magasin de jouet pittoresque, ça sabre le champagne. Si on aime notre travail, on ne compte plus les heures, on montre nos efforts surtout. Ils mettent en avant des codes et valeurs de la néo bourgeoise détenant le capital culturel, ils parlent de leur rapport au monde. Le tout avec un prisme moral limitrophe dont le mensonge est aux antipodes de la vérité, dont la causalité sera nécessairement négative pour le premier et positive pour le second.
Bref, j'ai pas aimé.