Alors que j'avais commencé des animés cette saison sans trop savoir ce que c'était et fini par être déçu, Bucchigiri?! fait un peu figure d'exception en étant cet animé au pilote absolument idiot et régressif, que j'ai fini par bien aimer au fur et à mesure des épisodes.
On va pas se mentir, le premier épisode qui présente un personnage ultra-nuisant (façon Ataru dans Lamu) qui va se faire bolosser par toutes les racailles de son nouveau lycée et qui n'a d'yeux que pour une fille qui visiblement n'a aucune alchimie avec lui, m'avait un peu haussé les sourcils. Ceci dit, c'était bien animé, globalement drôle et la mère du protagoniste était trop pure pour ce monde.
J'avais pesté sur les réseaux sociaux à propos de cette improbabilité qui fait qu'en 2024, on a encore une série où le protagoniste se retrouve dans un japon délabré rempli de racaille qui terrorise les passants, alors que le Japon est l'un des pays où ce type de criminalité est le plus faible. Sauf que je me suis aperçu très vite que c'était FAIT EXPRÈS.
En effet, Bucchigiri?! essaye de répondre à un paradoxe : le Furyo, genre qui raconte des bastons entre bande rivales, est encore très populaire auprès du lectorat féminin, alors qu'il ne repose plus sur une réalité concrète. En effet, les bosozokus à moto, c'est passé de mode depuis la fin des années 80. Ça n'est pas pour rien si Tokyo Revengers est une histoire de voyage dans le temps, et encore, à une période où les bandes de loubards étaient déjà moins courantes.
Du coup, la solution c'est d'inventer Honki City, une ville fantasmée où les bandes tiennent encore le haut du pavé et quitte à créer un monde, autant s'inspirer à fond de l'orient façon mille et une nuit : les bâtiments ont des dômes, les pouvoirs arrivent grâce à des sortes de djinns, les panneaux des devantures sont écrits en style arabiques et le héros s'appelle Arajin (Aladin en japonais) C'est totalement assumé par l'opening et l'ending, pour le coup très punchy et dont le deuxième est aussi rigolo à écouter que visuellement hors sujet. Et c'est souligné par certains gags (comme le fait que le chef d'une des bandes ne jure que par le Kébab.)
On sent qu'on est sur le même réalisateur que des séries cryptos gays comme Free!, Banana Fish, et SK8 the Infinity l'animé étant surtout un prétexte pour voir des hommes testostéronés se foutre sur la gueule et permettre aux amatrices de furyo d'en avoir pour leur argent. Le cast féminin est réduit à peau de chagrin (et la seule fille de la bande est détestable) tandis que les mecs passent leur temps à littéralement se tourner autour. Ha, et il y a tout un running gag sur le fait que le professeur passe son temps dans un bar à hôtesse,
qui s'avère être un bar à chat, mais c'était grillé depuis le premier épisode.
L'animé ne fait pas de mystère sur son côté queer et ce, dès le générique : le fait que le héros est investi par un djinn qui cherche à "s'unir" avec lui, que les mecs utilisent des mots qui font référence à la sexualité pour désigner les bastons, Arajin se retrouve couramment en slip et il fait littéralement tomber amoureux de lui toutes les personnes qu'il frappe.
Ce qui fait que comme dans SK8, on a un animé franchement énergique qui assume totalement son côté con, ce qui en fait un divertissement des plus marrant, et ce, malgré le fait que le héros soit une tête à claque qui ne voit pas à quel point tout le monde tient à lui, notamment son ami d'enfance (qui s'appelle Asamine, soit Jasmine... c'est à peine caché que c'est EUX le couple autour duquel tourne l'histoire.) L'animé se termine par quelques épisodes un poil plus sérieux que les autres.
Autre chose : ça fait du bien de voir un animé vraiment bouclé en 12 épisodes. Bon, celui-ci ayant été obligé de faire un épisode récap en milieu de saison (et de finir début avril) me fait dire que tout ne s'est pas si bien passé que ça, d'autant plus qu'on est chez MAPPA : une usine à faire des très beaux animés tout en défonçant santé de ses animateurs. Là encore, on est sur le haut du panier de l'animation avec des chara-design très clair, des beaux décors et des scènes de baston qui sont bien chorégraphié.
Et dans une saison d'hiver globalement décevante, Bucchigiri ?! est resté un très bon divertissement assez propre et dans l'ensemble, qui amuse par sa stupidité et son homosexualité totalement assumée.