Buffy contre les Vampires, petite série n'ayant l'air de rien au moment de sa sortie, est devenue en très peu de temps et pour longtemps un mètre étalon du genre et la recette a été reprise sans vergogne par beaucoup si ce n'est toutes les séries ado-centrées en milieu fantastique et autres.
Buffy Summers, jeune fille blonde et gracile de 16 ans, est l'Elue, la tueuse, celle qui défend les innocents contre les monstres de légende et en particulier les vampires.
Aidée du bibliothécaire du lycée, Giles, son Observateur (sorte de figure paternelle/mentor/Merlin) et de ses nouveaux amis lycéens Willow, Xander (Alex en français) et Cordélia plus ponctuellement, elle va combattre les forces du mal.
Voilà, c'est le gros du sujet qui arrivera à durer 7 saisons tout de même, le folklore étant sans fond et l'ambiance soap opera assumée des intrigues humaines donnant suffisamment de rebondissements.
Les 2 premières saisons sont excellentes et posent de très bonnes bases aussi bien en terme d'écriture, que de rythme et de personnages. Les intrigues épisodiques sont variés parfois drôles, parfois plus sombres et l'intrigue générale, autre héritage de la série, est à chaque fois de qualité et tient bien en haleine.
La saison 3 avec la vrille de Faith est un peu plus faible mais son final rattrape le tout : c'est malin et ironique et boucle bien la boucle de "Le Lycée, c'est l'Enfer", maître-mot de la série.
En saison 4, Buffy débarque à l'université et fait la rencontre d'une force militaire spécialisée dans la chasse au démon, c'est suffisamment varié pour distraire mais ce n'est pas la meilleure histoire globale. C'est à ce moment que la série commence à perdre un peu ses personnages à mon sens. Il y a du flottement.
La saison 5 tente de revitaliser un peu l'intrigue globale en donnant une soeur à Buffy, la très adolescente Dawn et un ennemi surpuissant en la personne de Gloria, suffisamment complexe pour intéresser durablement.
La fin très capilotractée mais plutôt satisfaisante ouvre non seulement un trou béant dans Sunnydale mais également dans le scénario.
Les saisons 6 et 7, sans être sans intérêt, font un peu rajoutées et trainent un peu la patte, se focalisant plus sur des intrigues amoureuses assez banales et peu heureuses (le grand dada de Joss Whedon, personne ne peut être heureux longtemps) et la série se termine sur un grand boom, pas le meilleur final de série, pas le meilleur final de la série mais correct.
Pourquoi aime-t-on cette série? Les scénarios ne sont pas des plus originaux, même si c'est le but, exposer les clichés pour ce qu'ils sont et parfois leur tordre un peu le cou. Mais non, ce que l'on aime, ce sont les personnages, qui sont des archétypes ambulants retournés comme des chaussettes pour certains, mais diablement attachants.
En premier Buffy elle même. Ce n'est pas souvent que les héroïnes arrivent à rester sympathiques même dans leurs moments les moins glorieux, mais Buffy y arrive. Le petite blonde à l'air vulnérable casse du monstre à bons gros coups de lattes et c'est jouissif à suivre. Elle a quelques dérapages égocentriques mais qui n'en a pas et surtout, elle est l'Elue tout de même et elle sauve le monde, elle a le droit de déraper de temps en temps. Sarah Michelle Gellar, si elle force un peu sur la mou boudeuse en souffrance parfois, offre un personnage suffisamment complexe et bien interprété.
Nous avons ensuite le Scooby Gang, en hommage au groupe légendaire de ScoobiDoo, avec Xander, l'humain qui devrait être dépassé mais dont les qualités de coeur lui permettent de surmonter ses peurs. C'est le monsieur tout le monde du groupe, celui qui n'a, n'y n'aura, aucune capacité particulière, aucune connaissance particulière mais qui fait le job, toujours avec un bon mot et qui pédale aussi dans la semoule assez régulièrement. Il est aussi parfois la voix du bon sens et de la raison quand ses copines à superpouvoir se laissent un peu emporter. C'est à lui qu'on explique pour que nous soyons au courant, Xander, c'est nous et c'est pour ça qu'on l'aime. Nicholas Brendon tient le rôle du début à la fin à la fois charmant et maladroit. Je l'aime beaucoup.
Le troisième membre permanent est Willow, jeune fille effacée et geek en début de série qui s'épanouira (en tout cas c'est ce que l'on essaie de nous vendre) en super-sorcière lesbienne. C'est celle qui fait le plus grand écart en terme de personnalité.
Je trouve que c'est le personnage qui a été gâchée au fil des saisons, devenant tout et n'importe quoi au besoin et surtout passant de petite chose adorable à quelqu'un de très égocentrique et pas sympa du tout. Je n'ai pas aimé la trajectoire de Willow mais ça n'engage que moi. Allison Hannigan est très bien quoi qu'il arrive.
Le superviseur du tout est Giles, le mentor, la voix de la sagesse. Son humour britannique rend très bien face à l'exubérance et parfois l'ignorance de nos ados américains et il se fond dans le groupe sans problème; Anthony Steward Head a du charisme et de la classe mais peut se montrer menaçant efficacement si le besoin se fait sentir. Il est très bien.
En membre périphérique, il y a Cordelia Chase, grande Queen B devant l'éternel, un peu garce sur les bords et superficielle mais pas bête non plus. Elle apporte souvent son aide au groupe, en rouspétant mais elle injecte un bonne dose de franchise qui fait du bien et qui dans les premières saisons ramène souvent nos héros principaux sur une voie plus légère et moins prise de tête. Charisma Carpenter semble avoir inventé le concept tellement elle est parfaite.
Il seront rejoint à l'université par Riley, le nouveau petit ami de Buffy et disons le carrément, c'est une amibe : pas de charisme, pas d'intérêt, on est soulagé quand il s'en va.
Reste à traiter les vampires avec en premier Angel, le héros sombre et torturé par excellence qui partira de manière bénéfique pour tous vivre ses propres aventures à la fin de la saison 3 après un petit passage par la case Angelus, Angel version méchant, qui était beaucoup plus intéressant que sa version pourvue d'une âme. David Boreanaz trimballe son physique avantageux et ses yeux de chiot malheureux de zone d'ombre en zone d'ombre avec compétence et réjouit l'oeil du spectateur.
Il y a aussi Spike, beaucoup plus intéressant, au parcours circonvolu, d'abord en équipe avec Drusilla, merveilleusement maboule, puis seul et pourvu d'une puce dans le cerveau qui l'empêche d'attaquer les humains (le seul apport positif de toute cette histoire d'expérimentation militaire). Il passe de méchant assez badass, à comic relief pour devenir un héros tragique mais sans perdre de son mordant (verbal). J'aime Spike, comme Cordelia, il ne laisse rien passer à personne. Il est d'une franchise louable.
Côté méchant la galerie est variée et assez complète en terme de monstre de la semaine et en boss de fin de niveau. Seul le Trio m'a semblé très pauvre mais ils interviennent dans l'une des saisons les plus faible , ce n'est pas étonnant.
"Buufy contre les Vampire" est et restera un jalon de l'histoire de la télé et elle vieilli plutôt bien en plus. C'est même assez jouissif de voir nos héros se courir derrière avec des informations avant la démocratisation des téléphones portables.
Les effets spéciaux sont risibles parfois mais non seulement c'est un budget télé mais en plus il a 20 ans!
Une série à voir et revoir sans aucun doute.