Parce qu’on ne peut pas tous être des fans de la première heure mais qu’il n’est jamais trop tard pour reconnaitre ses erreurs, il est temps pour mois, après avoir passé les quatre derniers mois devant les 7 saisons de Buffy, de faire un premier bilan (premier parce qu’il ne fait aucun doute pour moi que j’y reviendrai souvent).
Lorsque, fin des années 90, la série était diffusée à la télévision, je me souviens avoir regardé un épisode et n’y avoir vu que des décors et des costumes cheap, une héroïne superficielle et un bellâtre fade pour exciter les minettes de mon âge. Me refusant absolument d’être une minette de mon âge, il était inévitable que le malentendu, entretenu par les couvertures de magazines ados de l’époque, subsiste et que je passe donc aussi longtemps à côté de cette série exceptionnelle.
Ma sériesphilie grandissante rendait cependant une seconde rencontre de plus en plus inévitable. Après avoir révisé mon avis sur d’autres malentendus, après avoir lu quelques avis énamourés, après avoir écouté un podcast éclairant sur le sujet, je me suis lancé, bien plus armé que la première fois. Il faut dire qu’une chose que j’ai apprise depuis est de ne plus tenter une série par un épisode au hasard. Celle-ci probablement plus encore que d’autres est une œuvre qu’il faut aborder comme telle pour ne pas en dénaturer le propos.
J’y ai retrouvé, certes, les quelques défauts qui m’avaient rebuté au départ. Pour autant, la série n’en est pas moins l’une des plus intelligentes, passionnantes et ambitieuses que j’ai eu l’occasion de regarder à ce jour. Ce que je prenais pour un univers en carton-pâte s’est animé en milles intrigues au propos d’une profondeur psychologique et anthropologique rarement atteinte, mon héroïne à talon s’est révélée l’arme la plus radicale contre toute forme de slut-shaming, enfin le bellâtre n’a échappé à aucune forme de remise en question radicale de son statut de fantasme féminin.
Féminisme, désir, sentiments amoureux, mort, passage à l’âge adulte, rôle de la fiction et des fantasmes face à l’action, place de la souffrance dans nos vies, difficultés de créer des liens, voici quelques thèmes auxquels se frotte avec clairvoyance chaque épisode de Buffy, si bien qu’il me semble possible aujourd’hui d’imaginer les regarder encore et encore et toujours trouver de quoi nourrir la réflexion. J’ai beau y réfléchir, aucune autre série ne réussit aussi parfaitement ce tour de force. La plus proche, selon moi, serait OZ dont le propos reste cependant plus brouillon, moins abouti.
Plus la fin approchait et plus je redoutais l’après, le vide qu’il provoquerait inévitablement. Pourtant, si bien sûr avoir à quitter cet univers et ses personnages, son humour si salvateur, c’est un peu mourir, je sens également que la série m’a offert le plus beau des cadeaux, celui qui permet de renaître, de ne jamais se laisser abattre et d’enchanter même les moments les plus sombres de l’existence. En attendant le prochain visionnage…
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