Les labels, ces connards.

Bof bof tout ça. Un ami avait beaucoup aimé la mise en scène à la REC et m'avait donc recommandé cette série. N'ayant pas vu REC ou d'autre films/série du genre, je dois dire que j'ai trouvé le format rafraichissant, malheureusement ça ne suffit pas à faire une bonne série.

C'est l'histoire d'une équipe de tournage mandatée par un label pour filmer Tony, gangster rêvant de percer dans le rap et de s'extirper de la cité. Si on peut retenir deux message c'est ceux là: Le quartier c'est chaud, les label c'est des connards sans cœur.

Si l'intention de tenir un propos est bien présente, c'est au niveau de l’exécution que ça pèche. Je trouve le traitement du label superficiel à mourir, simplifiant la problématique. J'aurais aimé que la relation entre l'équipe de tournage et celui-ci soit moins caricaturale que ça. On a un type souvent au téléphone avec Franck le réalisateur qui va lui en demander toujours plus et lui, poussé par l'envie de faire autre chose que des clip de rap, tel un reporter de guerre, va repousser les limites toujours plus loin. La personne avec qui Franck discute au téléphone c'est clairement pas un humain, c'est juste des lignes de texte sans aucune personnalité. Oké un peu voir ça comme "un label ça n'est pas humain", mais bon là on répète un discourt déjà connu de tous les gens s’intéressant au milieu du rap, de Kanye West au gars de ta ville qui essaie de percer depuis 15 ans en passant par Deen Burbigo

« La major prend quatre-vingt-dix pourcents d’ton chiffre d’affaires / Le banquier prend deux pourcents d’c’qu’il t’avance / Zéro sur le chiffre d’affaires ».

Deen Burbigo, cercle vertueux

C'est une thématique sur laquelle il y aurait beaucoup de chose à dire et qui aurait mérité d'être approfondie à une époque où de plus en plus de personnes cherchent à se produire en indépendant. Mais on préfère nous sortir la caricature du méchant label.

Et si on se penche sur les personnages, c'est pas fameux, c'est le minimum syndical, on va te mettre la maman de celui là qui t'explique qu'il voulait faire du foot mais qu'il s'est blessé, la sœur de celui-ci qui en a marre de sa vie de gangster, etc... Mais malheureusement là dedans il n'y a aucune profondeur, quelques pistes intéressantes certes, mais qui ne sont jamais vraiment développées faute à un scénario privilégiant avant tout l'action.

On peut néanmoins apprécier la relation entre les personnages de Franck le réalisateur et Tony le Caïd, c'est ce qui à mon avis fait la force de la série, mais les autres personnages étaient bien trop superficiels pour que je daigne leur accorder le moindre intérêt.

Si on parle de l'action oui le format donne quelque chose, il y'a vraiment un petit plus avec ce mode caméra embarqué.

Mais bon c'est téléphoné, on sait qu'une histoire comme ça va mal finir on le voit venir à des kilomètres et quand il n'y a pas d'embrouille c'est juste l'attente dans l'ennui parce qu'on sait qu'il n'y aura pas grand chose en dehors des scènes de conflits.

Les épisodes sont courts, très courts et je pense que c'est le principal défaut: on ne nous laisse pas le temps de découvrir cet univers. Il y avait là des éléments qui auraient permis une approche plus documentaliste, plus naturaliste, mais finalement on se retrouve avec une série trop pressée qui parce qu'elle a peur de nous faire décrocher part parfois dans des mises en scène invraisemblables (plusieurs fois j'ai trouvé que cette histoire de caméra embarqué était un peu tirée par les cheveux, la façon dont ils arrivaient à cadrer de certaines manières était parfois bancale, un peu ridicule et surtout le film n'a clairement pas l'air de rester sur son idée: il m'a semblé voir quelques plans qui n'étaient plus du tout dans le délire POV).

Mais bon vous l'aurez compris, Caïd ne cherche pas à réfléchir, ni sur le fond, ni sur la forme. C'est juste une série qui veut choquer, avec du drame, de la bagarre, des grosse embrouilles. Une série qui se noiera dans tout le reste du contenu Netflix, qu'on s'enfilera comme un énième divertissement fade. C'est dommage, il y avait pourtant matière à faire bien plus.