Peu après les célébrations d'Halloween, au début du mois de novembre, je me suis concocté une semaine spéciale animation japonaise où le mot d'ordre était "décalé / weird". A cette occasion, je revoyais non seulement des films connus et moins connus mais j'en profitais également pour visionner des OAV rares (car le plus souvent pas remastérisées ou portées sur DVD, du moins dans nos contrées). C'était par exemple le cas de Call me tonight, chroniqué dernièrement sur Sens Critique ( cf par ici ).
Enfin, plutôt qu'OAV (Original Animation Video), on devrait dire plutôt maintenant OVA (Original Video Animation)... Ce qui veut dire en fait la même chose ! Seulement voilà, au Japon le terme OAV ressemblant d'un peu trop près à AV (Adult Video soit le marché de la vidéo pornographique nippone), on a changé "un poil" les termes.
OVA donc, quoikesse ?
A la base il s'agit de courts-métrages et moyens-métrages (rarement long-métrage) produits et diffusés uniquement pour le marché de la vidéo pour le laserdisc et la VHS dans un premier temps, toujours encore aujourd'hui, sur support DVD et Blu-ray dorénavant. Contrairement au direct-to-video qui ne bénéficie pas de la case cinéma ou télé et induit donc pour les éditeurs et distributeurs un film potentiellement peu viable ou peu rentable (ce qui revient au même, le cinéma étant tout aussi bien une industrie qu'un Art, rappelons-le), l'OVA était crée directement pour la vidéo et pouvait avoir ses propres thèmes et son propre budget suivant le studio ou le réalisateur qui lui était alloué.
Ainsi l'une des premières du genre est dûe à Mamoru Oshii, il s'agit de Dallos en 1983. Apparemment médiocre dans son animation comme l'histoire et les thèmes chers à son auteur qui y sont à peine évoqués, cela reste une oeuvre devenue culte et le fait qu'elle soit invisible de nos jours rajoute fortement à cela.
Cet apparté historique un peu lourdingue étant posé donc, penchons nous sur California Crisis.
Sujet léger et rêveur (deux jeunes de deux générations différentes, des paumés de l'Amérique des 80's trouvent un globe spécial recherché par une puissante organisation américaine top secrète, ledit globe semblant livrer des visions étranges comme s'il était vivant...) au fort potentiel mais qui ne trouvera pourtant pas sa pleine résolution dans les 45mn qu'il dure.
Et alors que beaucoup de choses restent en suspens scénaristiquement (la fin à un léger goût inachevé de "tout ça pour ça ?"), le résultat s'avère toutefois une petite perle transcendée par son graphisme surchargé et la vision que les japonais ont alors de l'Amérique-Golden-Boy de Ronald Reagan. Soit des lumières magiques au néon, de la musique pop-rock jazzy jouée dans les boîtes de nuit, d'élégants bars ou drive in où se poser pour des burgers ou du café. Une vision qui me faisait moi-même rêver plus jeune quand je voyais des films des années 80's où l'ambiance bleutée de la nuit annonçait en quelque sorte des mondes à part sur fond de musique joyeuse quand elle ne fascinait pas par son électronique tangerine dreamienne.
Et finalement, ce petit machin est cool, je lui pardonne tout. C'est une jolie bulle de savon pop coloré comme on en voit plus si souvent. Volontairement naïve, tendre et jamais cynique. Et ça fait du bien. Voilà qui mériterait grandement une remastérisation dépoussiérée pour un pressage DVD ou Blu-ray de nos jours...