Cynisme : Mépris des conventions sociales, de l'opinion publique, des idées reçues, généralement fondé sur le refus de l'hypocrisie et/ou sur le désabusement, souvent avec une intention de provocation.
Il faudrait rajouter les termes : sarcastique, libertin, auto-destructeur pour dépeindre au mieux le caractère troublé du personnage Hank Moody interprété par David Duchovny dans cette nouvelle série qui cartonne sur Showtime tous les lundi à 22h30. L'ex-Mulder nous apparait dans un nouveau registre de son jeu d'acteur et excelle : celui de l'humour décadent.

Commençons par le pitch :
La série met en scène Hank Moody, écrivain quadragénaire en panne d'inspiration, en proie à une addiction aux drogues et au sexe qui rendent difficiles ses relations avec son entourage, notamment son ex-compagne Karen et sa fille adolescente Becca.
Ce qui fait la force de cette production c'est le ton irrévérencieux de son protagoniste. Les dialogues sont taillés au scalpel et les différentes situations dans lesquelles se trouve Mr Moody sont pour le moins cocasses !

Cette série m'a aimanté dès le premier épisode pour plusieurs raisons.

La première, j'en faisais état en préambule, c'est le cynisme du personnage qui évolue en pure misanthropie et sarcasmes parfois. Il s'agit du terreau comique le plus efficace pour me faire rire aux éclats !

En effet quoi de plus jubilatoire qu'un intellect stimulé ? Il existe plusieurs sortes d'effets comiques et loin de moi l'idée d'en bouder un seul mais j'ai ma préférence.
En humour aussi les victoires les plus belles sont celles acquises de haute lutte. J'entends par là que pour un rire de qualité il faut que le ressort comique soit audacieux.
Et dans Californication les dialogues pour faire mouche font appel à un brin de culture, une certaine connaissance des rapports humains (notamment sexuels !) et flattent aussi, c'est important, les côtés bas de ma personnalité : la moquerie et l'auto-suffisance.


Mais que c'est bon !!!


La seconde c'est la transposition de sa propre vie qu'on peut faire face à l'histoire qui est narré. Californication n'est pas seulement une joute de bons mots, linéaire et sans but. Il y a en toile de fond l'ambition de Hank Moody de reconquérir ce qu'il a perdu : sa femme et sa fille. Le tout est lié indubitablement à son métier de romancier et sa condition existentielle.

J'aime l'idée romantique, au milieu d'une vie qui ne l'est pas vraiment, du repenti prêt à tout pour avoir de nouveaux les deux êtres qu'il aime le plus au monde à ses côtés : sa femme et sa fille. Son combat est loin d'être gagné d'avance mais je trouve attendrissant le rôle de son ex-compagne qui se laisse trahir par son regard quand elle affirme ne plus l'aimer et qui n'écoute pas son coeur au profit d'une vie plus raisonnable.

Quand l'amour passionnel, fougueux, anti-conformiste s'oppose à une vie rangée, posée, sans failles auprès d'un mari peu charismatique mais mature.

La clef de l'histoire est là et nous amène à considérer à notre tour quelques instants dans quel camp nous jouerions : les rationnels ou les passionnés.


La troisième et dernière raison que je voulais évoquer c'est le côté trash de la série et en particulier pour ce qui concerne le sexe.
Autrefois les séries traitant des rapports hommes/femmes et à fortiori de ce qui se passait autour du lit était l'apanage du sexe faible. Nous avons du subir les élucubrations des affolées de "Sex and the city" et autres joyeusetés qui ont déversées sur les écrans la vision fantasmée de ce que devrait être une femme libérée sexuellement au 21ème siècle. Et pour cause, le public était majoritairement féminin.

Désormais avec Californication voici le pendant masculin (vous me pardonnerez l'image...) du "je couche et je m'assume", à la sauce Elle, télévisuel de ces dernières années. Ici les préocupations sont celles d'un coureur invétéré jouissant (pas qu'un peu) d'une réussite plus qu'insolente auprès de tout ce qui a un vagin dans son périmètre. Mais étant donné qu'il ne fonde aucun espoir dans les relations qu'il noue : ça évite de sombrer dans le mélodrame. Ingrédients d'une série plus masculine : du romantisme oui, mais pas galvaudé.



Hank Moody profite de son existence comme on se jetterait dans le vide : sans retenue. Ses excès sont un mélange de chair, d'alcool et de drogue. Les seuls remèdes trouvés par notre personnage pour faire face à son inspiration tarie et à la douleur de voir sa famille vivre sans lui...
ThierrySaadouni
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le 3 avr. 2013

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Lux  Aeterna

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