Saison1:
Ma première crainte s'est quelque peu estompée au fur et à mesure que la saison 1 progressait, mais demeure dans un coin de ma tête pour les prochaines saisons. Il s'agit de ce portrait de queutard, un poil alcoolo, je m'en foutiste, libertaire anar, dans un sens que les limites américaines permettent de le concevoir. J'avais peur que cette liberté, cette franchise dénuée de barrières consensuelles habituelles ne soient dépeintes en fin de compte comme des caractéristiques de la dépression, de la folie ou de la dépravation du personnage.
Dans une certain sens, le héros Hank Moody reste un héros : coolitude, générosité, courage physique, sincérité, sex-appeal, mais parfois les autres personnages et surtout l'évolution même de Hank laissaient supposer une version moralisatrice, à rebours certes, mais bien présente tout de même.
Pour résumer, j'avais l'impression que la série pouvait cacher un puritanisme faux-cul. Même si les scenarii des derniers épisodes évitent de déclarer de façon nette que Hank est un "dégénéré", il n'en demeure pas moins vrai que beaucoup de personnages qui gravitent autour de lui ont un regard puritain indéniable qui le suggère. Mais le trait n'est pas appuyé et bien souvent ces personnages sont tournés en ridicule. C'est heureux. J'aurais eu du mal à continuer l'aventure, malgré les deux autres saisons qui m'attendent (coffret 3 premières saisons).
Finalement, ce qui m'a bel et bien irrité, c'est sur les deux ou trois derniers épisodes, Karen, le personnage joué par Natascha McElhone, un personnage totalement incohérent. A la limite du supportable, elle est infoutue d'avoir une ligne directrice claire sur laquelle poser ses pas. Le dernier épisode est à cet égard très démonstratif de futilité, voire de cruauté. On y voit bien combien elle peut aller loin dans le grotesque. Somme toute,si le final est renversant, il manque nettement de vraisemblance.
Bon, on verra sur quoi ils vont tabler leur deuxième saison, mais j'espère un peu plus de retenue et de consistance dans l'évolution des personnages.
Pour le reste, les dialogues sont très plaisants, drôles, affutés. Les histoires ne sont très originales, mais elles se laissent suivre gentiment, notamment grâce aux acteurs parfois très bons. Une série aimable, sans plus.
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Saison 2::
Dans la première saison, j'avais cru apercevoir ici ou là quelques effluves de puritanisme mal caché, notamment dans le regard posé sur Hank Moody (David Duchovny), écrivain hédoniste malheureux d'être amoureux d'une femme qui ne ne l'aimait plus.
Sur la fin de la saison, je découvrai avec stupeur que Karen (Natascha McElhone), qui se refusait à lui, était capable du pire, à savoir du revirement le plus cruel et le plus puéril qui soit. Or, sur cette 2e saison, son personnage enfonce le clou de l'infantilisme et devient un des plus insupportables personnages qu'il m'ait été de suivre dans une série. Continuellement sur le dos d'Hank, elle abat un boulot monstre à le castrer (et pas seulement sur le plan métaphorique), à le vilipender pour un oui ou un non, à lui faire une morale continue, à l'engueuler, à lui faire des reproches la plupart du temps totalement injustifiés, tout en lui refusant la réciproque, alors qu'elle est manifestement plus immature que lui et d'une malhonnêteté intersidérale. En fait, elle passe son temps à faire une espèce de chantage affectif, à reprendre ce qu'elle lui avait donné, à redonner ce qu'elle va ensuite lui reprendre, et ainsi de suite, comme une petite fille égocentrique à qui l'on a envie de mettre plus d'une fois une bonne paire de claques. De fait, la fin de la saison 2 laisse espérer une saison 3 un peu plus aérée de ce point de vue. Reste qu'on a peine à comprendre ce que Hank peut trouver à cette folle, si tant est que les choses de l'amour puissent être compréhensibles. L'actrice est très belle, mais le personnage est à vomir.
Heureusement, avec cette saison 2, je me rends mieux compte que la série ne repose pas seulement sur ce couple aberrant. Il y a cette très relation fusionnelle entre Hank et sa fille Becca (Madeleine Martin). La jeune actrice a jeu très particulier. Son allure guindée, un peu rigide ne doit pas empêcher le spectateur d'apprécier sur certaines scènes la précision et la justesse de son jeu. De prime abord, on pourrait la croire malhabile, il n'en est rien. En tout cas, son jeu atypique se révèle parfois remarquable. Cette saison 2 est peut-être un peu moins "parlante" sur cette relation filiale. Il me semble que la 1ère saison l'abordait avec plus de régularité, s'appuyait davantage sur elle pour contre-balancer le dysfonctionnement du couple Hank/Karen.
Mais il y a un autre couple qui me plait bien, c'est celui des amis Marcy (Pamela Adlon) et Charlie (Evan Handler). Déjà lors de la saison 1, le marivaudage désastreux de Charlie était l'occasion de sketchs rigolos, plutôt festif dans l'humour. Ce couple là est essentiellement comique, peut-être plus rock'n roll qu'Hank. Dans le sens libertaire anar, il se pose là! Mais dans cette saison 2, le couple est encore plus en vedette, pour le meilleur comme le pire. Dans un premier temps, leur complicité donne lieu à un festival de n'importenaouquerie de la plus belle eau, explosion joyeuse de drôleries conjugales : les répliques de Marcy sont souvent jubilatoires et montrent que les auteurs de la série prennent autant sinon plus de plaisir à lui faire dire des insanités ou des mots d'esprit qu'avec Hank. Elle est le vecteur de saillies verbales qui rappellent la liberté et la percussion des meilleurs. Dans un second temps, leur évolution prend une tournure moins heureuse, mais leur parcours reste attendrissant.
Il y a un personnage qui continue d'être plutôt emmerdant : Mia (Madeline Zima) se révèle sans doute encore plus creuse et chiante que dans la saison 1. Vivement qu'elle grandisse et apporte quelque chose de plus juteux, parce que là encore elle reste invisible.
Petite découverte intéressante, la venue de Lew Ashby (Callum Keith Rennie) se révèle surprenante. Tout d'abord personnage un peu vain, il apporte une note à la fois humoristique et touchante aussi. Par moments magicien trouble, inquiétant à d'autres, l'acteur joue très bien sur l’ambiguïté du personnage pour composer quelqu'un de solide et bien réel en fin de compte. J'apprécie son jeu et l'évolution du personnage. Bonne surprise!
A part pour Karen qui tend vers des sommets de caricature, la série tient plutôt bien la route cette saison. J'ai eu peur qu'on s’appesantisse sur la relation Karen/Hank, or, ce n'est pas le cas. J'ai bien ri et les personnages deviennent de plus en plus attachants.
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Saison 3:
Troisième saison mi-figue mi-raisin. Maintenant je peux dire que j'y suis bien installé, confortablement blotti entre des personnages que j'aime à retrouver, quelque peu habitué au moralisme puritain un peu faux-derche qui suinte sur les mots parfois, en tout cas toujours ravi par les dialogues (« Skypus interruptus ») qui sur certaines scènes donnent toute l'épice grossière et néanmoins futée qui fait de cette série un petit objet désormais familier et addictif.
Mais cette saison, si j'ai apprécié de retrouver la loufoquerie du couple Runkle/Marcy (Evan Handler et Pamela Adlon) toujours aussi déjanté, si j'ai trouvé que la relative absence de Karen (personnage joué par l'excellente Natasha McElhone, mais personnages urticant au possible) allégeait considérablement l'atmosphère (jusqu'au final à nouveau hystérique grâce à Madame), si tout plein d'éléments viennent égayer les petites histoires de chacun, j'ai néanmoins trouvé que sur certains épisodes la maîtrise du sujet est un peu aléatoire.
Il y a un épisode en particulier qui me paraît même très lourdingue, celui où tous les personnages se retrouvent chez Hank dans une sorte de vaudeville pesant. C'est assez mal écrit et si épais qu'on s'étonne de cette trajectoire vers un maelström complaisamment braillard et théâtral. Le simplisme de l'écriture de ce scénario qui veut à tout prix résoudre tous les conflits en une seule fois jure par rapport à la relative bonne tenue à laquelle je m'étais finalement bien habitué. C'est en tout cas la première fois sur les trois saisons que je suis gêné par le style et le ton d'un épisode.
De la même façon, j'ai été plusieurs fois surpris par l'apparition beaucoup trop brutale des crises adolescentes de Becca (Madeleine Martin). Un peu trop artificiel, le procédé passe mal et gâche la trame.
Concernant le dernier épisode, le cliffhanger est juteux même si on pourrait trouver excessive la manière dont les événements s'enchaînent et comment certains personnages réagissent, en premier lieu la chère Karen, mais Hank Moody lui-même déraille sérieusement. Toutefois, cette nouvelle situation compliquée s'avère être une belle carotte pour zieuter la saison 4.
Il y a un truc que je ne remarque véritablement lors de cette saison, c'est l'accompagnement musical. Lors des saisons précédentes, le style ne m'avait pas spécialement accroché l'oreille. Sur la saison 3, à plusieurs reprises, j'ai trouvé le choix musical, surtout sur le générique de fin, plus que justifié, emballant et électrique.
Reste que l'élément fort de la saison n'est pas musical, encore que. C'est la participation explosive de Kathleen Turner. Dans un personnage semblant condenser toutes les vulgarités, elle s'est permis de jouer avec une outrance réjouissante de drôlerie. D'évidence, elle prend son pied à interpréter cette femme d'affaires lubrique. Le duo qu'elle mène avec Runkle (Evan Handler) est succulent et m'a fourni en esclaffades de rigolade à chacune de leurs joutes.
J'ai pu aussi noter qu'en général cette série savait se doter de très bons comédiens pour les seconds rôles. Cette année je me réjouis de la présence de Peter Gallagher et de Diane Farr.
Voilà, il va falloir que je continue et que je trouve au plus vite la saison 4. Damned, je suis fait comme un rat !