Jenny Lee arrive dans le quartier pauvre de Poplar à la fin des années 50 pour commencer à travailler comme sage femme au sein d’un ordre de bonne sœur accoucheuse. La jeune femme venant d’un milieu relativement privilégié va découvrir l’état dans lequel la pauvreté et la guerre ont laissé ces familles alors que vient juste d’être mis en place la NHS (sécurité sociale).
On dit souvent que nous sommes en pleine âge d’or des séries, et je crois que c’est vrai. Mais souvent la nouvelle qualité des séries est limitée à une poignée de très bonnes séries de qualités qui s’inspirent du cinéma pour raconter des histoires différemment alors que le reste des séries restent encore et toujours figées dans la même formule et les mêmes clichés. « Call the midwife » est une série qui arrive à faire le pont entre les deux. Nous avons ici une série qui peut se regarder en famille sans trop se prendre la tête, un drama historique comme cela semble être la mode outre-manche et dont on peut rater un épisode sans être complètement perdue. Mais la série a incorporé les leçons tirés de la nouvelle façon de faire de la télé. Pour m’expliquer prenons en exemple la série Dr Queen, qui fondamentalement est très proche : une jeune femme arrive dans un milieu pauvre/reculé pour soigner la population. Là où Dr Queen ressemblait vite à un cours d’histoire ou de médecine, on pouvait au début de chaque épisode presque imaginer une institutrice venir et dire « Aujourd’hui classe nous allons parler du Klu Klux Klan/des maladies nosocomiales/des débuts de la chirurgie esthétique pour victimes d’accident grâves …» Call the midwife arrive à rester plus subtile. Bon pas toujours, le traitement de l’homosexualité par exemple fait un peu cet effet, mais de manière générale ça ne se voit pas trop. De la même façon dès sa saison 2 Dr Queen se perdait dans des histoires d’amours compliquées, le cliché du « love interest » qui n’avance pas et des prises de têtes à rallonge. Ici la série développe un ensemble de personnages touchants et intéressants et les fait évoluer sans que cela ne prenne trop le pas sur l’intrigue. Je dois avouer qu’une chose m’a toujours énervé dans l’écriture des séries, c’est la peur des scénaristes de la relation de couple. Les personnages sont soit dans un état de cycle perpétuel drague/rupture sans espoir où dans un mariage désastreux. Ici les relations de couple avance assez vite les personnages se rencontrent, se marient ont des enfants et une vie de couple heureuse et continue à exister. Les scénaristes ne passent pas leur temps à inventer des problèmes insensés que personnes n’aurait. Au contraire on nous montre des maris sensés et des couples qui se parlent et qui règlent leurs problèmes. La série ne ressent pas le besoin d’insister sur de longues déclarations d’amours ou des baisers passionnés pour faire ressentir l’amour que les personnages ont l’un pour l’autre. Il est aussi agréable de voir un ensemble de personnages réalistes et diversifiés. Jeunes/vieux, hommes/femmes, beau/moins beaux sont représentés et à peu près tout le monde a sa chance de briller. D’ailleurs, je trouve les personnages masculins récurant bien écrit car encrés dans leur époque mais pas clichés et compréhensif. Ils ne sont ni les vilains ni les héros. Une autre qualité de la série est de nous montrer l’évolution de Poplar. Au début de la série ont est presque toujours dans des habitations insalubres et il est souvent fait référence à la reconstruction du quartier et aux relogements. Arriver à la saison quatre les familles vivent plus souvent dans de nouvelles barres d’immeuble à peine construites, les familles sont plus petites et le quartier évolue et sort un peu de la misère. Peut-être que certains regretterons l’imagerie du début mais je trouve ça assez intéressant de montrer l’évolution du quartier et des conditions de vie à un moment charnière de l’histoire de l’Angleterre.
Et puis sur une autre note, il est rafraîchissant en cette période de remise en cause des avancée sociale (des deux côtés de la Manche) de voir les raisons de mise en place de la sécurité sociale et les avancés que cela a amené. Mais aussi d’avoir une représentation des problèmes des femmes, de leur santé, de leur place dans la société et des avancés faites en 60 ans.
Enfin, l'imagerie, les costumes, les décors et surtout la musique sont choisis avec minutie et mettent parfaitement en scène l'époque dans laquelle la série se passe. Et même si ça peut paraître un peu trop pour certain, j'aime bien le rappel par touche de l'évolution de la société, surtout au travers des critiques de Soeur Evanglina qui ne supportes pas plus la présence du père en salle d'accouchement que les accouchements systématique à l'hopitâl.
Après, la série n’est pas tout à fait exempte de défaut. La voix off qui ouvre et conclue les épisodes en parlant systématiquement d’amour devient vite répétitive. Bien que j’ai beaucoup de tendresse pour les nonnes, qui sont mes personnages préférés (les quatre premières), ont peu les trouver un peu clichés, la nonne qui a toujours une réponse sage, celle qui semble dure au premier abord mais cache en réalité un grand cœur et celle qui doute de ses vœux. Si vous détestez sister act passez votre chemin. Et enfin, la saison quatre m’a parfois semblé moins bonne, mais ça peut-être un problème personnel face au changement, car la moitié du casting est remplacé par des personnages auxquels j’ai du mal à m’attacher.