Cauchemar en cuisine (UK) par Alligator

Dans l'étroit concept de la télé réalité "mise en scène", cette émission se pose comme une illustration parfaite et pas trop putassière.

Le canevas de l'émission est toujours identique dans sa structure. D'ailleurs, à force de regarder ces émissions, on sait à l'avance ce qui peut se passer, comment les protagonistes vont réagir, à commencer par l'animateur Gordon Ramsay avec ce petit univers qu'il est censé bousculer.

Gordon Ramsay, c'est un peu le Columbo de la gastronomie, on sait ce qu'il va en gros se passer, mais on veut voir l'étendue du problème et la manière qu'il a de le régler. La curiosité joue le premier rôle, comme dans n'importe quelle fiction : à quel type d'olibrius va-t-il avoir à faire? Incompétence, inculture professionnelle, mauvaise foi, ego sur-dimensionné, dépression, grosse névrose ou psychopathologie plus grave, juste un manque de communication, bêtise la plus crasse? A quelle sauce va-t-il les manger? Parce que dans l'échec d'un restaurant, il y a toujours un peu les mêmes ingrédients, on s'amuse à voir ce grand Écossais gesticulant et vociférant des "ohhhh my god!" et des "fuck me!" se colleter avec l'incroyable variété des petits abandons, ces défaites humaines qui peuvent amener à la faillite. Il le fait avec d'autant plus de passion et bien souvent avec beaucoup d'humour et quelques belles émotions. Il y a souvent derrière ces restaurants en grande difficulté des gens qui souffrent véritablement, en raison d'un investissement démesuré.

C'est également une émission qui permet aux téléspectateurs de comprendre, d'assimiler bien des choses sur le monde de la restauration, le travail que cela implique, les vies qui sont derrière le comptoir, les joies et les peines vécues.

A priori, je ne devrais pas aimer ce genre de trucs, et pourtant j'ai plaisir à mettre ces conneries plutôt que le spectacle affligeant et biaisé des infos en continu. Je regarde de moins en moins la télévision. Je suis néanmoins volontiers devant mon poste à l'heure de manger devant le replay d'un "cauchemar en cuisine", pour suivre cette "réalité fabriquée".

La mise en scène est plutôt bien faite, même si visible (mais c'est heureux, cela ne leurre personne). Disons qu'elle doit beaucoup au montage, ce que n'avait vraiment pas besoin de nous rappeler le générique de fin. Étant donné que le scénario est toujours le même : Gordon Ramsay goûte, c'est dégueulasse, il démonte tout le monde à midi et se barre, il revient pour le service du soir, il voit le restaurant en coulisse (incompétence, désorganisation, qualité médiocre ou surgelée des aliments, saleté des cuisines et de la chambre froide, il re-démonte tout le monde, les jours suivants il répare, essaie de remobiliser, de redonner la vue aux aveugles qui ne veulent pas voir, on remet à neuf le restaurant (et la cuisine parfois si nécessaire), réouverture du resto en grandes pompes, incident de dernière minute qui risque de tout foutre en l'air mais rétablissement ultime, ouf le restaurant a toutes les cartes en main pour se renflouer et voir l'avenir radieux à l'horizon, youpi!