En résumé : à voir...
La série démarrait mal pour moi avec ce que je déteste chez certain-e-s metteur en scène, chorégraphes, réalisateurs voir chef d’orchestre (si, si). La tendance à être dans des demandes pas claires qui permettent tout et n’importe quoi, de ne jamais être satisfait, de pousser les gens dans des retranchements inutiles, ce qui peut mener à la manipulation.
Les femmes ne sont pas en reste pour les manipulations malsaines. C’est bien montré dans « Compétition officielle » (la scène de « drague » face au miroir) même si l’humour général désamorce malheureusement cette critique spécifique dans ce film. Je trouve que c’est un gros défaut du milieu artistique.
Certains acteurs, danseurs, chanteurs cherchent ça. Iels viennent en plein connaissance de cause pour fouiller en eux, à la limite de l’art thérapie peut-être même. Mais là on est avec des ados qui n’ont aucune notion de tout ça, qui n’ont pas signé pour ça.
Certes, ça devait être bien plat avec la prof en terme de théâtre. On comprend aussi dès le premier épisode le saut qualitatif qu’il peut leur proposer. Les faire passer du texte (c’est la seule chose que fait la prof visiblement, et peut-être bien d’ailleurs) au théâtre.
La série se rattrapera parce que le nouveau prof s’excuse quand il va trop loin. Il montre qu’il cherche quelque chose en terme de théâtre et pas pour torturer les jeunes. J’ai fini par retrouver mes années de lycée avec des intervenants de ce type qui ouvrent les portes sur des possibilités intérieures, de groupe, esthétique tout à fait nouvelle et vraiment très importantes.
Finalement, ce que le processus a de dangereux par ambiguïté potentielle est rapidement désamorcé au profit de la rencontre de soi et des autres (l’actrice qui finira par préférer être auteur, c’est beau ça aussi de rencontrer ses limites, ses désirs et ses possibilités). Les jeunes sont très beaux à suivre dans leur élans et leurs fragilités. De ce point de vue, c’est très bien fait.
J’aurai juste préféré qu’il leur explique où il voulait aller, qu’il travaille avec leur consentement et leur intelligence. Une petite exposition de pourquoi on travaille comme ça au théâtre, ce qu’on va chercher de vérité en soi, le rapport à la physicalité (quand même, depuis Grotovsky, le rapport au corps est au centre du travail de la plupart des troupes, on peut en expliquer l’historique...).
Oui, ça aurait appesantit les choses, surtout pour une mini série d’épisodes courts. Mais c’est peut-être quand même nécessaire. C’est comme en amour, c’est peut-être plus magique de faire les choses qui viennent sans avoir à parler, mais se poser un petit peu pour parler consentement de temps en temps, c’est pas si mal non plus. Il y a vraiment de ça dans cette série.
J’ai eu de plus en plus d’émotion dans cette série mais je ne pourrai pas lui donner la note élevée que j’aurais aimé lui attribuer à cause de ça. Elle a fait mouche avec la dernière séquence du dernier épisode. Je savais avec acuité que je ne revivrai jamais ce que j’étais en train de vivre et me voici 35 ans plus tard dans le miroir du temps en train de me contempler dans ces jeunes. À vivre leur émotion mais celle aussi lointaine de quelqu’un que je fut.
Jeunes artistes, ne vous laissez pas embarquer dans des endroits où vous ne voulez pas aller. On a envie de se réaliser, de se prouver et comme un sportif de haut niveau, on veut toucher les limites de soi. Il y a aussi beaucoup de gens sur le marché, ce qui met la pression et rend difficile de refuser certaines choses. On finit par croire qu’accepter le maximum fait partie du job, jusqu’à accepter l’inacceptable.
L’émotion de cette série me pousserait à mettre la note maximale mais je suis trop gêné par l’ambiguïté de départ. L’énergie des personnage se mêle à la joie des acteurs d’avoir un premier rôle. La série semble être la métaphore de son propre tournage (ce qui est une bonne chose en général). La sincérité est à son paroxysme et c’est ce que j’en retiendrai au final sans que l’émotion, qui est la force de la série, ne vienne occulter les problèmes que j’y trouve aussi.
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7/10
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