A voir... A voir pour se faire une idée de l'intersexualité, sujet tabou et évité partout, dans les discussions en ville ou à la campagne. Sujet tabou parce qu'il est tentant de parler d'anomalie, aidée en soi par un monde médical trop calé sur des principes d'hétérosexualité : il y a les mâles et les femelles. Point ! Tout le reste n'est qu'anomalie... Avec toutes les conséquences qui peuvent bouleverser la vie des concernés, dès leur plus jeune âge.
Et ces conséquences peuvent être redoutables surtout lorsque le sujet tombe entre les mains d'ados jaloux, en cours de construction, aveugles des répercussions provoquées par leur maladresse voire leur méchanceté.
Cette série nous éclaire de belle façon sur tous ces problèmes que peuvent vivre des individus pas préparés à aborder la vie et ses horreurs. Ici, c'est Angèle Metzger, la lumineuse interprète de Sasha, jeune personne intersexuée de 17 ans. Bientôt, elle voudrait devenir fille à sa majorité, mais ses parents, encouragés par le corps médical avait commencé par en faire un garçon dès sa plus tendre enfance. De cette situation, en découle des séquelles compliquées à gérer, d'abord anatomiques, des incompréhensions de son entourage, des violences involontaires provoquées par les copains et copines, des maladresses de jalousie lancées par sa soeur Pauline.
Au fil des épisodes, on comprend que le sujet pollue les relations entre les personnages de la famille. Chacun croit pouvoir tenir une solution, un conseil, une idée, mais c'est sans compter le ressenti de Sasha, souvent incomprise, méprisée voire critiquée. Un peu comme si elle devenait la faute qui gêne la mise en place d'une harmonie familiale.
L'approche de la réalisation (Yaël Langmann) est pédagogique, humaine, judicieuse, et bien aidée par une interprétation choisie avec attention. L'étonnante Daphné Bürki, inattendue dans cette série, joue une maman parfois un peu perdue, mais toujours généreuse et attentive. Grégoire Colin est le père un peu bougon, maladroit, dépassé, parfois vulgaire, mais tendre quand il le faut, et cherchant à assumer au mieux ses responsabilités. Quant à Pauline, la petite soeur, idéalement interprétée par Saul Benchetrit, elle est tiraillée entre les souffrances de son aînée, sa soif de reconnaissance et son envie de bien faire malgré d'énormes maladresses aux conséquences désastreuses.
Voici une superbe série qui mérite le détour et toute votre attention... C'est une série utile et nécessaire.