Comme d'habitude, je ne ferai pas mine d'être "objectif".
Cette série m'a donné mal au ventre. Le premier soir, je me suis dit que le jambon avait son rôle dans l'affaire. Mais le troisième soir, alors que je commençais déjà à me lasser et qu'il ne restait que deux épisodes de la première saison, ça m'a repris : ce truc me nouait les tripes.
J'avais oublié pareille implication dans une oeuvre de fiction.
Le schéma est classique, et s'il restait des zones d'ombres thématiques, le personnage principal et ses rencontres serendipiteuses se chargeraient de rendre les enjeux explicites. On a beau être très intelligent, on se laisse piéger par ses émotions. On peut toujours être un spécialiste reconnu en neuropsychologie, expert auprès des tribunaux, on ne lit pas les autres comme des livres ouverts...
Mais s'il était besoin de le préciser, cette aptitude à se laisser manipuler par ses sentiments ne fait-elle pas le sel de la vie ?
Cette variante sur le thème éculé du "Facteur sonne toujours deux fois", doit développer les personnages secondaires afin de tenir la durée de 10 épisodes. J'ai commencé à me demander l'intérêt de fouiller le passé du mercenaire (très bien incarné sur un mode monolithique par l'ex-frérot d'Earl dans la série du même nom) que s'adjoint notre bon docteur pour accomplir ses méfaits. Et il faut bien le dire, ça prépare le terrain pour la seconde saison.
Et son monde de vétérans sans abri... Me semble un peu tiré par les cheveux. On dirait qu'il intervient pour justifier les compétences du gars après que les auteurs ont décidé de l'humaniser en lui inventant un passé traumatique. D'un autre côté je ne me suis pas renseigné, ça existe peut-être, ce genre de solidarité dans la misère, j'ignorais que ça pouvait aussi concerner les anciens militaires, qu'un esprit de corps prépare pourtant logiquement à ce genre de regroupement - bien que s'ils sont capables de s'organiser comme ça (sans être trop invalidés par d'éventuels traumas) , pourquoi choisir de vivre en dehors de la société? Par convictions politiques survivalistes?
Mais leur relation est savoureuse (c'est un peu comme si Igor créait son Frankenstein), et propice à quelques notes d'humour qui fonctionnent d'autant mieux qu'elles viennent soulager la tension. Et réussir ça, c'est assez virtuose (belle coordination de la part du scénariste, du réalisateur et des acteurs).
En restant subjectif, je dirais que la série est très accrocheuse, et à moins d'être incapables de supporter d'écouter la même "musique" minimaliste pendant 8 heures (et d'avoir besoin de vous changer les idées, ou de dormir) , certains d'entre vous sont probablement susceptibles de la regarder en une fois. D'ailleurs, j'ai interrompu ma première session de visionnage cinq minutes avant la fin d'un épisode à mi-saison, et j'ai bien fait, car il s'achevait sur un clliffhanger gratuit, qui aurait pu me couper l'envie de voir la suite. L'esprit de contradiction, que voulez-vous.
Heya heyaaa yaaa