Chernobyl
8.5
Chernobyl

Série HBO (2019)

Voir la série

Il va falloir cesser de se pâmer devant Chernobyl.


Cette série bénéficie de belles qualités :



  • Une photo nickelle ; un cadrage plutôt pas mal dans l'ensemble

  • Une interprétation au top par les comédiens (Jared Harris = le type qui peut sauver une série à lui tout seul => Terror).

  • La scène sur le toit qui est complètement folle

  • Un rythme qui aurait pu être méga chiant mais se tient globalement (sauf pour l'épisode avec l'éradication des chiens)


Une fois que ça on s'est mis d'accord dessus, s'agirait de redevenir un peu objectifs car plusieurs points problématiques condamnent définitivement le projet :


1: La langue


J'ai vu ça et là qu'on comparait la série à ce que'était the Wire. Alors ça se la joue réaliste, on va décortiquer tous les fait, mettre au jour les effets de systèmes, s'intégrer dans le game pour révéler quelque chose qui serait de l'ordre de la "vérité". OK faut juste rappeler que ce qui fait la force de the Wire c'est que c'est vraiment tourné à Baltimore, avec des comédiens locaux et même des non pros habitant vraiment là bas.


Dans "Chernobyl" on fait venir des comédiens qui n'ont rien à voir avec l'URSS, qui parlent un putain d'anglais et qui ont des tournures de phrases modernes. On se retrouve avec des absurdités, par exemple cette séquence avec des exterminateurs de chiens qui parlent anglais devant une banderole en russe. A la fin ils font une blague sur ce qui est écrit dessus. La seule raison pour laquelle cette blague marche c'est que le spectateur supposé anglophone (ou du moins ne lisant pas le cyrillique) ne pouvait pas anticiper ce qui était écrit dessus avant que ce soit dit et sous-titré. Du point de vue de la mise en scène, un tel geste est celui d'une petite poucave qui exploite son peu de talent pour niquer les spectateurs les plus faibles plutôt que s'en servir pour les élever (Rappelez vous Tarantino et son usage de la langue, des accents et des sous-titres dans "Inglorious Bastards" et on en reparle du "génie" de cette série).


Les critiques francophones sont assez cons pour ne même pas se poser la question (de toute façon, ils voient les séries mais ne semblent pas vraiment les regarder). Pourtant ils auraient été les premiers à gueuler, et à raison, si HBO avait fait une série sur la guerre d’Algérie avec tout le monde qui parle un anglais moderne.


Il semble que vu qu'on parle des soviets, un racisme inconscient fasse penser que de toute façon les ukrainiens c'est bon à faire du boulot offshore mais que quand il s'agit de jouer dans des séries triple A il s'agirait de redevenir sérieux et faire appel à ceux qui savent. Les andouilles.


2: Les personnages


Une série qui respecte la complexité de son sujet. Quand je lis ça j'ai l'impression de voir mon fils tout fier parce qu'il a réussi à faire entrer un cube dans une forme carré. Les mecs c'est ça votre niveau d'exigence pour parler de la soi-disant meilleure série de tous les temps ?


Sans s'attarder sur les quelques caricatures (la femme du pompier par exemple) on a surtout le personnage de la scientifique qui, au-delà de pas être bien écrit, est un fake total :


La personne n'a jamais existé, elle est sensé représenter une centaine de scientifiques qui ont aidé le scientifique principal. Ces types étaient en grande majorité des hommes, ce qui change pas mal la donne non ? Vous en diriez quoi si parce que c'est plus facile pour un film sur la Révolution Française je représentais l'ensemble des députés du tiers état par une jeune femme de couleur ?


Parce que la série est lente et s'attarde un peu sur les arcanes du pouvoir, cela ne suffit pas à en faire un putain de document.


3: Propagande :


Je veux pas faire le vieux con mais faut voir ce qui est : Chernobyl fait tout pour se faire passer pour une série sérieuse sur un thème sérieux... Mais au final simplifie beaucoup son sujet.


Spoiler (mais j'en ai rien à foutre) : la catastrophe est due à 2 facteurs :



  • Les mensonge d'un état qui par nature est menteur (chaque strate
    hiérarchique du gouvernement ment systématiquement, sauf le pote du
    héros au bout de 2 épisodes)

  • La radinerie d'une URSS incapable de produire de la richesse comme l'occident.


Désolé mais l'URSS et la sûreté nucléaire sont 2 sujets malheureusement plus compliqués.


Pardon mais mettre dans le son des crépitements quand on film du matériel radioactif pour faire comprendre que c'est irradié et dangereux c’est juste de la mise en scène de merde : industrielle, sans créativité aucune, sans saveur. Après on peut apprécier. Moi par exemple j'aime bien manger un McDo de temps en temps, mais je vais pas m'étaler sur Twitter en racontant que j'ai mangé le meilleur burger du monde.


Voilà. On peut aimer les films de propagande, j'ai rien contre Dziga Vertov, Eisenstein ou même Chaplin... Par contre ne pas se rendre compte de tous les biais de ces films ou pire, prendre au premier degré les récits projetés, c'est l'oeuvre de pauvres d'esprits.


Qui aime bien châtie bien

Dlra_Haou
6
Écrit par

Créée

le 16 juin 2019

Critique lue 972 fois

8 j'aime

12 commentaires

Martin ROMERIO

Écrit par

Critique lue 972 fois

8
12

D'autres avis sur Chernobyl

Chernobyl
Sergent_Pepper
9

Science, inconscience, ruines et larmes

Malin, malin, malin… le mot ne cesse de revenir à l’esprit, dès l’ouverture de ce petit fleuve de 5 heures pour une immersion dans les eaux contaminées de l’Histoire. Maline, cette idée de commencer...

le 12 juin 2019

149 j'aime

10

Chernobyl
drélium
8

Soft Power Plant

Le premier épisode est la chose la plus terrifiante qu'il m'ait été donné de voir depuis longtemps. Une menace sourde s'empare de la pellicule dès les premières secondes. Tellement terrifiant que...

le 14 juin 2019

109 j'aime

3

Chernobyl
guyness
8

Dies iradie

Le 26 avril 1986, alors que des tubes aussi prémonitoires que "ouragan", "burning heart" ou "in the heat of the night" inondent les ondes françaises, une extraordinaire combinaison de bêtise humaine,...

le 10 juin 2019

101 j'aime

17

Du même critique

Cloud Atlas
Dlra_Haou
9

Transgenre Next Gen

All boundaries are conventions waiting to be transcended. Le cinéma des désormais frère et sœur Washowsky est un cinéma politique. Non pas un cinéma politique au sens militant ou revendicatif, mais...

le 7 avr. 2013

9 j'aime

4

Chernobyl
Dlra_Haou
6

What is the Cost of Lies ?

Il va falloir cesser de se pâmer devant Chernobyl. Cette série bénéficie de belles qualités : Une photo nickelle ; un cadrage plutôt pas mal dans l'ensemble Une interprétation au top par les...

le 16 juin 2019

8 j'aime

12

Fleur de tonnerre
Dlra_Haou
3

Le cinéma imprimé

“Tout cela est mal écrit, mal joué, chanté faux, mais ça se vend quand même”. Fleur de Tonnerre - P.256 Fleur de Tonnerre, c'est un peu l'occasion de dire tout ce qu'on pense de Jean Teulé. Aussi...

le 10 juin 2013

7 j'aime

1