Relatant la catastrophe de 1986, à travers le destin de différents personnages (le principal étant Valery Legassov), Chernobyl se veut une mini série adoptant un réalisme parfois cru et brutal, une volonté de mettre en avant les erreurs humaines mais surtout les mensonges d'état ainsi que les attitudes égocentriques de certains responsables, un ton didactique et presque pédagogique (mais bien amené, que ce soit par les ignorances fort compréhensibles de la population de l'époque mais aussi du ministre Scherbina).
Le résultat est captivant, tant sur le plan scénaristique (avec quelques personnages hauts en couleur pour agrémenter le tout) que sur celui de la réalisation. La photographie est souvent magnifique notamment sur les éclairages dont le parti pris fonctionne tout du long, avec cette froideur paradoxalement belle et subjuguante.
Mais au-delà de tous ces mérites sur la construction intrinsèque de cette série, c'est avant tout son propos, ce qu'elle révèle de l'homme dans tout ce qu'il y a de bon et de mauvais, qui fait que l'on ne décroche jamais durant ces cinq épisodes. La cupidité, l'orgueil d'une nation blessée, l'ambition de certains cadres du parti mais aussi leur servilisme aveugle contraste avec la générosité et le sens du sacrifice honorable du peuple, des mineurs, de certains scientifiques...
C'est malheureusement un constat d'échec d'un état, d'un gouvernement, qui ne fait pas honneur à son peuple mais finit par le desservir, lui causer du tort. Physiquement, à travers les morts, les blessés, les malades, les expulsés... mais aussi moralement en dégradant les valeurs, les vertus du peuple russe.
La série met tout cela parfaitement en valeur et conclut par le constat terrible des conséquences des mensonges d'état, de la préservation de versions officielles trompeuses et scandaleuses.
Chernobyl est vraiment une série à voir, intelligente, divertissante et pédagogique sur bien des aspects, même si elle n'est pas toujours facile à supporter au vu des horreurs qu'elle montre à l'écran.