Chihayafuru 3
8.1
Chihayafuru 3

Anime (mangas) (2019)

La hype est un phénomène bien mystérieux. Le succès de Chihayafuru est un bon exemple. Comment une série sportive basée sur un jeu de carte nippon mélangeant aspect poétique, éducationnel et culturel a-t-elle pu plaire autant, surtout auprès du public occidental ? Voir cet anime aussi discuté sur divers forums de discussion a certainement été l’une de mes plus étranges observations de 2012. En 2020, l’étonnement prend forme de manière opposée et dans mon coin d’internet, force est de constater que les vers du karuta résonnent désormais dans un vide grandissant, ce qui est fort dommage car Chihayafuru reste une série assez unique, pourvue de nombreuses qualités.


Il y a quelque chose de réconfortant à retrouver après autant de temps une suite capable de reprendre son cours comme si son dernier épisode avait été diffusé la semaine précédente. Ce nouveau Chihayafuru n’offre pas beaucoup de changements mais il y a pire défaut que la constance et si vous regardez cette troisième saison, vous serez sans doute ravis d’apprendre que l’essence de la franchise est restée intacte malgré les années. Nous pouvons pour cela remercier le studio Madhouse et plus particulièrement l’équipe sous la baguette de Morio Asako qui adapte encore une fois de manière quasi irréprochable l’oeuvre de Yuki Suetsugu. Chihayafuru continue de portraire le karuta autant comme un art que comme un jeu compétitif, avec des visuels expressifs et une ribambelle de personnages aux motivations variées.


Bien sûr, garder les mêmes formules après autant d’épisodes n’est pas sans ses inconvénients et les défauts, de plus en plus apparents selon moi, sont également de retour. Le karuta par exemple, pour toute sa beauté, ses variantes et l’habilité requise à plus haut niveau, a aussi un côté répétitif dans son déroulement et l’on ne compte plus le nombre de fois où les matchs finissent en tirage au sort de la dernière carte, un ressort narratif qui commence à lasser en ce qui me concerne. Il en a va de même pour le traitement d’une certaine partie du casting ; les nouvelles recrues du club de Chihaya (Sumire et Tsukuba) sont toujours aussi accessoires mais même des membres principaux comme Tsutomu et Nishida ont bien peu de place dans cette troisième mouture. L’enchaînement des matchs laisse dans l’ensemble peu de place pour des interactions en dehors du cadre sportif.


Néanmoins, les personnages de Chihayafuru continuent d’être la plus grande force de cette oeuvre et pour l’occasion, cette nouvelle série emploie des poids lourds. En effet, certains joueurs charismatiques au plus haut niveau du karuta, tels que Harada (dont le seiyuu, l’inimitable Unshou Ishizuka, est malheureusement décédé entre-temps, en plus de la doubleuse de l'institutrice du club, Toshiko Fujita), Shinobu, et surtout le maître Suo, qui avaient jusqu’ici une présence secondaire, sont mis au centre de la scène. Grâce à une exploration plus poussée de leur passé et une anticipation mieux construite de leur principaux matchs, l’anime crée dans ce troisième volet des compétitions captivantes, et ce sans forcément se reposer sur son trio principal : Arata, Chihaya et Taichi.


Concernant ces derniers, des développements notables transpirent et meuvent le long statu quo qui jusque là avait été laissé largement en suspend. Ces changements sont clairement une réminiscence des vers des hyakku ; tout en mélancolie et dans la contemplation de l’inconstance du temps. Ce ton, surtout présent lors des derniers épisodes, contraste beaucoup avec l’atmosphère plus positive, parfois un peu mièvre, des saisons précédentes. Ni Arata, trop distant, ni Chihaya, trop immature, ne sont taillés pour ce triangle amoureux de plus en plus imminent, mais est-ce l’excellente direction du pénultième épisode ou bien mon attachement nostalgique envers les protagonistes ? Je ressors en tout cas, malgré une conclusion peu conclusive, convaincu par son drama.


En somme, Chihayafuru continue d’être obnubilé par un karuta parfois trop étouffant, et utiliser les rares bouffées d’air frais dans des troubles amoureux éreintants pourrait mener l’aventure vers l’asphyxie dans le futur. Mais en ce qui concerne la troisième saison, Chihayafuru nous rappelle qu’il possède un charme spécial qui continue de briller. Pour les personnes n’ayant pas encore eu vent de cette suite ou les lecteurs errants qui seraient tombés par hasard sur cette critique, je continue de conseiller chaudement cet anime.

Skidda
8
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le 17 janv. 2021

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Skidda

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