La passion et la poésie cachées derrière le désinfectant

Ce drama pétillant est basé sur le thème original et décalé de l'hygiène et des sociétés de nettoyage. Nul doute qu'il réussira à minima à changer votre perspective sur ce métier par l'optimisme et la philosophie qui s'en dégagent. Mais il serait dommage de s'en tenir là car cette série est bien plus que cela.

Le 1er épisode, intitulé « leur histoire », présente avec une énergie communicative les deux personnages principaux placés d'emblée dans des positions extrêmes : d'un côté, Jang Seon Gyeol, PDG d'une société de nettoyage, hautain, plutôt rigide et surtout affecté d'un syndrome de mysophobie dont on comprendra plus tard l'origine. De l'autre, Gil Oh Sol, une jeune femme enjouée et impulsive mais qui va d'échec en échec. Ce premier opus est parfois délirant mais vraiment savoureux, comme cette scène mémorable qui voit Gil Oh Sol courant dans les rues de Séoul, coiffée d'une tête de cheval et suivie par une foule en liesse : une entrée en matière qui décoiffe !

« Commencer, c'est déjà la moitié du travail fait » dit un proverbe Coréen. C'est pourtant à partir du second acte que l'on rentre dans le vif du sujet. Servie par une formidable BO, le scénario déroule sa pelote avec un art consommé des rebondissements et des coups de théâtre. Sans temps morts, le spectateur est emporté pour 16 épisodes qui paraissent bien courts. Par petites touches, des thèmes plus profonds émergent à travers une multitudes de scènes intimistes; avec tendresse et humour, les personnages principaux sont peu à peu dévoilés. Se débattant dans leur propre histoire, nos deux héros se croisent au hasard d'un destin facétieux et nous paraissent soudain très attachants.

L'inventivité visuelle est remarquable : Jouant avec les couleurs des tenues et les ustensiles les plus communs, la mise en scène magnifie certaines scènes avec une grande économie de moyens. Il faut savourer la magnifique séquence du parapluie rouge de l'épisode 8, une petite merveille de poésie et de délicatesse qui la place parmi les joyaux du genre.

Eléments essentiels, les rôles secondaires ne sont pas oubliés : Yu-Seon, formidable dans le rôle de la fidèle secrétaire (Mme Kwon), Kim wong-Hae (Le Père de Gil Oh Sol) et Ah Seok-Hwan (Le grand père de Mr Jang), incarnant avec justesse l'ancienne génération, ses traditions et ses codes avec lesquels il faudra composer pour construire tout futur.
Grace à eux, l'histoire est aussi un voyage dans la société coréenne actuelle : la difficulté à trouver sa place dans le monde du travail mais aussi la solidarité et l'amitié qui s'y développent en réaction, le conflit grandissant entre désir d'émancipation et tradition néo-confucéenne, le rôle clé de la famille et du patriarcat, la corruption des Chaebol (le tournage a eu lieu après le procès historique en 2018 de la présidente Park Geun-Hye). Parfois survolés, ces thèmes n'en sont pas moins intelligemment mis au service des personnages et de l'histoire.

Enfin, la réussite de cette romance tient aussi et surtout aux deux interprètes principaux. Grace à eux, les dialogues et les silences sonnent justes et leurs regards nous vont droit au cœur. Avec beaucoup de pudeur et de sincérité, Kim Yoo-Jung et Yoon Kyun-Sang sont le pouls battant de leurs personnages, leurs émotions et leurs contradictions. Totalement impliqués dans leur interprétation, leur transformation physique est entre le premier et le dernier épisode est impressionnante.

Bien sûr, tout n'est pas parfait : des personnages et des situations auraient méritées d'être mieux exploitées, les décors sont sans originalité particulière. Mais, on l'aura compris, cette série a trop de qualités pour ne pas être appréciée à sa juste valeur, c'est à dire l'un des meilleurs drama du genre. Par-dessus tout, la magie, si fragile, est bien là. Nichée sous la poussière mais éclatante comme un sol lustré :-))