Les montagnes russes

Complément d'enquête (C-E) alterne le bon et le mauvais, j'ai regardé et pris des notes sur trois épisodes diffusés ces derniers mois et disponibles sur France.tv. et j'en ai fait une critique pour illustrer mon sentiment quant à cette émission dont la qualité est donc très variable. Les épisodes sont critiqués dans l'ordre chronologique par rapport à leur date de diffusion, cela correspond aussi à l'ordre croissant de ma notation.

Histoire, argent, pouvoir: les vrais secrets du Puy du Fou. 3/10 : une enquête dans le vent

Documentaire à charge, ici on est dans le cadre de l’offensive intellectuelle « de gauche » (entendre par là l’actuelle gauche qui n’a rien à voir avec la gauche mitterrandienne ni même celle de Royal en 2008 par exemple) visant à détruire la culture populaire qu’elle considère comme de droite, comme par exemple ces dernières semaines la coupe du monde de rugby avec les attaques multiples de la NUPES et tweetos affiliés y compris de journaux style Libé sur un joueur sélectionné dénoncé comme « raciste » (peu importe si un appel est en cours devant les tribunaux), sur la cérémonie d’ouverture « rance », sur la vidéo de sélection trop rurale et France traditionnelle et pas assez 9-3, sur la violence de ce sport trop viril à leur goût etc... et donc le Puy du fou. Ce dernier a eut le droit à un bouquin médiocre (Le Puy du Faux) écrit en 2022 par des pseudo-historiens qui font du militantisme dans la lignée de leur bibliographie bien ancrée politiquement et qui prennent le public pour une bande d’arriérés (ce que fait aussi ce complément d’enquête) parce que c’est bien connu la populace est naïve et malléable à souhait (d’ailleurs en termes d’endoctrinement l’extrême gauche a un savoir faire centenaire en la matière). Ainsi ici les bénévoles sont présentés comme des victimes, ils sont tous heureux mais c’est parce qu’ils sont bêtes ou bourrés (eh oui le docu insiste sur le fait que le parc offre l’apéro aux figurants...), des idiots utiles du Puy du Fou dépeint quasiment comme une secte avec les De Villiers qui font office de Skippi le grand gourou royaliste. Ils travaillent gratos bien malgré eux, ne voit pas les fils de marionnettistes de ces vils aristos qui ont créé une asso parrallèle pour sauvegarder la propriété intellectuelle du parc à l’issue d’un comité dont le rapport a été publié (après si personne ne le lit c’est autre chose) mais dont on essaie de nous faire croire ici à grand coup de conditionnels pour se couvrir fourbement comme dirait Libé que le Philippe aurait ainsi engrangé des millions d’euros alors qu’en fait il aurait ensuite légué cette propriété intellectuelle à l’asso du parc pour qu’elle ne fasse pas l’objet de querelles de succession (c’est ainsi que les De Villiers se défendent suite à la parution du reportage, j’utlise le conditionnel car je ne suis pas journaliste moi et je n’ai pas les moyens de l’émission pour mener mon enquête mais je confronte les sources et je constate que Complément d’Enquête sous-entend des choses sans preuves concrètes et que De Villiers a porté plainte pour diffamation contre France Info). Le parc bénéficierait en outre de largesses de l’État qui les aide à mettre en place ce servage des temps modernes (faut pas regarder ce qui se passe dans tous les grands festivals alors). Pour enfoncer le clou, on à côté de cela une grande subtilité en termes d’éléments de langage et d’illustration : l’arbre familial des De Villiers, au cas où on aurait pas compris (on se croirait dans un film hollywoodien où les mecs en rajoute 4 couches pour être sûr que tout le monde pige ce qui se passe) est présenté avec moult dorures sur fond de fleurs de lys, De Villiers est qualifié d’aristocrate et on va même chercher le fils parjure aux USA (le tout grâce à nos impôts bien entendu) pour qu’il rejoue son procès via le tribunal médiatique (car la vraie justice elle l’a débouté) et rappelle que ces vieilles familles de la vieille France sont vraiment des dégénérés… En revanche ils ne rappellent pas que le Puy du Fou lui au moins n’est pas subventionné pour raconter ses histoires.

Car oui les De Villiers représentent le mal absolu, ils sont monarchistes (pourtant quand il s’agit de nous gaver avec la monarchie anglaise, les journalistes s’en donnent à coeur joie...) et donc anti-républicain : le crime contre l’humanité, ou plutôt contre la fête de l’huma parce que jusqu’à la preuve du contraire chacun est libre de ses convictions et la moitié des pays européens sont des monarchies. D’ailleurs contrairement à ce qui est dit ici ou dans Libération, les spectacles ne sont pas anti-républicains (éventuellement le Dernier Panache sur les guerres de Vendée mais en vrai même pas, c’est le point de vue des insurgés vendéens tout simplement)… Mais bon j’avais oublié, les spectateurs du Puy du Fou sont des idiots donc il faut les rééduquer et éloigner de ce divertissement culturel qui échappe à la doctrine de « gauche » (je mets des guillemets à chaque fois car j’ai voté à gauche pendant des années mais ça n’avait rien à voir avec cette idéologie méprisante, communautariste et anti-France). Pourtant quand on y regarde de plus près le premier spectacle débute dans la Rome impériale (je ne me rappelle plus du siècle, on va dire IIIe ou IVe a.p. J.C.) et le dernier se passe dans les tranchées de Verdun. Soit 20 spectacles pour environ 15 siècles dont seules quelques décennies sont républicaines. Bah en proportion il y a beaucoup plus de spectacle pour ces décennies républicaines que pour les siècles qui ont précédé : 5/20 à savoir le Dernier Panache (à cheval sur la République et la monarchie pourra-t-on dire), le ballet des sapeurs, les automates musiciens, les amoureux de Verdun et le mime et l’étoile… Je sais pas c’est pas mal quand même pour des gens qui haïssent la République à ce point et ne jurent que par l’Ancien Régime...

Mais bon tout ça ça doit être du camouflage vous comprenez (ou non justement vous ne comprenez pas donc complément d’enquête vous l’explique) car derrière il y a le message : c’est perfide, puis y’a des inexactitudes historiques : genre sur le dernier panache un historien nous explique que si la guillotine itinérante a existé elle n’a pas décapité d’enfants, hors dans le spectacle on voit des enfants accrochés derrière… Alors déjà quand on cherche la petite bête il faut aller jusqu’au bout, or on ne voit pas d’enfant se faire guillotiner dans le spectacle… Par contre il pouvait rappeler que des enfants brûlés vifs, embrochés à la baïonnette, abattus de sang froid ou piétinés par des chevaux il y en a eu. Mais bon ça va ils n’ont pas été guillotiné. Ensuite ils disent qu’il y a eu 300 000 morts (chiffre qui a longtemps été cité) alors qu’aujourd’hui la majorité des historiens s’accordent autour de 200 000 morts… Ok là-dessus je rejoints le reportage, citons les bons chiffres… Après contrairement à ce qu’insinue le journaliste, jamais le mot génocide n’est prononcé dans le spectacle qui reste une histoire inspirée de l’Histoire, et au final les seuls qui prononcent publiquement à tour de bras le terme de génocide sont les détracteurs du Puy du Fou, que les De Villiers défendent cette thèse en privé c’est possible, et ils en ont le droit, mais ils ne diffusent pas ouvertement cette théorie dans le parc.

On parle ensuite du film Vaincre ou Mourir qui a été attaqué de toute part, par Libé ou Ecran Large en tête, pour les mêmes motifs (anti-républicains, nauséabond etc... alors qu’il n’est pas plus choquant que Braveheart par exemple et sans doute plus juste historiquement parlant)

On finit ce reportage de bien maigre facture (beaucoup de conditionnel, de coups d’épée dans l’eau) par une interview de Nicolas de Villiers par un journaliste qui cherche la petite bête, déforme les faits, pour systématiquement se faire renvoyer dans les cordes et ainsi clôturer petitement un petit reportage malveillant le tout payé par nos impôts. J’insiste sur ce dernier point car bien entendu que le journalisme d’investigation doit être subventionné, mais alors il faut un minimum d’impartialité et respecter les téléspectateurs qui ne vomissent pas le Puy du Fou et que l’on essaie au final de faire culpabiliser : pas un mot ou presque sur le rayonnement ultra important du parc en Vendée et les milliers d’emplois directs et surtout indirects que ça génère. Pas un mot sur le fait que sauf erreur de ma part toute la nourriture soit française (c’est ce que j’avais lu dans une interview réalisée par Le Point en 2021), que des efforts soient faits sur la limitation des déchets et du plastique en particulier. Pas un mot sur le fait que des tas d’artisans aux savoir-faire rares (forgerons, tonneliers, travailleurs de la porcelaine, enlumineurs etc...) profitent du parc pour exposer leur incroyable savoir faire. En fait si, l’économie on en parle quand on présente le parc comme une hydre dévoreuse d’espace, en effet le parc grandit et ça ne fait pas que des heureux (ce n’est pas une mauvaise chose de le dire si on ne parle pas que de ça), ça devient plus gênant quand on en vient à parler de travail dissimulé à propos de cet état d’esprit, cette solidarité bénévole incroyable qui voient des milliers de personnes s’investir par passion… Bref c’est médiocre et c’est totalement méprisant pour une partie considérable des gens qui financent France télévision (je pourrai dire la même chose de Libé) avec leurs impôts et à qui on dit grosso modo : si vous allez au Puy du Fou c’est soit parce que vous êtes cons, soit parce que vous êtes des fachos ou royalistes ce qui est pareil (par contre le communisme même si ils ont fait quelques conneries c’est bien). Thierry Lentz (un des plus grands spécialistes de la période napoléonienne) parlait de mépris de classe suite à la parution du bouquin Le Puy du Faux, je pense qu’ici c’est exactement la même chose.

Sophia Chikirou, la dame de pique des insoumis: 5/10 une synthèse plus qu’une enquête

Ce numéro s’attaque à l’éminence grise (voire plus si affinité) de Mélenchon en la personne de Sophia Chikirou.

A mon sens et c’est le défaut que j’ai parfois constaté dans Complément d’Enquête, un témoignage, anonyme ou pas, ne suffit pas à faire une vérité. En revanche lorsqu’il y en a plusieurs qui vont dans le même sens comme c’est le cas ici cela montre qu’il y a a priori un fond de vérité.

Le reportage part d’une affaire emblématique de LFI de ces derniers mois, à savoir l’affaire Quatenens qui montre le rapport d’une partie de LFI aux violences conjugales qu’incane Chikirou : elles étaient insupportables et à punir avant même toute forme de procès dès lors qu’elles concernaient des adversaires politiques, mais elles relèvent davantage de la malveillance policière et médiatique lorsqu’elles touchent le parti. Ca n’empêche pas Chikirou de participer à la création d’une internationale féministe à Mexico, et on se doute que c’est le contribuable qui a financé le voyage.

Passé cette intro C-E s’attache à montrer que la Sophia est un animal politique opportuniste dont le parcours l’a emmené du PS à l’UMP pour finir au nouveau parti de gauche de Mélenchon. Elle a clairement de grosses capacités intellectuelles et s’avère être une organisatrice et une communicante redoutable, capable d’adapter à la France ce qu’elle a appris en Equateur ou aux Etats-Unis et ainsi donner une touche américaine à la campagne de Mélenchon en 2017.

Jusque là j’ai envie de dire rien de choquant, on est un peu dans le délit de sale gueule de la part de complément d’enquête car il n’y a pas de quoi en faire tout un sujet.

Ca devient plus intéressant quand on s’attaque au nerf de la guerre : l’argent. Et là tout n’est pas net et c’est encore une enquête pour escroquerie qui vient percuter un cadre de LFI.

Avant cela il y a le rôle de Chikirou dans le web journal « Le Média » qu’elle a progressivement transformé en journal du parti tout en mettant en place une ambiance de travail pas hyper humaniste. C’est moyen mais pas encore de quoi crier au loup. C’est un peu plus gênant quand celle qui prétendait être bénévole fait un chèque de plus de 64 000 euros au nom du « Média » pour « Média Scope » qui n’appartient à nulle autre que Sophia Chikirou… Elle se paye elle-même donc alors que ce n’était pas prévu dans le contrat. C-E reprochait aux bénévoles du Puy du Fou de faire du bénévolat sans se faire payer, Sophia a compris le message.

Pire encore le parti de Jean-Luc Mélenchon passe par Média Scope pour des prestations de services, et au parti c’est Sophia qui passe les commandes pour sa propre boîte, avec l’aval de Jean-Luc qui est aussi son amant… Le sacripant…

Vous la voyez venir l’enquête pour escroquerie ? Soupçons de surfacturations, fonctionnement opaque malgré les demandes d’éclaircissements d’experts comptables et le tout en payant ses employés à peine le SMIC car la boîte n’aurait pas d’argent et leur travail devrait avant tout être militant… Lorsque les facturations se chiffres au-delà du million d’euros et qu’il n’y a ni locaux ni charges à payer, ça prête à sourire... Enfin on verra ce que l’enquête dira.

On termine le tout par une interview de Gérard Miller qui n’ pas grand intérêt si ce n’est qu’il est un suiveur de LFI ami de Mélenchon et qu’il a travaillé au web journal « Le Média »… En même temps ni Sophia Chikirou ni les cadres du parti (l’intégralité des témoignages de cadres de LFI se font sous couvert d’anonymat… C’est beau la démocratie) n’ont accepter de répondre...

Bref, plus qu’un vrai travail d’enquête, c’est surtout un bon travail de synthèse et de vulgarisation qui permet de rappeler au grand public les dérives d’une personnalité mais aussi du parti qu’elle représente.

Hamas du sang et des armes: 7/10 un vrai travail d’investigation

Ici Complément d’Enquête mérite son appellation pour le travail effectué dans ce numéro consacré au Hamas site aux attaques du 7 octobre 2023. Ils vont chercher des responsables du HAMAS, recueillent des témoignages de victimes israéliennes, des témoignages de la diaspora palestinienne, dénichent des déclaration ambivalentes de sionistes radicaux israéliens sur le Hamas avant les attaques du 07 octobre etc...

Le reportage explore le comment et le pourquoi de l’attaque du 07/10 en présentant les procédés d’exécutions du HAMAS et la faillite dans la réponse israélienne. Comment le renseignement de l’état hébreux a-t-il pu rester aveugle aux entraînement répétés et sans équivoque des terroristes durant de longs mois à quelques centaines de mètres de la frontière ? Un ex-responsable du renseignement avoue qu’il faudra analyser les défaillances une fois « la guerre terminée ».

Par ailleurs ce reportage bat en brêche un élément de langage qui dit que le Hamas n’a rien à voir avec le peuple palestinien… Ce fut vrai il fut un temps mais force est de constater, et ce reportage le montre très bien à travers les témoignages de la bande de gaza mais aussi des palestiniens installés au Liban ou en Cisjordanie, qu’aujourd’hui le HAMAS non seulement contrôle Gaza avec un soutien populaire qui s’est manifesté dans les urnes, mais bénéficie également d’un soutien souvent inconditionnel ou au pire partiel au Liban et en Cisjordanie (où le gouvernement palestinien tient pourtant les rênes). Le fait que parmi les 1400 tués israéliens figurent 900 civils dont des enfants et des nourrissons ne pose aucun problème car la haine est féroce, alimentée par les bombardements indiscriminés de l’état hébreux, et Israël doit être éradiqué. Lorsque que la journaliste interroge le numéro 2 de la branche politique du Hamas qui vit confortablement au Qatar, ce dernier compare d’ailleurs l’action du Hamas à l’action des résistants français, qu’importe si les résistants français visaient essentiellement des cibles militaires et dans tous les cas n’ont jamais fait de tuerie de masse sur des critères de race ou de religion ni tués d’enfants en bas âge.

Le rappel sur le processus qui a aboutit à la création du Hamas est également intéressant car résonne étrangement avec le processus en cours dans plusieurs pays occidentaux dont la France. Une association islamiste a convaincu les israéliens qu’elle apporterait la paix sous couvert de programmes sociaux alors qu’au final sa réelle ambition était de développer un islam rigoriste en suivant la stratégie prônée par les frères musulmans. Cette association a ensuite créé le HAMAS, mouvement islamiste radical qui vise à contrôler la société palestinienne par la force et à rayer Israël de la carte.

L’émission tente aussi de lever le voile sur le rôle du Qatar et de l’Iran dans cette affaire, posant des questions qui ne trouvent pas toujours de réponse, et c’est compréhensible car c’est sans doute au-delà des moyens de France Info ou tout du moins cela demanderait une enquête de fond beaucoup plus conséquente.

Il est également question de la volonté du HAMAS de s’émanciper de son étiquette de groupe terroriste, s’appuyant pour cela sur une avocate française qui explique tout sourire et en étant parfois peu convaincante comment elle a réussi à temporairement retirer le HAMAS de la liste européenne des organisations terroristes pour un vice de procédure le tout en légitimant les attaques du 07 octobre.

Enfin C-E montre aussi du doigt la violence habituelle d’Israël dans ses bombardements qui causent de nombreuses victimes chez les civils. La question est de savoir si cela est volontaire ou s’il s’agit de dommages collatéraux. Les chiffres des pertes civiles, même si ils sont probablement élevés au vu de l’ampleur des destructions, sont difficiles à établir car ceux communiqués sur la bande de gaza le sont par le HAMAS, d’ailleurs l’exemple de l’hôpital n’est curieusement pas évoqué ici alors qu’il avait vu la plupart des médias et une partie de la classe politique française s’insurger en prenant les déclarations du HAMAS à la lettre tant sur les chiffres complètement faux de plus de 400 victimes que sur l’origine du tir israélien (aujourd’hui pas de certitudes mais le rens français privilégie l’accident de tir palestinien).

On termine enfin par l’interview de l’ambassadeur de France en Israël qui est intéressante dans un premier temps avec un vrai franc parler avant l’interlocuteur de bascule dans la langue de bois lorsqu’il s’agit de commenter la réponse violente d’Israël.

Voilà, un épisode intéressant et croisant plusieurs points de vues qui mérite son appellation de travail journalistique du service public.