Je est un autre ...
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le 9 mars 2018
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Je suis beaucoup plus films que séries, car rarement une intrigue étirée sur plusieurs heures n'arrive à me captiver sans baisse de rythme, et à garder une certaine intensité. Comme pour tout, il existe bien sûr des exceptions (coucou True Détective saison 1!) et Counterpart en fait partie.
J'attendais beaucoup de cette série parlant de mondes parallèles avec ce bon vieux J. K. Simmons pour appâter le chaland, et je n'ai point été déçu.
L'histoire raconte le quotidien de Howard Silk, qui accomplit le même travail sans le comprendre depuis 30 ans, travaillant pour des services secrets, mais au plus bas possible de la hiérarchie, si bien qu'il ne connaît pas vraiment ces employeurs. Jusqu'au jour où son double venue d'un monde parallèle, unique "copie" de notre réalité, vient le chercher pour d'obscures raisons.
Counterpart est avant toute chose une série très bien écrite. Elle prend le temps de développer ses personnages, sans jamais verser dans le stéréotype ou la caricature, grâce à une certaines retenue dans les dialogues. L'histoire se dévoile petit à petit sans donner toutes les clés aux spectateurs, si bien que les résumés des épisodes précédents ne sont jamais de trop, car il faut le savoir : Counterpart est une série d'espionnage dont la trame rappelle volontairement la guerre froide par moment. Mais ne vous méprenez pas, le show sait exploiter à merveille son coté fantastique, et nous prouve par la même occasion qu'une série n'a pas besoin d'un budget pharaonique ou d'effets spéciaux monstrueux pour nous accrocher. Un simple exemple: le passage entre les deux mondes s'avère être en réalité un simple escalier. Une sobriété à l'image de la photographie, plutôt jolie, et de la musique agréable mais discrète. L'une comme l'autre participent au charme de la série justement par cette discrétion et cette subtilité, qui permet ainsi aux personnages de pleinement s'exprimer.
À ce titre, J. K. Simmons fait des merveilles avec ce double rôle, si bien qu'on arrive sans mal à deviner qui est qui rien qu'en le regardant. La belle affaire, c'est que Simmons n'est pas tout seul, et que tous les autres acteurs et actrices de la série sont, sinon aussi connus, tout aussi talentueux que notre Terrence Fletcher, Olivia Williams en tête.
Counterpart comporte des personnages forts (surtout féminins), et les met en scène au profit d'une histoire qui tire pleinement son originalité par son traitement métaphysique. Car au-delà de cette affaire d'espionnage entre deux mondes, la série explore de multiples situations, miroir l’une de l’autre, de la vie amoureuses, professionnelle, ou en général, sans jamais porter de jugements et en nous invitant à une réflexion philosophique personnelle : comment réagirions nous si nous rencontrions notre double, ou notre femme qui n'est pas vraiment la nôtre dans ce monde parallèle?
Ici, la somme des deux versions d'un être se veut comme une entité qui définirait pleinement qui nous sommes, idée qui nous pousse davantage à nous sonder personnellement. Ou pas.
Counterpart nous fais réfléchir à nous-même, à ce que l'on est et ce qu'on incarne fondamentalement. Sommes-nous la somme des expériences d'une vie, de nos gènes hérités de notre famille, un peu des deux ou alors pas du tout? Chaque épisode diverses questions de ce genre sous des angles différents. Cette plongée dans la réflexion identitaire permet aussi de brasser plusieurs thèmes, tel que le terrorisme, la sexualité, l'amour, le sacrifice, et j'en passe.
Pour terminer, mentions spéciales aux scènes intimes qui permettent d'approfondir intelligemment les personnages (spécialement celui de Baldwin), au superbe générique, ainsi qu'au twist de mi-saison (épisode 6 précisément) qui change complètement la vision de la situation globale de l'histoire (huhu j'aime le teasing).
En résumé, Counterpart est une excellente série qui brille par sa réflexion philosophique pertinente qui n'empiète nullement sur une histoire et des personnages superbement bien écrits.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.
Créée
le 17 mai 2018
Critique lue 3K fois
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