J’ai absorbé comme une éponge l’expérience « The Neon Demon ». Car oui, il s’agit bien d’une expérience, comme beaucoup d’autre films de NWR à ce que j’ai cru comprendre (n’ayant vu que Drive et Only God Forgives). N’en déplaise à ceux qui collent bien vite l’étiquette « creux », « narcissique », ou qui clament que le film ne raconte rien. Car il n’a rien à raconter. À travers sa petite histoire, The Neon Demon arrive à mettre en images, par la qualité constante de NWR à faire des films absolument sublimes, les concepts que sont la beauté, le désir, la mort, dans leurs aspects les plus nobles, comme les plus glauques. C’est une expérience, un défilé d’images, de couleurs, d’ambiance, qui, loin d’être sans queue ni tête, se regarde et se ressent, s’admire. Il ne faut pas chercher à tout expliquer, ni a tout interpréter.


Pour autant j'ai pris plaisir à suivre Elle Fanning dans cette petite fable, qui se déroule avec la même lenteur que ses deux prédécesseurs (Drive et Only God Forgives toujours), une lenteur qui ne m’a jamais déplu à partir du moment ou elle a sa place. Ici, elle force la contemplation du brillant travail du danois, et traduit l'inéluctabilité des terribles actions se déroulant sous nos yeux. Cette lenteur permet même au réalisateur de jouer avec nos certitudes, j'en veux pour preuve la scène ou Jesse fait son premier shooting (doré) avec un photographe relativement intimidant de par son professionnalisme, donnant l'impression qu'il s'apprête à faire du mal à Jesse, alors qu'en réalité... non.
Cette incertitude plane sur la majeure partie du film, les personnages s'affranchissant d'éventuels clichés pour rester imprévisible dans leurs manière de gérer leurs jalousie et leurs désirs de Jesse.


Dans la dernière demi-heure si controversée, j’ai retrouvé cette idée de la beauté vue à travers divers prismes. Cette horreur à laquelle on assiste, le cannibalisme, la sexualité déviante, fait partie intégrante de l’être humain. NWR arrive à rendre ces passages, difficile à regarder, beaux d’une certaine manière. Il met en image l’être humain dans toute sa splendeur mais aussi dans toute sa laideur, à l’image de Drive d’ailleurs, quand bien même celui ci s’appuyait davantage sur la violence, qui a une place prépondérante et bien plus stylisée dans notre (pop)culture, contrairement au cannibalisme et à la sexualité sus-mentionnés.


Coté casting, même si je ne connais pas grand monde, on n'aura jamais trouvé meilleure actrice pour le rôle principale. Elle Fanning synthétise à elle seule toutes les idées du film, rien que par son visage d’ange. Aucune fausse note à l'horizon, chaque rôle participant à l'ambiance délicieusement malsaine par de belles compositions.


En parlant de composition, Cliff Martinez nous gratifie une nouvelle fois d'une BO très appréciable. Une musique qui fait parfois fusionner Blade Runner et Hotline Miami (voire la synthwave en général), pour appuyer encore un peu plus certains moments hors du temps, ce qui n'est pas pour me déplaire.


Pour conclure, The Neon Demon est parvenu à m'immerger totalement dans son délire sur la beauté, la mort et leurs association plus qu'étroite, grâce à tout ce que le film propose: une L.A. dérangeante, une héroïne aussi belle qu'ambigüe, des seconds rôles étonnant, un déroulement imprévisible, une BO qui s'intègre parfaitement au métrage, et une ambiance incroyable.


Un dernier point: Beaucoup de gens s’attardent sur le caractère égocentrique de Refn, et aime scruter chaque indice qui pourrait mener ses films à un parallèle sur sa carrière, voire sa propre vie. Moi pas. Je me contrefous de ce que Refn peut être. On retrouve des qualités qui lui sont propre bien sûr, tel que la beauté de l’image qu’on retrouve dans toute sa filmo ou encore son compositeur Cliff Martinez, mais je préfère m’arrêter là, et simplement profiter du film sans avoir à regarder le documentaire sur lui, ou à lire sa bio pour apprécier son oeuvre.
De même que les conditions de tournage, et des anecdotes entourant celles-ci, je pense qu’il faut savoir regarder, et apprécier un film sans avoir tout cela en tête.

DarrenKorb
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le 7 janv. 2019

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