J'ai pour prénom Philiberto et vous pouvez m'appeler Cojonès si ça vous chante de toute façon mon nom importe peu. Je porte une cagoule et suis interchangeable comme ce piètre commandant Marcos et tous ces révolutionnaires à la mie de pain, ou mieux, beaucoup mieux, je suis invisible. Je vois déjà votre air alarmé, ne vous inquiétez pas je suis comme vous, oui, je fais partie de votre espèce, celle des hommes. Je ne dirai pas "les êtres humains" car ce serait emprunter une image bienveillante des indiens d'Amérique du Nord or l'homme ne mérite que mépris. Ce peuple était si respectueux de la vie, de la nature et en désaccord total avec la notion de propriété privée que je suis surpris que nous ne les ayons pas balayés plus vite. Ce ne sont pas les seuls qui nous ont posé, nous posent encore de petits problèmes mais la prévarication arrange tout. Chaque homme, femme a son prix et je dois dire que dans les pays pauvres où se concentrent pas mal de richesses, il est ridicule. Même un enfant à son prix. Ne prenez pas cet air offusqué vous feriez pareil à ma place. Comme vous l'avez deviné je suis immensément riche. J'ai donc tout ce qui vous fait envie, que vous rêvez d'avoir et je sais que la jalousie vous ronge, vous aimeriez tellement être comme moi : un être vil et sans scrupules. Bien sur je vous suis reconnaissant, à l'image de cette armée de larbins et de larbines que je nourris de mes miettes. N'oublions pas les femmes...voyons, surtout la femme objet celle qu'on empoigne par la chatte comme dit notre ami le roi pantin des Etats Unis. C'est tellement plaisant de regarder tous ces esclaves modernes qui me servent et qui s'agitent en rêvant de mon statut. De gré ou de force ils sont ravis. Enfin ils font semblant, personne n'est dupe mais ils sont faibles, prudents, ils ne m'inquiètent pas. Vous savez j'ai un chauffeur et quand je quitte la voiture je ne ferme jamais la portière j'aime tant le voir se précipiter pour le faire à ma place. Quelle misère ! Il mérite son sort.
J'ai plusieurs lieux de vie de par le Monde, on n'est jamais trop prudent avec toutes ces agitations de populace, ces histoires de réchauffement climatique et la pollution. Dès que cela ne va plus j'émigre ! Ha ha moi aussi je suis un immigré, un sans papier. Oui en jet privé ça en jette et ça aide mon insertion dans le pays hôte. Ma trace carbone est très élevée, je sais et alors, vous y pouvez quoi ? Vous aussi par votre simple présence et votre imbécillité vous contribuez à détruire notre support, cette bonne vieille planète Terre, qui je vous rassure nous survivra. Les politiciens ? Vous pensez qu'ils peuvent changer les choses, libre à vous ! Vous savez c'est nous qui payons leurs costumes parfois, 35 000 balles pour un costard (François Fillon) ou 11 000 pour des godasses (Roland Dumas) ce n'est pas dans leurs moyens.
Actuellement je suis à Madrid capitale merdique d'une Espagne qui rêve de Podemos, énième parti humaniste qui prône l'union de la gauche. Il y en a dans tous les pays de ces opposants de pacotille mais je dois dire que les espagnols semblent plus motivés. Enfin ils nous font bien rire et à leur façon ils contribuent à faire marcher l'appareil qui nous sert. Je disais donc que je dispose d'un splendide appartement à Madrid. Sept cents mètres carrés c'est pas mal pour un homme seul et quelques amies tarifées ou pas de passage, toutefois la piscine chauffée en prend plus de trois cents. L'écologie ? Quoi l'écologie, Fuck off comme dit un de mes amis anglais du club. Oui le club, le classement des plus immondes pourritures de la planète, quelle fierté pour nous. J’ai aussi un autre ami à moi de ce si beau pays de France qui parle de vous en termes dégradants. Je lui ai vendu il y a quelques années un yacht de 76m il venait de faire un joli coup qui lui avait rapporté 400 millions d’euros… (Bernard Tapie) Qu’est-ce qu’on a ri ! Oui nous sommes des crevures, des étrons, des fumiers nous dépeçons mais toujours avec votre aide, le Monde. Toutefois ces derniers temps nous sommes inquiétés par un groupuscule « Les spadassins de Midas » ils pensent pouvoir nous faire chanter en tuant des gens au hasard dans les rues, pire ils croient que nous avons un fond humain que nous pouvons changer, devenir meilleurs. Oui il nous arrive de faire des dons, de la bienfaisance de façade, une infinitésimale partie de nos gains, comme un crachat avilissant dans la face mais c'est tout. Des fous ! Mettez vous bien ça dans le crâne la mort des gueux nous importe peu. Ventes d'armes colossales, de la Kalash pour enfants soldats drogués à la bombe chimique pour dictateurs en devenir nous avons un catalogue mortel très complet. Intrigues boursières diverses pour faire monter le prix du blé par exemple, à la clé famine et morts, et alors ? Vous savez en Afrique nous pourrions vaincre pas mal de maladies, nos médicaments sont efficaces mais à quoi bon ils ne peuvent pas payer. La mort partout à notre service pour plus de cash. Qu’ils meurent et dans le même temps nous nous vautrons dans la luxure. Les sept pêchés capitaux c’est peu dire et si je devais tuer mes enfants, qui me coûtent assez cher je dois dire pour conserver mes acquis j’y réfléchirai bien calmement. En affaires il ne faut jamais prendre une décision à la va vite. Poursuivons mes très chers/chères il faut que vous compreniez que le triomphe de l’esprit humain, de la justice, de l'égalité, du partage et toutes ces bêtises qui vous font rêver ne sont que calembredaines, les miasmes de votre impuissance face à notre pouvoir. Nous sommes trop forts, nous sommes les mâles dominants et à ce titre nous nous servons. C'est nous qui régissons les rapports humains nous avons le plaisir vous avez la douleur qui parait-il élève...très peu pour moi. Les tables de la loi, la religion, la hiérarchie, la propriété privée, la dette...inventions qui vous maintiennent dans votre fange et sont le fait de mes collègues dominants du passé...Je les chéris tous les jours ! Bien sur vous avez la fuite...par les drogues, les bons psychotropes ou encore la culture...si vous en avez le temps ! Mais ne vous en faites pas nous fabriquons pour vous à l'aide de quelques séides rebutants une culture bon marché et bien sur les molécules diverses qui vous soutiennent et ne peuvent vous être délivrées qu'avec notre aval intéressé. Fabriquer le stress nous savons faire, le stress nous enrichit...encore...à votre insu. Alors quoi ? Comment faire ? Pour fuir il ne vous reste que la maladie mentale et bien sur le suicide. Pourquoi pas si cela vous tente ou si vous craquez, la main d'œuvre ne manque pas !
Cela étant nous avons un petit problème : nous ne sommes jamais à satiété. C'est ainsi nous sommes très gourmands, nous dévorons tant et plus et si la Terre crève ce n'est pas grave de toutes façons nous serons les derniers à partir en fumée un verre de champagne à la main. Peut être même survivrons nous protégés par nos derniers larbins qui donneront leur vie...la guerre un autre de nos bienfaits...pour éviter un désastre total. Alors le Monde sera un paradis car vous aurez disparus et nous, nous serons là pour vivre. Vivre et mettre en place un nouvel âge d'or et tout recommencer, à l'identique...Encore !
Enfin, brisons là, je tiens quand même à vous remercier mes biens chers gueux pour le sacrifice de vos petites existences qui contribuent à maintenir mon/notre niveau de vie au plus haut et même au-delà.
Me cago en dios !
Fonctionnement du capitalisme
https://www.senscritique.com/livre/Baise_ton_prochain/critique/274188163
Attention Spoil ci-dessous !
Coup pour coup / Les Spadassins de Midas est inspirée par une nouvelle de 1900 écrite par Jack London et dans l'esprit de la Casa de Papel. Dans son texte London critique l’avidité capitaliste et la manière dont elle rabougrit le sens moral du corps social tout entier, cette série espagnole brille par la qualité de sa narration et son analyse éthique des ressorts capitalistes : dé ca pant ! La fin est ouverte Victor (le personnage principal) dévoile ses cartes et intègre la société secrète des Spadassins qui n'est plus du tout celle que décrivait London dans sa nouvelle. On pourrait très bien avoir une saison 2.
Au départ le but est de dénoncer la violence du capitalisme, des hommes immensément riches qui n'ont cure de la vie des gens. Nous sommes dans une adaptation moderne de la lutte des classes chère à Jack London qui en 1900 déjà (il faut dire que la misère des classes populaires était en Europe bien plus dure que de nos jours) se défendait par ses textes révolutionnaires. C'est plus qu'un divertissement, il faut ouvrir les yeux !
On peut voir ces six épisodes ou lire la nouvelle dont ils sont issus comme une lettre de menace, une déclaration de guerre au capital . Oui mais au final London reste fidèle à ses engagements, à son combat contre la mort du peuple alors que la série y déroge. Quelques problèmes de cohérence aussi et ce revirement de Victor qui en décevra plus d'un.
Pour ceux qui n'ont pas compris la fin :
Tout au long de la série on se pose des questions sur la moralité de Victor. Est-il un riche qui peut changer, qui peut devenir un homme bon ? Au final la réponse est non il affirme sa personnalité en tuant de ses propres mains et en sacrifiant la femme qu'il aime. Il est mauvais et prêt à tout pour le pouvoir et l'argent et...pour rejoindre la secte des spadassins de Midas. Malheureusement dans le même temps on découvre que ce groupe n'est pas une organisation révolutionnaire qui veut aider le peuple comme dans la nouvelle de Jack London. C très pessimiste !