Cowboy Bebop
8.5
Cowboy Bebop

Anime (mangas) TV Tokyo (1998)

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Je dois avoir pas loin de seize ans vu qu'on vient de se manger le tant attendu passage à l'an 2000, je suis affalé devant ma télé à tube 4/3 qui commence à montrer de sérieux signes de fatigue du genre les couleurs qui mettent dix minutes à apparaître sur l'écran, branché sur Canal + grâce à un décodeur plantant une fois sur deux depuis que le beau-frère à mis le nez dedans. Je m'apprête à découvrir la nouvelle programmation de la chaîne en terme d'anime (et oui, ils en passaient à l'époque), en me disant de toute façon que ça ne vaudra jamais Akira ou Ninja Scroll. Je sais, le format n'est pas du tout le même mais je rappelle que j'ai seize ans et à cet âge-là, bah on est con. Comme à tout âge, cela dit.


Bref, j'appréhende la chose en mode blasé qui s'y connait parce qu'il a la cassette du Niki Larson (notez les fautes d'orthographe) avec Jackie Chan à la maison, et là, ça commence. Et je ferme ma mouille. Dès ces premières notes jazzy, dès ce générique furieusement rétro, je me prend une tarte dans la face. Vingt minutes plus tard, je suis amoureux. Fou d'amour pour une série animée, pour un univers, pour ses anti-héros, pour sa bande-son, pour son créateur, pour la voisine... Non, peut-être pas la voisine même s'il y a clairement du poumon.


Imaginé pour le studio Sunrise par Shin'ichiro Watanabe et Keiko Nobumoto, Cowboy Bebop va, avant de nous exploser la rétine, devoir subir les foudres d'une censure évitant dorénavant comme la peste tout ce qui touche de près ou de loin au sexe et à la violence. Diffusé une première fois sur TV Tokyo d'une façon disons fort incomplète, le show va vraiment toucher le coeur de son audience au moment où il atterrira sur la grille des programmes de WOWOW d'octobre 1998 à avril 1999. Consécration, importation dans le reste du monde, gros carton aux USA, gloire, statut culte, adaptation ciné, tout ça,tout ça.


Nourri jusqu'à plus soif de multiples influences, convoquant aussi bien Phillip K. Dick que Sergio Leone ou Miles Davies, Cowboy Bebop est la rencontre forcément détonante entre différents univers, entre le space-opera, le western et le film noir, le tout épousant la rythmique du jazz et empruntant carrément des titres de standards du rock ou du blues pour nommer ses épisodes. Bien qu'ayant le bon goût de ne pas nous endormir avec une cinquantaine d'épisodes, allant droit au but avec sa petite vingtaine et basta, Cowboy Bebop est d'une richesse monumentale, trop peut-être, la multiplicité des thèmes et des pistes abordées ne pouvant qu'aboutir à une certaine frustration.


Formellement à tomber, bénéficiant d'une animation et d'un design impeccables, musicalement au top du top grâce au travail de Yoko Kanno, de Seatbelts et de Tim Jansen, donnant une véritable identité sonore et visuelle à l'ensemble, Cowboy Bebop frappe également par son écriture acérée, notamment en ce qui concerne ses personnages. Pure chevauchée spatiale comme en rêvent tous les gamins, la série est également et surtout une histoire exhalant constamment une odeur de mélancolie et de fatalisme qui colle à la peau, fuite en avant désenchantée de protagonistes bouffés par leur passé, le fuyant éperdument ou, au contraire, cherchant à y voir plus clair au milieu d'un brouillard à couper au couteau.


Un trio de chasseurs de prime à la fois badass, attachant et puéril, constante de l'oeuvre de Watanabe, composé d'un ancien criminel , d'un chieuse amnésique et d'un flic sur le retour, auquel s'ajoute le chien le plus intelligent de la galaxie et une hackeuse complètement fêlée. Ce qui donne à l'ensemble une dynamique absolument jouissive, l'humour le disputant sans cesse à l'action, au non-sens, à l'introspection et surtout, à l'émotion, Cowboy Bebop étant définitivement une oeuvre marquée par la mort et le spleen.


Véritable bouillon de culture, réussite aussi bien formelle que narrative, mélangeant ses éléments avec une cohérence et une pertinence qui laisse admiratif, Cowboy Bebop est le chef-d'oeuvre de Watanabe, est une bombe à nulle autre pareille, est un concentré de culte, de fun, de délire, d'imagination, d'intelligence, une putain de fontaine de bonheur à chaque nouvelle vision. Bordel, j'ai encore envie de me la refaire !

Gand-Alf
10
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le 10 oct. 2016

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Gand-Alf

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