Drôle de yoyo...

C'est le hasard qui m'a fait découvrir Crashing, un soir de zapping un peu mou... En 3 minutes chrono, j'étais conquis!
Oh j'ai lu ici ou là les critiques pointues de spectateurs qui se décevaient de l'omniprésence du sexe et du caractère "adolescent" des personnages! Trop de sexe ? Oui! Oui oui et oui! Comme dans la vie! Eh oui, exceptés les nonnes et les grands névrosés (que nous aimons et respectons tous deux!), nous sommes tous passés -"passés" ? vraiment ?- par cet appétit vital, qu'il soit guidé par le "simple" plaisir ou la recherche de l'Amour avec un grand A dont chacun déterminera s'il mérite une majuscule... Car dans cette série, c'est bien de cela qu'il s'agit : la recherche affective, désespérée, avide, terrifiée et forcément mal adaptée! Du personnage le plus affirmé à celui le plus paumé, tous cherchent à aimer et s'y prennent comme des manches! Cette brochette de trentenaires, perdus dans ce monde, survivent dans un hôpital désaffecté dont le soin principal est de vivre ensemble, pour se tenir chaud, malgré les différences, les engueulades et les vacheries. Crashing nous parle de ça, du lien humain dans un rapport presque animal, régressif ; on se rassemble jusqu'à se vautrer les uns sur les autres comme des pinguoins dans la tempête, on se mord, on se renifle, on couche ensemble... Et le plaisir de cette régression est communicatif. Avec les personnages, le spectateur se réjouit de sexe, de grossièretés verbales carabinées, d'excès d'alcool, de bouffe, d'affection et de colères.
Alors bien sûr, la scénariste pousse loin le bouchon, jusqu'au grotesque, parfois, mais elle vise le pipi-caca avec tant de délectation qu'on devient victime complice. Combien de "ooooooh!" outrés ai-je lancé tout en réalisant que j'en éprouvais une jubilation pas si secrète!! C'est là tout le talent de la scénariste (qui joue donc le personnage de Lulu) : donner à ses personnages adultes tous les excès de l'enfance et nous jeter en pâture à l'incommensurable gêne que cela génère forcément. C'est comme une petit garçon ou une petite fille qui viendrait en pleine réception mondaine, montrer ses fesses et dire des gros mots! Et il faut avoir su analyser les relations humaines "adultes" pour viser juste quand on leur tire dessus à boulets de ca-canon (oh je me permets ce calembour miteux, voyez comme la régression opère!). Alors on rit d'être choqué! Car oui, on rit! La folie est toujours drôle (si on met de côté les tueurs psychopathes en série). Les personnages sont attachants, très attachants, même les plus antipathiques. J'ai personnellement un coup de coeur pour l'artiste française dont la franchise brute et sans malice donne à penser à une autre vie, plus fantasque, plus libre. Mais je m'égare...
C'est un hasard heureux qui m'a jeté Crashing dans les pattes et je ne sais pas si je dois me réjouir de l'absence d'une deuxième saison... La magie transgressive a si bien fonctionné... A ne pas gâcher...