Quatre pays, un décor et trois épisodes par pays. On emballe le tout et on le pèse. Oula … c’est léger ça ?
Annoncée à grand renfort de promotion sur les réseaux sociaux, Netflix présente sa grande série de la rentrée, Criminal. Quatre pays, trois épisodes entièrement pilotés par la production dudit pays, et un fil conducteur qui … Ah non ! Pas de fil conducteur.
Criminal en mode confessionnal
Des interrogatoires de criminels et la vision des accusés au travers du miroir sans tain de la salle d’interrogatoire. Ajoutez à cela un bandeau lumineux blanc autour du miroir côté salle et rouge côté police lorsque l’enregistrement est en cours. D’où la symbolique du rectangle qui se retourne de blanc à rouge lors du générique, de plus en plus court et de plus en plus moche « Made In Netflix ».
Criminal et son décor optimal
Les quatre pays ont exactement le même décor. La même machine à café, les mêmes escaliers. Pire : les bâtiments à l’extérieur sont aussi les mêmes. On se demande pourquoi les Anglais se retrouvent en France, ou si c’est l’inverse, et pourquoi les Allemands boivent du café ? Pourquoi la blonde n’est pas brune et d’ailleurs c’est quoi cette bouteille de lait ? Bref, Netflix nous impose un lieu incompréhensible.
Criminal : France
Du côté français, les épisodes ne sont pas inintéressants, la césarisée Sara Giraudeau (Le bureau des légendes, Osmosis) se montre très convaincante dans la peau de son personnage « Emilie », tout comme Jérémie Renier (Le pacte des loups) qui joue parfaitement bien les traits multifaces de « Jérôme ».
Mais voilà ! C’est chiant ! Car si les acteurs accusés offrent des prestations de haut niveau, les acteurs policiers sont nettement en-dessous. La petite chef française incarnée par Margot Bancilhon est en-dehors de toute vraisemblance d’autorité.
De plus, les preuves accablantes arrivent dans la salle d’interrogatoire comme un cheveu sur la soupe. Ce stratagème est le même à chaque épisode. On a du mal à croire que cela fonctionne sur de vrais criminels, mais en tout cas pour le spectateur c’est vite lassant.
Criminal : Grande-Bretagne
La version anglaise n’est pas très différente de la version française. Le passage de David Tennant (Doctor Who, Jessica Jones) est très bien joué, d’ailleurs. The Guardian titrait : « Peut-être la plus belle performance de David Tennant sur petit écran. ». De son côté Hayley Atwell (Agent Carter, Black Mirror, Captain América: First Avenger, Avengers: Endgame) se montre moyennement convaincante.
Criminal : Espagne
Mise à part une pseudo histoire d’amour et un des personnages qui part en Allemagne pour quelques jours (pas de lien, ne rêvez pas). C’est le pays à zapper si vous n’avez ni le temps ni l’envie.
Criminal : Allemagne
Indiscutablement le pays qui a le mieux réussi l’exercice. L’enquêteur joué par Sylvester Groth (Dark, Sense8, Inglourious Basterds) est sans nul doute le meilleur acteur de cette série. Il rehausse à lui seul l’interprétation et la crédibilité de tout le monde autour de lui.
Il faudra attendre le second épisode allemand pour enfin voir un avocat qui fait son job ! 11 épisodes. Sérieux ? Les autres avocats sont sans doute des figurants.
Original, banal ou bancal ?
Original ! Pas de flashbacks ou d’images parasites, uniquement des huit-clos sur trois pièces. C’est assez novateur dans la manière de présenter. De plus, les différentes productions traitent de thèmes difficiles : violence conjugale, agression sexuelle, homophobie, trafic de migrants et meurtres. Ces thèmes ne sont jamais versés dans le registre facile, ils sont proposés sans filtre et avec justesse.
Bancal ! On nous présente aussi les problèmes des policiers : pseudos histoires d’amours, alcool, dépressions et conflits d’autorité. Leur personnages sont de fait rendus affaiblis à nos yeux et donc leurs prestations en salle sont malheureusement amoindries. C’est le principale reproche de cette série. Tout étant misé sur la confrontation, présenter le non-professionnalisme de l’interrogateur renforce le criminel. Et comme nous n’avons jamais à faire à des accusés antipathiques, la balance entre le bien et le mal est par conséquent assez floue … Le tout est donc bancal et très mal pensé !
Verdict
Malgré des petites références, aucune relation entre pays n’est évoquée. Une enquête à l’international était à mon sens indispensable à ce type de série. A l’heure du Brexit et de la question de l’utilité européenne, offrir des interrogatoires géographiquement éloignés pour conduire à l’arrestation d’un terroriste aurait semblé plus digne d’intérêt que la pauvre Emilie, qui par la force des choses, s’est retrouvée à mentir sur sa présence au Bataclan. D’ailleurs pourquoi faire une série internationale pour en arriver a cloisonner les enquêtes pays par pays et laisser uniquement en commun le décor ? C’est ridicule !
Soyons honnête, cette série ne vaut pas le nombre de tweets hallucinants que Netflix à envoyés. Même si l’ensemble se laisse regarder, retenez que vous allez vous faire chier. Point positif tout de même, vous pouvez regarder cette série dans n’importe quel ordre … Mais la seule question à se poser n’est pas vraiment l’ordre de visionnage … mais le pourquoi du visionnage.