Longtemps considérés comme du sous-gremlins, la saga Critters aura su au fil des épisodes se créer son propre univers, en faisant une série de films (4 opus entre 1986 et 1991) apprécié d’un bon nombre de cinéphiles amateurs de séries B horrifiques. Quoi de plus normal que de les voir débarouler de nouveau sur nos écrans presque trente ans après le dernier opus en date à l’heure où remake / reboot et autres suites sont légions, surtout lorsqu’il faut ressusciter, et souvent massacrer, une licence des années 80. Un Critters 5 est donc prévu pour cette année 2019, directement en vidéo, par le réalisateur de The Cleanse. Mais ah ah ah, ce n’est pas tout puisqu’une série vient tout juste de voir le jour chez nos amis mangeurs de burgers et elle s’intitule Critters : A New Binge. Je me suis donc dévoué et lancé corps et âme dans ce qui s’annonçait, après visionnage de la bande annonce, comme une grosse bouffonnerie à tendance Z, fauchée comme les blés mais ne se prenant pas au sérieux. Et au final, c’est exactement ça ! Une chose est sûre, c’est que la série risque de diviser…


Derrière ce projet, on retrouve le réalisateur et les deux scénaristes de Zombeavers. Pas un gage de qualité diront certains, d’autant plus que les bougres n’ont pas été dotés d’un bien gros budget, mais moi je m’en fous parce que j’avais adoré (oui, chacun ses mauvais goûts). Ils réalisent donc une série de 8 épisodes d’environ 10 minutes chacun qui devait être diffusée sur la plateforme « go90 ». Mais comme cette dernière a fermé depuis quelques mois, c’est finalement la plateforme de streaming Shutter, spécialisée dans l’horreur et le fantastique, qui rachète les droits et qui met donc à disposition des Américains qui disposent de l’abonnement la série Critters : A New Binge depuis le 21 mars 2019.
Il va être question ici d’un groupe de critters que leur président a ordonné de retourner sur Terre afin de récupérer un des leurs qui a été oublié lors de leur dernière expédition. Le mot d’ordre : « Ne rien manger ! », car il faut d’abord penser à la mission avant de se remplir l’estomac, d’autant plus que des chasseurs de prime intergalactiques sont à leurs trousses avec une forte envie d’en découdre avec nos chères boules de poils remplies de dents. Sauf que difficile de se retenir lorsque toute cette viande vivante déambule un peu partout à portée de crocs. Mais non, on a dit que la mission, c’était la mission. Les voilà en train de parcourir les rues de Burbank en Californie à la recherche d’un critter un peu particulier. Et là il faudrait que je vous spoile tellement ils sont partis dans le nawak le plus absolu, mais je resterais sage, et je laisse la surprise à ceux qui décideront de découvrir la série (mais putain c’est nawak).


Que les choses soient claires d’entrée de jeu, cette série Critters est nulle, voire très nulle. Oui mais voilà, ça a beau être nul, ça n’en demeure pas moins souvent très fun, léger, car ça ne se prend jamais au sérieux. On regarde ça pour se détendre et ça passe tout seul. D’autant plus que c’est extrêmement court, à peine 1h20 pour s’enfiler toute la saison. Ce format peut paraître assez étrange. Est-ce que ça n’aurait pas été au départ un film qu’on aurait découpé afin d‘en faire une série ? N’aurait-il pas mieux valu le laisser au format film si ça avait été le cas ? Oui, ce format est très étrange même si certains s‘y sont déjà essayés (la série Skinford par exemple). Ou alors ce format court se pose comme une excuse pour compenser la flemme de développer un scénario et des personnages un minimum consistants. Car là, le premier est nawak, les autres caricaturaux. Les enjeux narratifs disparaissent au fur et à mesure que les épisodes avancent car Critters : A New Binge va préférer privilégier son côté série Z assumée complètement barrée.
Le manque de budget très très évident a dû forcer le réalisateur et les scénaristes à plutôt faire de leur série une bonne grosse comédie matinée d’horreur plutôt qu’un film d’horreur saupoudré de comédie comme l’était la quadrilogie originelle. Et on rigole pas mal malgré l’aspect bien pataud de certains gags, certaines idées sont complètement WTF (le flashback sexuel) et les nombreuses références (Matrix, Star Wars, Mission Impossible, Avengers Infinity War, …) placées ci et là sont plutôt funs, quoi que parfois faciles.


Qui dit Critters dit marionnettes poilues aux moult rangées de dents. Elles sont ici très présentes dans le sens où, aussi con et pourri que vous trouverez la série, elle a au moins le mérite d’étoffer pas mal l’univers étendu de la saga. Ils ont beau être bien moins effrayants et bien plus comiques, nombre de scènes nous permettent d’en apprendre plus sur leur culture, leur technologie, leur politique (ils sont par exemple gouvernés par un Président). Les critters sont ici plus bavards, avec un langage bien plus construit et ont beaucoup plus de personnalité que dans les quatre films précédents. Déjà, en apparence, certains sont bien plus reconnaissables : lunettes post-apo, bandeau sur un œil, collier, montre à hologramme, blouse (pour les critters scientifiques), rouge à lèvres (pour les femelles), col cravate (pour le président), … Mais ce qu’on gagne en profondeur / fun sur les créatures, on le perd en visuel.
En effet, les Critters sont bien plus kitchs dans le sens où ils font bien plus marionnettes qu’animatronics (une fois de plus, le budget ridicule a dû y jouer). On a constamment cette impression que les mecs ont enfilé ça sur leur main comme une vulgaire marionnette et l’agitent simplement pour essayer de faire illusion. L’esprit de la saga est malgré tout là, avec même des clins d’œil à certains opus précédents (la boule géante de critters du 2 est de retour), mais on ne peut s’empêcher de tiquer. Et je ne vous parle même des moments où les CGI viennent remplacer les marionnettes, car c’est tout particulièrement dégueulasse. Les CGI de manière générale sont absolument immondes (la bataille de vaisseaux dans l’espace) et les fonds verts sont parmi les plus ridicules qu’on ait pu voir depuis belle lurette, à l’origine du premier fou-rire lorsque, sur le premier épisode, les deux chasseurs de prime arrivent en plein désert australien. Sauf qu’on n’avait pas le budget pour aller tourner en Australie…


Fauché comme les blés, préférant la comédie à l’horreur, Critters : A New Binge est une série d’une connerie assumée. Ce genre de divertissement bien nul mais pourtant bien fun, qu’on regarde pour se détendre. Surtout que la saison complète se voit en moins de 1h20.


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le 7 mai 2019

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