un regard féminin sur l'histoire
La série qui déplaira prodigieusement à votre papa.
"Pourquoi avoir fait appel à une blonde idiote pour nous raconter notre glorieuse histoire?
- Mais papa, elle a été écrite par des hommes."
De fait, aussi loin que l'on poussât le bouchon, nombreux restent imperméables à la dérision. L'humanité est arrivée à un point où l'individu est le plus démuni de toutes les espèces : il est absolument incapable de survivre par ses seuls moyens, ou de réparer le moindre appareil ménager. Mieux encore, il dispose de moyens de destruction inédits, à la libre disposition de sa créativité individuelle. Encore que, non, pas vraiment - conformisme aidant, aux exploits accomplis par l'intelligence collective, répond un certain degré de connerie de masse.
J'ai connu une époque où les ordinateurs n'étaient jamais éteints dans les bureaux : une croyance collective sous-entendait une menace floue sur la disparition des données, ou je ne sais quoi - mais pour accéder à un certain niveau d'incohérence, les écrans non plus n'étaient pas éteints. On pouvait se promener la nuit et voir par les fenêtres les locaux éclairés par les grosses boîtes cathodiques (pas les 30 watts/heure de votre actuel ordinateur portable, pour sûr).
L'histoire est faite par une bande de connards incapables de rester au lit, de faire le ménage (une activité qui consiste à manipuler des produits toxiques et à les répandre dans son environnement clos immédiat - somme toute, qu'ils s'en privent) ou de biner les patates, plutôt que de sortir emmerder tout le monde - heu, le Monde. Il y a aussi eu quelques connasses. En la matière le Royaume Breton de Grande Union a offert de rares, mais éminentes représentantes.
Je n'ai pas l'habitude d'écouter les paroles des chansons. J'ai l'impression qu'il est difficile d'apprécier en même temps les paroles et la musique. Il suffit de constater l'impérissable prédilection des Français pour les paroles.
Pourtant, une semaine après avoir subi, épisode après épisode, le générique répétant inlassablement "Because of you... These things I do", après avoir commencé à les chanter involontairement, et pris conscience des ridicules minauderies du crooner des Dexy's Midnight Runners, j'ai commencé à méditer ces paroles. Je précise qu'il ne s'agit pas du générique de "Cunk on..." mais celui d'une série de la fin des années 80 - BRUSH STROKES ("caresses de pinceau" - tout un programme) fourgué, comme un private joke insensé, à chaque épisode de "Cunk...".
(j'aurais bien vu l'Alex d'Orange mécanique fredonner ces doux mots)
Le personnage principal de BRUSH STROKES était une peintre en bâtiment, décorateur intérieur et dragueur impénitent. "Toutes les femmes de plus de trente ans du Grand Royaume voulaient se le taper", dit une critique IMDB. Une autre précise qu'on pourrait croire, avec le recul, qu'il s'agissait d'un feuilleton sexiste, cependant durant les premiers épisodes, le dragueur couchait avec une handicapée (sans préciser si elle était noire) ; ce qui bien au contraire, en faisait une série politiquement correcte (sans préciser s'il appréciait cela - le critique, je veux dire).
Mais revenons à notre blonde idiote. Elle s'informe sur la glorieuse histoire du royaume, principalement auprès d'hommes. Malgré ses questions idiotes ou absurdes, ils restent pour la plupart d'un imperturbable sérieux (grands seigneurs et compréhensifs, pourrions-nous dire - ils savent prendre sur eux-mêmes). Si bien, apparemment, qu'elle retourne régulièrement s'entretenir avec un historien militaire aux sourcils froncés (on se demande s'il va réussir à les froncer encore plus). Elle réussit quand même à dérider deux mecs. Mais les seuls interlocuteurs à sourire promptement à ses remarques délirantes sont des femmes.
C'est peut-être pour ça que "toutes les femmes de plus de trente ans voulaient coucher" avec le dragueur en série. La tolérance se mue en accoutumance, puis en dépendance.
Comme pour le travail, la pâtée pour chat, ou la chanson française. On devient accro à la connerie.
Et en la matière ce faux documentaire est un mets de gourmet.
Ah, pour mêler la classe britannique teintée d'un soupçon de piquant cockney, à la volupté latine, le tombeur de ces Anglaises s'appelait JACKO.
"Jacko, a self-professed ladies man, who as a builder and decorator worked in many a housewife's kitchen" - ça ou plombier, l'agument initial de plus d'une fiction populaire des années 70-80...
le générique incriminé :
https://www.youtube.com/watch?v=pX7UNOvjoS0