J'aurais pu appeler cette critique "Cursed", sinon, en hommage aux scénaristes, aux monteurs, aux costumiers, aux producteurs, et enfin aux acteurs de cette désastreuse tentative de série fantasy pour meufs.
Imaginez : la jolie Katherine Langford est devenue super bankable après son rôle émouvant d'ado troublée dans "13 reasons why". Du coup Netflix a la bonne idée de la caster en lead dans sa nouvelle série basée sur la Dame du Lac, là aussi une bonne idée d'ailleurs puisqu'il s'agit d'un genre de préquel aux aventures de la Table Ronde, Excalibur, etc, etc...
Une héroïne badass, dans un scénario badass, et une ambiance voulue de "game of thrones" au féminin, sur le papier, ça avait l'air stylé. Dans la réalisation ça l'est beaucoup moins, dès le premier épisode.
Nimué (dont on a déjà du mal à encaisser le prénom !? pourquoi pas "Viviane" ?), dont les mimiques rappellent trop malheureusement l'ado en mal de vivre, peine à trouver une once de crédibilité tandis qu'elle agite son énooorme épée pour combattre des loups, défendre son honneur et venger son village... ah, et, passer son statut de relation à "c'est compliqué".
Tous les personnages sont présentés de façon à ce que l'on devine immédiatement leur destinée : ceux qui vont mourir dans une seconde, ceux que l'on risque de revoir dans quelques épisodes, et ceux qui vont nous faire une grande révélation d'ici la fin de la saison.
Le tout est saisi de dialogues médiocrement écrits et médiocrement interprétés.
Toute immersion dans l'univers médiéval est impossible tant les costumes ont l'air de venir du rayon cosplay de chez Babou, et l'immersion même dans la narration est interrompue inlassablement par des ellipses poétiques en animation (c'est joli... mais ça casse le rythme des scènes qui sont déjà, ma foi, assez bancales).
Mais comme on ne s'arrête pas là ! On essaye de reproduire les codes qui avait pris chez HBO, on ajoute :
- des scènes de combat "épiques" (très chorégraphiées)
- des scènes super violentes (on a déjà pas corsé les combats... et ça marchait dans GoT)
- des scènes de sexe.
Et là c'est la cata. On oublie GoT et on passe dans le roman Arlequin. L'alchimie inexistante entre Nimué et son love interest (le premier Roi Arthur black en 1400 ans), va nous tenir en haleine durant cette saison, trois bisous, un dépucelage et des adieux déchirants (c'est lui qui pleure le plus, il n'arrête pas, avec son oncle, avec sa soeur, avec sa meuf...).
Le plus frustrant, c'est que cette série, cette histoire, cette héroïne, auraient pu prendre des directions et des narrations passionnantes et réussirent leur pari.
Une réécriture, ou l'invention d'une préquel cohérente sur la base des intrigues arthuriennes, qui ont déjà connu un millier d'adaptation, aurait pu être brillamment tournée vers l'adolescence des futurs héros, du point de vue de la Dame du Lac.
Au lieu de ça, l'apogée de malaisance de cette première saison se concentre sur la rencontre entre Merlin et Nimué
("Lukejesuistonpère")
et du sauvetage d'un peuple oppressé car ils ont des pouvoirs magiques (mais apparemment pas assez pour se sauver eux-mêmes).