Sorti en 2015, ce triptyque se pose comme une somme ultime et quasi-définitive en matière de requins. La BBC Natural History Unit n'a pas lésiné sur les moyens pour produire cette photographie des connaissances scientifiques actuelles sur les sélaciens, la sous-classe des chondrichthyes qui regroupe les requins et raies. Au cours des trois épisodes - narrés avec sobriété par l'acteur britannique Paul McGann - on découvre ainsi les remarquables comportements de prédation, de reproduction et d'interaction sociale de certaines espèces emblématiques telles que le grand requin blanc, le requin-tigre, le requin-baleine ou la raie manta, et d'autres moins connues comme le requin du Groenland, la raie mobula ou le requin-lutin. Certains de ces comportements sont connus depuis longtemps, d'autres sont tout juste découverts par les spécialistes, ce qui fait toute la saveur de cette série.
Shark a aussi l'immense mérite de démonter la réputation de monstres terrifiants et assoiffés de sang que trimbalent ces poissons dans l'imaginaire humain, et nous les présente au contraire comme des animaux intelligents, capables d'apprendre, de nouer des relations sociales complexes, de communiquer, et de s'adapter à un environnement changeant.
Autre point fort du documentaire : l'attention qu'il ne manque pas de susciter sur les dangers auxquels les squales sont aujourd'hui confrontés. Malgré une histoire naturelle remontant à environ 400 millions d'années, la plupart des quelque 500 espèces de requins et de raies sont menacées d'extinction, principalement en raison de la pêche commerciale intensive et de la destruction de leur habitat par l'homme. Chaque année, on estime à 100 millions le nombre de spécimens tués, car "ce prédateur suprême n'a tout simplement pas eu le temps de s'adapter au fait qu'il est devenu une proie". Avec ses images magnifiques et parfois extrêmement spectaculaires, Shark est donc une série aussi esthétique qu'instructive, et absolument passionnante.