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Grande série que celle-ci. Librement adaptée d'un livre-enquête de Fabrice Arfi, l'adaptation me semble une vraie réussite.


D'un côté, 3 escrocs, 2 juifs tunisiens et un ashkénaze, aux personnalités archétypiques certes très marquées, mais fascinantes. Il y a celui qui veut assurer son avenir et celui de sa famille, celui qui veut cramer son fric dans les putes, les casinos et l'esbrouffe en général, et celui qui veut sentir la flamme de la vie en frôlant la mort, sociale, familiale ou physique, peu importe. Et puis, il y a aussi le flic, l'incorruptible, celui qui ne lâche pas, malgré les obstacles de la loi, malgré les juges rigides (peut-être à raison quand même), malgré un gouvernement français qui ne veut pas admettre l'immense fiasco de sa loi. Lui aussi est juif. Moi qui ait une certaine fascination pour cette diaspora (qui est peut-être désormais une partie de mon histoire), je suis servi. D'autant que, malgré, les personnages détestables, jamais on ne peut soupçonner la série d'antisémitisme.


Les acteurs sont également formidables. Je retiens quand même Lindon, qui, même s'il fait du Lindon, tient à merveille ce rôle de flic obsédé par cette affaire, glacial, mutique, résolu. Et puis, Ramzy Bédia, fantastique. Je sais ce que vous allez me répondre : mais il cabotine, il exagère son personnage, il ne fait que du Ramzy. Mais non, je m'insurge. Bédia est ici fantastique : on arrive à la fois à l'adorer, puis à se rendre compte qu'il manipule tout le monde, qu'il vendrait père et mère pour vivre sa vie de bling-bling, et à le détester. C'est peut-être le personnage le plus détestable des trois escrocs.


Et puis, l'ambiance, chers lecteurs : la réalisation, peut-être (ce sera ma concession), un poil chargée, mais qui nous met dans le mood, la musique de Rone, brillante, électro et acoustique à la fois, ces allers-retours entre France et Israël, et puis cette série vécue comme un diptyque, avec le succès des escrocs, qu'on souhaite presque voir réussir, tellement nos gouvernements ont fermé les yeux sur les contournements d'une loi déjà discutable en tant que telle, puis la descente aux enfers, qu'on finit par leur souhaiter, parce que ce ne sont pas des robins des bois, seulement des opportunistes sans scrupule.


Série magistralement menée, qui continuera de nous inquiéter sur toutes les merdes que font nos politiques et de nous rassurer parce que malgré tout, le concept des "hommes de bonne volonté" tient encore.

John-Peltier
8
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le 22 avr. 2024

Critique lue 25 fois

John Peltier

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