It doesn't have to suck quite as much

Pour toujours une de mes séries préférées, Daria m'a été cruciale pour survivre mes années lycée. Une série dont le(s) personnage(s) principale(s) sont des outsiders qui ne cherchent pas à compromettre leurs valeurs pour s'intégrer mais au contraire sont sans excuse elles mêmes, ça fait énormément de bien pour un ado qui se retrouve dans ces expériences.

Bien qu'effectivement dans le jus du cynisme des années 90 et témoin de son époque (dans ses thématiques mais aussi dans certaines de ses leçons de morale je pense à la representation catastrophique de la bisexualité dans les dernières saisons), je trouve que la série a tout de même bien vieilli et est à mes yeux (et beaucoup d'autres) intemporelle, et une des raisons pour cela est qu'elle représente avec brio tant de personnages aussi complexes psychologiquement les uns que les autres. Je pense à Quinn, par exemple, qui performe sa propre superficialité par peur de ne se trouver aucune autre qualité, et qui au fur et à mesure prend confiance en son intelligence et devient de plus en plus proche de sa soeur, ou encore Britanny qui, d'apparence de Cheerleader blonde hébétée a plusieurs moments de lucidité plutôt philosophiques. J'adore particulièrement le personnage de Jodie, jeune fille afro-américaine qui peste le lycée tout autant que Daria et Jane mais qui doit se forcer à sociabiliser avec tout le monde pour suivre le modèle de la parfaite petite fille noire imposée par ses parents. Toute la thématique autour de la représentation et du racisme, particulièrement l'épisode "Gifted", a été extrêmement bien introduite.

Une des qualités majeures de Daria est que Daria est une sorte d'anti-héro, l'univers existe selon son point de vue imparfait mais les autres personnages ne manquent pas de la critiquer et de la reprendre sur son propre cynisme quand il dépasse les bornes et devient méchant. Je trouve formidable d'être témoin de l'évolution de Daria (et de tous les autres personnages), qui s'adoucie et réalise qu'au fond, we're all just human or whatever (Britanny). C'est au fond le récit d'une adolescente qui utilise des mécanismes de défense pour gérer ses blessures passées et survivre dans un environnement qui l'insupporte.

Avec un visuel bien reconnaissable, Daria est une excellente série qui tourne en dérision le lycée mais aussi la vie d'adulte et son sérieux performatif, parce qu'au fond, on est tous ridicule et la vie peut être assez nulle, mais avec les bonnes personnes et de la pizza, c'est un peu moins nul.