Jeff Schaffer a bossé avec Jerry Seinfeld et Larry David, pas étonnant que cette série aborde le quotidien et la bêtise humaine avec autant de malice. Ici, j'ai même envie d'aller plus loin, "Dave", c'est un peu comme si on projetait Woody Allen dans le monde du rap, on se retrouve donc avec un mec pas du tout à l'aise dans son corps mais qui veut percer dans un milieu très viril, très bling bling.
Saison 1 : 8/10
Saison 2 : 7/10
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Saison 1 : 8/10
Globalement ça se tient bien, sans doute parce que l'histoire générale reste assez floue et que les digressions sont possiblement infinies. Le but étant de jouer avec ces personnages tout en conservant ce milieu musical. Il n'y a qu'un épisode qui m'a franchement déçu, c'est celui où les deux potes vont sortir ensemble : une histoire d'amour n'était vraiment pas nécessaire (d'ailleurs ils ont abandonné la romance dans les épisodes suivant) ; par contre l'épisode de la rupture est intéressante car elle renforce le personnage principal, quitte à ce qu'il perde de son charisme au passage. La série comprend quelques passages dramatiques, hélas pour cela l'auteur est moins doué, l'émotion ne prend pratiquement jamais.
J'ai trouvé la saison trop courte : pour moi il manque des épisodes, la popularité et l'ascension des échelons se fait finalement trop facilement. J'ai hâte de voir ce qu'il sortira de ce premier album dans la seconde saison, je me demande comment ils vont exploiter ça. Je me demande aussi si l'auteur en viendra à pondre une saison méta où il parlerait de sa série, ce pourrait être intéressant, mais sans doute compliqué à écrire.
La mise en scène est sobre et élégante. Les gags sont bien mis en valeur par le découpage et le montage. Les décors sont bien choisis. Les acteurs sont tous excellents, pourtant deux vedettes débutent dans cette profession. La BO passe assez bien, les auteurs ont l'intelligence de ne pas nous noyer uniquement dans du rap. Quant aux séquences de rap en soi, elles sont bien amenées et assez drôles.
Bref, très chouette série.
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Saison 2 : 7/10
Moins charmé par cette saison.
Cela reste très drôle, Dave Burds n'a pas son pareil pour décrire des situations drôles, un peu bizarres, mais ici, il se perd dans son mythe de la page blanche : tandis que son personnage principal stagne, l'auteur décide d'approfondir et d'exploiter tous les personnages secondaires qui auront donc chacun droit à un épisode lui permettant de briller, avec en prime une répétition des thèmes principaux. Et quand il n'y avait rien de vraiment défini à la base, on invente un passé à un personnage pour révéler qu'en fait elle a toujours rêvé de devenir réalisatrice. Et Dave va alors exécuter pour ces personnages secondaires en un épisode ce que l'on attend pour Dave depuis une saison (deux à la fin de cette saison-ci) : la réussite. Car chacun va finalement trouver son compte passé une petite crise existentielle. En soi, ce n'est pas vilain, mais sur la longueur c'est très répétitif et en plus tout paraît trop facile, à croire que pour percer finalement il n'y a pas grand chose à faire, suffit d'être dans le circuit et hop tout se déroulera bien. D'autres conflits secondaires se voient résolus un peu trop facilement aussi (comme la façon dont les personnages font la paix après un crise qui semble insurmontable - et parfois inexplicable).
C'est donc assez décevant, surtout que les personnages perdent tous de leur superbe, leur simplicité faisait leur charme, maintenant on se rend compte qu'ils sont tous plein de traumas, de désirs inassouvis, de désillusions mais au final, l'amitié vaincra. Heureusement qu'en fond de toile, le personnage de Dave évolue un peu, continue ses bourdes, même si là aussi ça devient lassant (dès qu'il est confronté à des rappeurs afro-américains, il ne peut s'empêcher de parler de racisme). L'on regrettera aussi, de par ce choix de traiter les personnages secondaires importants, un délaissement de personnages secondaires moins importants mais qui apportaient un peu de couleurs.
La mise en scène est toujours maitrisée, avec une belle photographie, un découpage bien pensé et posé, un montage bien rythmé et une bande son assez agréable (dans cette seconde saison, l'auteur laisse plus de place à sa musique). Les acteurs sont toujours aussi bons. Les décors bine choisis. les guest stars font bien le boulot, étonnant qu'ils acceptent tous de jouer ces parodies d'eux-mêmes.
Il y a aussi cet épisode surréaliste où le héros se retrouve dans sa propre tête. Un épisode audacieux mais pas complètement abouti ; si la conclusion de cette session diffère de ce que l'on voit habituellement et fait plaisir, tout le processus est quant à lui un peu facile, un peu ringard même par moment. Certes il y a de bonnes idées dans tout ça, mais c'est mal ficelé.
Bref, cette seconde saison m'a grandement déçu et sur les deux derniers épisodes j'avoue n'avoir pas beaucoup rigolé. Pour le reste, malgré un concept narratif pas au top, l'on trouve des scènes et des gags assez efficaces pour faire oublier les regrets.