Je pense que les gens qui mettent des critiques assassines (et justifiées) à la série ont grandi et oublié et que quelque part, Dawson appartient à un Neverland adolescent.
Oui, les dialogues sont exagérément introspectifs et tournent en rond. Oui, la musique crypto-néo-folk US est immonde. Oui, c'est prude et niais (plus en VF qu'en VO, du reste). Oui, c'est Kevin Williamson qui donne des envies de suicide à mon cerveau. Oui, Dawson a une vraie VRAIE tête de vainqueur. Et surtout, OUI, ça s'essouffle carrément après le lycée (comme toutes les séries du même genre, du reste).
Mais pour moi, Joey avait 15 ans quand j'en avais 15, j'étais en phase (quand Brenda avait 15 ans, j'en avais 10, c'est déjà plus pareil), elle me faisait chialer chaque dimanche soir, et c'est à cette époque que je rêvais qu'un mec m'offre un mur pour m'exprimer artistiquement, je rêvais d'un meilleur ami pédé qui serait Jack, et tant d'autres trucs. BREF, ça avait un côté niais, mais aussi cathartique. Ce drama était complètement étranger à ma vie, mais leur pruderie faisait écho à mes angoisses d'ado trop timide, en même temps que ça me changeait les idées, je voulais ses looks, à Joey, et ceux de Jen' aussi (rétrospectivement, c'est hard). Ces gamins, ils dégageaient quelque chose de rassurant pour la gamine que j'étais.
Nom de Dieu, c'était niais, mais quand on était pile dans la bonne tranche d'âge, on pouvait se laisser porter (cheese is cool). Ça mérite peut-être pas plus que 5, mais pour, chaque dimanche soir, cette heure d'abandon et d'oubli de cette semaine stressante de cours et de sociabilités flippantes qui s'annonçait, je passe sans honte à 7. Voilà. Ça fait qu'aujourd'hui, quand je vois Michelle Williams nommée aux Oscars, ou Joshua Jackson avoir scoré Diane Kruger, je ressens une petite fierté indescriptible. C'est générationnel, je l'explique pas.