28 minutes (ou presque) plus tard
Alors que la Grande Bretagne s'apprête à suivre un nouveau prime-time du show "Big Brother" une éruption de zombies vient gâcher la fête et emporte tout sur son passage. Tout ? Pas tout à fait puisque quelques survivants subsistent. Une poignée de destins qui vont se nouer autour de la maison-studio de l'émission de télé-réalité.
Contrairement à ce que laisse croire les 10 premières minutes, où l'on voit la télé-réalité dans ce qu'elle a de plus pathétique et absurde (au naturel donc), Dead Set n'est pas là pour rigoler, mais alors pas du tout. Très vite le show prend une tournure dramatique et n'a de cesse d'aller à chaque fois un peu plus loin dans l'horreur et le désespoir.
Dead Set c'est seulement 5 épisodes, courts qui plus est (45 minutes pour le pilote et 25 pour les autres), mais la série tire toute sa force de ce format ramassé en adoptant une nervosité de tous les instants.
Du cadre (caméra à l'épaule, longue focale à la mise au point fluctuante), au montage cut en passant par le scénario (un rebondissement en chasse un autre), tout est fait pour créer l'urgence, la peur, le malaise.
La violence est partout, tout le temps et va crescendo. Le Show profite de l'aspect voyeuriste de la télé-réalité pour n'épargner aucuns détails gore : les têtes sont fracassées plein cadre, les tripes sont arrachées en gros plan, les survivants sont traités sans compassion. Une outrance graphique jusqu'au boutiste qui interpelle, qui choque.
Le plus surprenant là dedans est que Channel 4 (la chaine ayant commandé et diffusé Dead Set) est aussi la chaine diffusant Big Brother, le vrai show de télé-réalité. Un programme phare et populaire mais pourtant la chaine laisse une liberté étonnante à la série et cette dernière ne s'en prive pas. Ainsi Davina McCall, présentatrice vedette de Big Brother, joue son propre rôle et se voit réserver un sort particulièrement gratiné, le parallèle entre les zombies décérébrés et les spectateur du reality-show est abordé, la mythologie du programme est démontée (envers du décor, événements scénarisés, candidats qui jouent un rôle) et le pire personnage de la série est le producteur de Big Brother (joué tout de même par un comédien) décrit comme un immense connard odieux, égoïste, opportuniste et amorale.
Une virulence qui surprend mais qui apporte une certaine substance à ce gigantesque bain de sang qui ne se fixe aucune limite (ou si peu).
Cependant l'humour n'est pas complètement absent mais il est forcément très anglais car très acerbe. On pensera notamment au dialogues de Pippa quasi exclusivement à base de "I Like it" et de "I don't like it" ou au regard particulièrement déshumanisé de Patrick, le producteur, sur la situation.
Dead Set est donc une mini-série tout ce qu'il y a de plus recommandable : folle, désespérée, intense et sans concessions. Le cinéma anglais avait déjà chamboulé le film de Zombie avec "28 jours plus tard" (auquel la série emprunte beaucoup de chose, à commencer par les zombies sous emphét') et c'est désormais la télévision anglaise qui apporte la pièce la plus intéressante sur le sujet de ces dernières années.