Il y a de bien nombreuses (et très belles) critiques déjà postées sur Sens Critique au sujet de Derek de Ricky Gervais, aussi écrirai-je peu mais, je vais tâcher, en insistant sur ce qui rend cette série vraiment extra-ordinaire.
Le "pitch" est improbable, la forme (documenteur/mockumentary) ultra casse-gueule (sauf pour Ricky Gervais et son casting incroyable) et pourtant, il y a quelques choses qui tient d'une magie radicale et paradoxale des désenchantés/réenchanteurs dans cette série. C'est une chose que je pourrais dire de The Office, de The Extras, de Life's too Short ou encore de ce dernier bijou qu'est After Life mais je crois bien qu'il y a cette fois une forme d'acmé chez Derek. D'une part car Ricky Gervais y joue magistralement un être d'une vulnérabilité et d'une force inouïe, antithèse très brillante de ses habituels personnages (qui sont par ailleurs extrêmement touchants mais autrement), sa composition d'acteur est fondée sur un sentiment de tendresse indiscutable pour les sujets marqués par la pathologie psychique, un respect très fin de leur mode de fonctionnement et de leur manière appréhender l'angoisse (et la joie, l'exaltation, la frustration), etc. Certains moments passés auprès de Derek sont absolument bouleversants, sans galvauder ce terme. Gervais est sans doute l'un des acteurs les plus impressionnant de notre époque.
Cette série a tout du conte, éthique plus que moraliste, c'est un joyau d'écriture que j'encourage à découvrir. J'ajoute que la place de la musique, que ce soit le petit thème composé pour la série, discrète mais décisive, ou les choix musicaux de Gervais qui sont, et cela dans toutes ses œuvres, toujours aussi brillants et émouvants (oui, je pense à "Bones" de Radiohead par exemple).