Des gens bien par Christine Deschamps

Non, l'humour belge n'a pas forcément à voir avec les frites ! Rien de mieux que cette série pince-sans-rire pour s'en persuader. Au démarrage, on se sent un peu perdu dans un premier épisode qui appelle effectivement une relecture à l'aune du deuxième. C'est là qu'on comprend qu'on va bien s'amuser, parce que rien de ce qu'on croit d'emblée ne sera forcément vrai jusqu'au bout. Les personnages principaux ne sont d'ailleurs pas non plus ceux qu'on suit tout du long. Et d'ailleurs, ils se font parfois voler la vedette par des seconds voire troisièmes rôles. C'est que toute la distribution est excellente, et peut s'en donner à cœur joie avec l'écriture sobrement déconnante des auteurs. Tout est là, dans l'équilibre entre le grand n'importe quoi et une intrigue policière qui tient la route. Il faut dire que la galerie de portraits n'est pas piquée des hannetons. Une fois le couple vedette rencontré, amoureux et surendetté, on a tout le loisir de découvrir leurs familles de gentils (ou pas tant que ça) timbrés, toujours un peu sur le fil. Des gens plutôt normaux, a première vue, des gens bien, quoi, comme le titre l'annonce. Vous en connaissez vraiment, vous, des gens normaux ? Il semblerait que je ne sois pas la seule à penser qu'en fait, non, parce que tout le monde planque ses petits secrets sous le tapis. Des liaisons coupables, des petits coups en douce, des soupçons irrépressibles, des envies de revanche, des rêves complètement barrés, des phantasmes relous, des aspirations professionnelles irréalistes, et j'en passe. Bref, une fois tout ça sur le tapi, ça fait un sacré embrouillamini à la belge, en prime, dans un bled paumé, anaérobie, avec ses répliques déjà cultes ("Putaiiiiin, Lindaaa!", notamment, qui ne paie pas de mine mais s'avère bien utile dans la vie de tous les jours...). Une vraie jubilation quand les fils s'entortillent joyeusement pour former un écheveau compact. On part de trois fois rien et on arrive progressivement à une apocalypse de la raison qu'on n'a pas vue venir. La grosse marrade, quoi. Je recommande chaudement à tous ceux qui, comme moi, n'ont absolument aucun humour... ;)