Le meilleur des deux mondes

J'ai lu tant de louanges sur cette série depuis qu'elle est sortie qu'il fallait bien que je finisse par la regarder. En plus je suis exactement la cible puisque je ne connaissais DJ Mehdi que de nom et vaguement de réputation.

Il a su faire le pont entre l'explosion du Hip-Hop en France et la French Touch, ce qui est improbable, et en plus il s'est fabriqué un sampleur. Du côté de la réalisation c'est dans la lignée des séries documentaires produites par Netflix ces dernières années avec un montage de paroles d'intervenants face caméra et d'images d'archives, avec beaucoup de rimes et une envie naissante chez le spectateur de reprendre sa télécommande en main pour enchainer immédiatement avec l'épisode suivant. Pour le coup c'est efficace même si ça n'a rien de novateur. Ça m'a fait plaisir de découvrir l'envers du décor, un type de l'ombre qui a eu une grande influence sur une musique qui cartonnait quand j'étais un peu trop petit et qui a connu des périodes difficiles en solo aussi l'air de rien, avant de rebondir et de connaitre hélas une fin tragique en pleine gloire.

Les limites d'une telle formule, c'est finalement de ne pas prendre le temps de faire dans le détail et c'est parfois un peu dommage. Il a été un artiste si prolifique que j'ai eu un peu de mal à comprendre à quoi pouvait ressembler sa discographie tant on cite de projets musicaux différents dans un laps de temps assez court. De plus, on évite pas le pathos et il y a cette sensation bizarre d'avoir un récit sur quelqu'un sans qu'il soit en quelque sorte le personnage principal. Ce que je veux dire par là c'est que Mehdi apparait beaucoup à travers des images d'archives, dont des interviews. Mais on sent le poids de son absence et la plupart des intervenants se mettent pas mal en avant aussi, ou plutôt le documentaire s'intéresse parfois plus à eux qu'à DJ Mehdi. C'est évidemment dans le but qu'on ne soit pas perdu au niveau du contexte car tout le monde ne connait pas Rim 'K ou Kery James j'imagine, mais ça donne une certaine distance avec le sujet parfois. L'autre léger bémol c'est qu'on s'intéresse un peu moins au contexte social dès qu'on passe sur la partie électro de sa carrière.

Comme si le mec vivait déconnecté d'un coup, comme si le succès du groupe 113 avait permis aux banlieues d'accéder à un niveau de vie correct et que le racisme n'existait plus du tout nulle part.

Bon, là je viens d'écrire un petit pavé sur ce qui ne va pas, mais c'est plutôt pour vous laisser la surprise de tout ce qui est plaisant dans cette mini-série, à savoir tout le reste. C'est très agréable à regarder, ça s'enchaine très bien et ça parle d'un artiste aussi fascinant qu'attachant.