Ce n'est pas les documentaires sur la drogue qui manque sur les internets et je me demande même si ce n'est pas le thème le plus récurent de tous. Il suffit de regarder le nombre de vue sous les innombrables occurrences d'Enquête d'Action sur Youtube pour s'en convaincre, ce qui témoigne au pire de notre certaine curiosité morbide ou au mieux de notre fascination pour les Cours des Miracles.
Dope se pose d'emblée comme très peu partial en se targuant de proposer le point de vue des acteurs du commerce, des consommateurs mais aussi des policiers, du moins c'est ainsi que l'on m'a vendu la chose. Alors forcément, je me suis dit qu'un docu qui cherche à donner la parole à chacun des protagonistes d'une situation ne pouvait pas être bancal. Mais après trois saisons de visionnage, j'ai eu quelques doutes sur la valeur proprement documentaire de ce que je venais de voir.
Questions naïves mais essentielles à mes yeux: Qu'est-ce que Dope documente mais surtout comment le documente-t-il ?
J'ouvrirai ma critique sur le fait que chaque épisode est finalement très parcellaire sur ce qu'il décrit. Les points de vue qu'ils décrivent restent très majoritairement axés sur le bon combo facile du gentil policier désemparé qui ne manquera pas pour autant de rouler des mécaniques avec ses technologies de pointe et ses saisies "records" et du méchant dealer sans scrupule qui s'affiche toujours avec des masques bariolés, pointant son 9mm dans le viseur de la caméra dans une mise en scène digne d'un clip désuet. Heureusement que la saison 3 précise que ce ne sont pas des acteurs parce qu'on pourrait légitiment avoir des doutes. De temps en temps, on aura le droit de voir un consommateur au yeux mi-clos prendre sa dose dans un long moment aussi gênant que misérabiliste ou alors un urgentiste au bout du rouleau qui ne sait plus vraiment comment gérer les overdoses à chaque coin de rue. Mais au-delà de ça, pas vraiment plus. Ce ne sont finalement pas aux petites gens anonymes et pourtant nécessaires au traffic à qui l'on donnera la parole en priorité mais à celles qui possèdent la capacité de se donner en spectacle, celles qui tiennent les plus grosses armes à feu et les plus gros moyens en somme.
Dope se trouve dans une ligne éditoriale qui cherche avant tout à dépeindre la guerre dans laquelle ce sont lancés les States sans en décrire les tenants et les aboutissants qui seront relégués à des petits encarts de texte qui disent tout sans en assumer la véritable teneur. Exemple flagrant lorsque l'on a droit à des statistiques factuelles sur les salaires moyens et les taux de chômage sans jamais que la question du pourquoi du comment ne soit explicitée ou même commentée. En 45 minutes, on ne va pas s’embarrasser avec des détails et des hypothèses et encore moins avec des vraies questions. Tout ce que l'on voit c'est des trafiquants capable de tenir un siège de trois siècles contre des policiers à qui on aurait presque envie de donner quelques milliards de budget en plus à la fin de l'année malgré la corruption rampante et pourtant largement tue.
Il y a toujours un sens à ce qu'un documentaire montre et encore plus dans ce qu'il ne cherche pas à montrer.