Dora l'exploratrice, c’est un peu comme si tu étais coincé dans un jeu de piste éternel, où chaque énigme est plus simple que l'addition de 1 + 1, et où, malgré cela, tout le monde s’attend à ce que tu participes activement. Le concept est clair : Dora, une petite fille avec un enthousiasme inébranlable et un sens de l’aventure qui ferait passer Indiana Jones pour un pantouflard, parcourt des contrées exotiques avec son fidèle singe Babouche. Ensemble, ils surmontent des obstacles... à condition que toi, spectateur, tu veuilles bien les aider. Parce que oui, dans Dora l'exploratrice, c'est toi la vraie star, ou du moins, c’est ce qu’on essaie de te faire croire.
Dès le premier épisode, tu sais à quoi t’attendre : Dora se lance dans une quête pour trouver quelque chose de banal – un ballon perdu, une banane ou le chemin vers une montagne. Mais attention, rien n'est simple dans l’univers de Dora, car elle est accompagnée d'une carte parlante et d'un sac à dos aussi bien garni qu’un épisode de Téléshopping. La carte te montre le chemin comme si tu étais né hier, et là, c’est parti pour une aventure où chaque étape est commentée, répétée et questionnée, le tout avec un enthousiasme si intense que tu te demandes si Dora ne boit pas trop de jus d’orange au petit-déjeuner.
Le schéma est répétitif à l’extrême. Dora te pose une question ("Où est le pont ?"), tu dois répondre (oui, à haute voix, sinon elle ne t'entend pas… en tout cas, elle fait semblant), et après ce qui te semble être une éternité de pauses dramatiques, Dora finit par valider ce que tu savais déjà. Pas de grand suspense ici : elle te regarde à travers l’écran avec ses grands yeux pleins d’espoir, et toi, tu finis par céder et répondre, même si tu as largement dépassé l’âge où pointer du doigt un arbre te semble être un défi.
Le fameux antagoniste de la série, Chipeur le renard, essaie de piquer tout ce qui bouge. Mais au lieu d'un face-à-face épique entre l'exploratrice et le renard, tu n'as qu'à lui dire "Chipeur, arrête de chiper !" trois fois. Et voilà, problème résolu ! Pas besoin de stratégie, pas besoin de plan machiavélique : Dora et ses amis triomphent toujours avec des formules magiques dignes des manuels de psychologie pour enfants.
Quant aux personnages secondaires, ils sont là principalement pour remplir le quota de mignonnerie et aider Dora à naviguer dans son monde simpliste. Babouche, son singe aux bottes rouges, est peut-être le personnage le plus attachant, mais il n’apporte rien de plus que des rires faciles et des encouragements enthousiastes. Et ne parlons pas du sac à dos… Oui, il parle. Oui, il a tout ce dont Dora a besoin à chaque épisode. Mais à ce stade, tu te demandes pourquoi ils ne prennent pas un Uber pour aller directement au but.
Visuellement, Dora l'exploratrice n’a rien d’exceptionnel. Le style d’animation est simpliste, les décors sont colorés, mais tout est très plat et géométrique. Le monde de Dora est comme un tableau de maternelle en 2D, ce qui est sans doute voulu pour un jeune public, mais cela ne fait qu’ajouter à l’impression que tu es coincé dans un programme éducatif forcé.
Et bien sûr, la série a un aspect "interactif" qui peut devenir rapidement irritant pour les spectateurs plus âgés. Dora parle directement à la caméra et attend que tu réponds, tout en te lançant des regards insistant, comme si elle se demandait pourquoi tu n’as pas encore dit "la rivière est là !" (alors que c’est juste devant elle). Le rythme est volontairement lent pour laisser le temps aux tout-petits de répondre, mais pour un adulte, cela ressemble à une torture douce où chaque seconde semble durer une minute de trop.
En résumé, Dora l'exploratrice est une série qui se veut éducative, interactive et amusante pour les tout-petits. Mais pour quiconque a déjà survécu à l’école primaire, la répétitivité, la simplicité des intrigues et l'interaction forcée deviennent vite agaçantes. Si tu as un jeune enfant à qui montrer la série, ça peut marcher. Mais si tu cherches une vraie aventure pleine de surprises et de mystères… eh bien, tu ne la trouveras certainement pas avec Dora et son GPS vivant.