À la fois remake de l’anime de 1969 et réadaptation du manga de Tezuka, Dororo conte le destin tragique de cet enfant abandonné à un pacte démoniaque fait par son père pour la prospérité de son royaume. Née simplement sous forme de crâne, avec une conscience, cette informité a été jetée et laissée pour morte, avant qu’une âme charitable la recueille et lui offre un corps rafistolé de prothèses et lames, ainsi qu’un nom - Hyakkimaru. Il grandit alors en affrontant les forces maléfiques, dont chaque victoire lui permet de retrouver un de ses sens, membres ou organes. C’est surtout à travers les yeux de son jeune compagnon de route - Dororo - que l’on jauge de l’humanisation croissante du protagoniste et de l’impact émotionnel de son aventure, de façon tangible. Au vu de sa genèse glauque, et du recours justifié à la violence et la sauvagerie (mutilations, sévices, viols,…), c’est un point de vue nécessaire pour appréhender le parcours et l’évolution de Hyakkimaru, autrement qu’à travers le prisme de la vengeance.
À la réalisation : un MAPPA timide par rapport à ses saillies graphiques habituelles et davantage contenu dans une atmosphère visuelle oldschool qui dégage un certain onirisme. Le trait est moderne, propre, et les nuances de couleur matures, avec tous ces effets d’ombre, ainsi qu’un rappel des estampes japonaises par endroit, notamment pour les paysages peints en arrière-plan. Le scénario suit principalement le format épisodique hebdomadaire et se montre plutôt répétitif, du fait des rencontres qui font écho aux passés des deux héros et se déroulent selon un même schéma : créature cachée dans la population, duperie des protagonistes, récit tragique dévoilé. Du coup, l’anime s'éternise quelque peu sur cette redondance, d’autant plus que les affrontements ne sont jamais bien palpitants. Il reste toutefois cette histoire de recherche existentielle et d’amitié, ainsi que de très beaux moments sur la volonté d’exister, d’appartenir et de décider de son propre destin.