Excellente surprise que cette série. Mieux encore que Baccano, à mon sens. J'ai franchement adhéré à 200%.
Dans le quartier de Ikebukuro, les destins se croisent et s'entrecroisent. Fraichement arrivé à Tokyo pour y suivre les cours avec un ami d'enfance, Ryugamine Mikado rencontrera les étranges habitants de la ville. Qui est la mystérieuse coursière aux pouvoirs surnaturels qui sillonne les rues sur son bolide ? Comment et pourquoi ce serveur pique-t-il des crises de colère plus dévastatrices qu'une tornade ? Quel est le but poursuivi par Izaya, l'informateur qui mange à tous les râteliers et montre un mépris étourdissant pour l'humain tout en clamant l'adorer ? Qui est l'éventreur ? Et surtout, qui sont les Dollars, ce gang opaque mais transparent qui absorbe littéralement tout le quartier peu à peu ?
... Toutes ces questions et bien d'autres. Mais... Durarara n'est pas une série axée sur le mystère, pas plus que sur le fantastique ou la science-fiction par exemple (même si ces genres font de régulières incursions dans le scénario). Ce n'est pas non plus une "tranche de vie", "genre" qui me fout la nausée à tous les coups. Je pense que l'on peut comparer Durarara à un tableau rempli de personnages, mais qui forme un tout cohérent. L'on entend souvent dire à propos de tel ou tel récit qu'il donne vie à un lieu, ou à un groupe de personnes, qui constitue du coup un véritable personnage dans l'intrigue. C'est particulièrement vrai pour Durarara. Grâce à sa narration, en particulier, et surtout dans la première saison (l'intrigue de la seconde est très classique, avec des gentils manipulés et un grand méchant qui veut instaurer le chaos. Bof quoi). Là où Baccano constitue une véritable cacophonie improbable (en adéquation avec son titre d'ailleurs, qui faut-il le rappeler signifie boucan en italien), Durarara tente l'approche inverse, visant l'harmonie de plusieurs voix. Au fond c'est ça Durarara (malgré son titre, une onomatopée bruyante), une oeuvre essentiellement esthétique. Dans beaucoup d'histoires à plusieurs voix, les destins individuels et leur résolution correspondent à la résolution de l'ensemble de l'intrigue, créant une convergence vers le final. Point de cela dans cet anime. Les histoires se résoudront, ou non, ce qui importe c'est les motifs qui en ressortent et qui se marient entre eux pour un temps, et l'ensemble qui en découle.
C'est là le génie de toute la série (je ne sais pas ce qu'il en est en manga ou en roman). Les personnages ne travaillent pas de concert, ne s'allient pas de manière définitive, ne finissent pas par former un groupe homogène. Chacun vit sa vie dans son coin, à sa façon, et il se trouve de temps à autres qu'ils se croisent. De toute façon tout le monde finit par se croiser à Ikebukuro. Il y a pas de master plan, pas de prédestination, juste la délicieuse harmonie qui émane naturellement du chaos. Le vrai monde de la réalité véritable quoi.
Bon, maintenant que j'ai craché mon lyrisme à trois sous, embrayons sur l'aspect technique. Le chara-design est sublime. Rien à jeter à ce niveau, c'est du lourd. J'ai pu lire que certains trouvaient l'animation pauvre, je n'ai pas ressenti cela personnellement, du reste je ne pense pas qu'il eût fallu qu'elle soit plus fluide, ça n'aurait pas convenu au propos, tout est très bien comme ça. Mais surtout, la bande-son est nickel. Tous les thèmes sont plaisants, même après 24 épisodes. Les openings sont d'ailleurs plus qu'honnêtes (surtout le premier), même si j'ai préféré celui de Baccano.
C'est difficile de le cacher à présent, je crois que jusqu'à présent Durarara est mon coup de coeur absolu en animation japonaise, avant Psycho-Pass, avant Baccano, avant Gurren Lagann, Death Note, Elfen Lied, j'en passe et des meilleures (à égalité avec, dans un tout autre genre, JoJo's Bizarre Adventures saison 1). Grosse réussite à laquelle j'aurais mis 10 s'il n'y avait pas eu la lenteur exaspérante et la banalité de la seconde saison.