Mais où est mon T-shirt ‘j’ai survécu à Lupin III partie 2’ ?
Trois années de diffusion (1977-1980), 155 épisodes ; le deuxième grand volet de cette série se dresse comme un mastodonte peu approchable et personnellement peu affriolant n'aimant que rarement le format purement épisodique.
Après huit mois de visionnage, j’en ressors quelque peu exténué mais surtout confus quant au discours à adopter.
La première itération TV de Lupin avait été marquée par une passation de pouvoir entre le réalisateur Masaaki Oosumi et Takahata/Miyazaki, sous la supervision de Yasuo Otsuka, ce qui a provoqué un changement de style majeur entre sa première et deuxième moitié. La nature bigarrée qui en a résulté se confirme d’autant plus ici que cet anime ne possède ni studio ni réalisateur fixe. Cela donne une vraie série épisodique à la qualité très variable, si ce n’est pour ceux directement gérés par TMS (épisode 143 par ex.) généralement de meilleure facture, ainsi que ceux réalisés par Miyazaki, nettement plus mémorables (145, 154-155).
Six années après la diffusion de la première partie, et des rediffusions très probantes qui ont propulsés sa notoriété, Lupin III partie 2 reste fidèle à sa formule de base. Pour chaque histoire, la bande de Lupin se trouve confronté à l’un l’autre antagoniste, et va devoir par des manières très diverses sortir vainqueur de leurs péripéties.
Pour se renouveler sur la longue durée, ce nouveau Lupin III va s'élancer vers tous les horizons. Le début de la série a la caractéristique de rassembler un peu à du Carmen Sandiego, dans le sens où chaque épisode prend soin de choisir un pays différent, d’exposer une de ses particularités, et de l’incorporer à l’intrigue. Entre les tombeaux maudits de l’Egypte et la séparation entre les deux Allemagne d’après-guerre, Lupin vibrionne ainsi dans un tour du monde, dynamisé par l’une ou l’autre bizarrerie ou stéréotypes (bonjour les Français en mode honhon baguette), voire personnalités parodiées (Poirot, Colombo, Superman, et j’en passe).
Malgré des sujets, des tons et des styles toujours variés, la série peine à captiver sur le long terme et je serais bien incapable de résumer la plupart de ses chapitres. Les épisodes marchent encore le mieux lorsqu'ils proposent un twist sur la formule, déjà esseulée, de Lupin : quand le gentleman cambrioleur doit pour une fois chasser son rival Zenigata par exemple. Bien sûr, ceux à la réalisation plus inspirées ne manquent pas de donner une meilleure impression. Les petites histoires qui se penchent sur équipiers de Lupin sont également les bienvenues : Goemon devient dans cette itération un membre plus récurrent et mieux défini, tout comme Jigen qui se montre être un vieux garçon bougonneux mais fort romantique. En revanche, Fujiko a été pour moi une petite déception puisqu’elle se cantonne trop souvent à son rôle de traîtresse ambigüe et éhontée.
Entre les riches qui mettent au défi le protagoniste, les tueurs à gage qui veulent dégommer un des membres de la troupe, ou les rivaux qui souhaitent surclasser le maître cambrioleur, on finit par vite faire le tour du propriétaire. Pire encore sont les épisodes délibérement très débiles qui cherchent à distraire, trop souvent en vain (même si celui sur le kabuki m'a beaucoup amusé je dois dire). Malgré ses efforts, une série comme Lupin provoquera de manière presque inévitable des coups de mous auprès du spectateur même en le consommant avec beaucoup de modération. J’ai tout de même eu l’impression d’un mieux en terme de qualité après la première centaine d’épisodes ; la série semble alors avoir une vitesse de croisière plus confortable et les intrigues font davantage mouche.
Même à son plus bas, difficile de nier les charmes de la franchise, qui se renforcent dans cette deuxième partie. Impossible d'ignorer l'arrivée de Yuji Ohno qui apporte une bande-son mémorable, indémodable, aux aventures rocambolesques de Lupin. Les dynamiques du groupe continuent d'être le point fort de la série, tout comme les tours de passe-passe toujours inventifs qu'il conjure, ainsi que la candeur ambiante et l'énergie qui se dégagent sans coup férir.
Bref même si je qualifierai Lupin III partie 2 comme 'passable', il n'en demeure pas moins fun. Ce fun, il en a fourni hebdomadairement pendant trois années consécutives, un petit exploit que je ne peux qu'admirer et qui a surtout marqué le Japon, mais aussi la scène internationale (en Italie notamment). La tunique rouge que porte le héros dans ce second volet est devenu sa couleur emblématique, et son célèbre opening sera reutilisé dans toutes les séries suivantes.
La partie 2 de Lupin III a marqué une époque et a été pour moi un monstre sacré. Il m’a fallu un vrai combat pour en venir à bout, un combat qui m’a laissé hagard au point que je suis incapable d’en donner un assentiment propre. Je me contenterai donc de vanter mon propre exploit, et laisserai aux vrais fans de la franchise la charge de donner un exposé plus complet, plus correct peut-être, sur ce qui est considéré par beaucoup comme une œuvre mythique.